Chapitre 17

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Le Premier Jour 


C'est un peu embarrassant de parler de notre premier jour en tant que mariés sous le même toit, mais il faut bien y passer. 

Ce que je pouvais être peu bavarde à cette époque.

Une époque qui me parait si loin comme si cela faisait dix ans alors qu'en réalité ça ne fait que trois et demi. Trois ans à l'échelle d'une vie ce n'est pas grand chose, comme un jour dans un mois ou un mois dans une année, ce n'est qu'un temps infime qui passe vite et qui n'attend pas le temps des souvenirs. Et pourtant, et pourtant nous avons pu faire énormément de souvenirs ensemble et j'en suis heureuse, al-hamdulillāh

Je me rends compte que j'ai beaucoup changé en un temps si bref. 

C'est étrange en un sens j'ai l'impression d'avoir vécu deux vies totalement différentes à tel point que j'ai l'impression tantôt d'avoir rêvé de ma vie d'avant, tantôt de ma vie présente. Enfin, il n'y a qu'une chose qui me rappelle encore aujourd'hui que la Alya d'hier est bel et bien celle d'aujourd'hui et qui me rassure que tout ceci n'est pas un rêve. Cette chose qui m'a toujours suivie. 

Enfin, revenons au premier jour. 

J'étais stressée, terrorisée, horrifiée, j'exagère ! Quoique j'étais vraiment stressée et j'avais peur de tout ce changement brutal.

À l'époque, j'étais du genre à ne pas trop aimer les changements brusques. Alors quand du jour au lendemain je me suis mariée, j'ai changé de maison et de ville, ça m'a fait vraiment tout drôle. Je n'avais qu'une envie c'était de retourner chez mes parents où j'avais toutes mes petites habitudes et mes lieux familiers pour me rassurer. Mais il fallait bien que ça change et c'était pas plus mal.

Si l'histoire devait revenir en arrière à l'image d'une boucle, je pense, ou plutôt je suis certaine que je serais venue à toi bien avant que tu ne viennes à moi, et peut-être que nous aurions eu plus de temps ensemble, plus de souvenirs, peut-être que tu m'aurais aimée davantage, et moi donc, mais cela est sans doute mieux ainsi. Après tout, les "si" ne sont là que pour la mélancolie, les regrets et les remords, et notre destin est déjà écrit alors ça ne sert à rien de se morfondre sur ce qui n'aurait jamais existé. 

Ah, il suffit de me donner un calepin et un crayon pour que je fasse la philosophe et m'égare de mon but principal !

Enfin, je pensais que ce premier jour et cette première nuit seraient une catastrophe, que je pleurerais à ne plus pouvoir ouvrir les yeux, que je demanderais d'annuler le mariage au matin suivant, mais étrangement tu m'as fait me sentir bien, à l'aise. Même si j'ai versé quelques larmes, je n'ai pas vraiment détesté ce jour. 

Tu ne sais pas à quel point j'ai envie de revivre tous ces instants, même les plus malheureux si c'est pour vivre plus longtemps à tes côtés, et ce à compté de ce premier jour ; ou bien retourner dans le passé et me secouer moi-même, me dire : "ouvre les yeux, cet homme est la meilleure chose qui te soit arrivée, profite tu n'as pas le temps !" ; ou peut-être même que j'aurais pris sa place tout simplement, elle qui ne mesurait pas encore la chance de t'avoir auprès d'elle. 

Qui aurait pu épouser une femme malade ?

Qui aurait accepté vivre des moments difficiles et affreux dès le début ? 

Qui aurait pris cette femme comme un fardeau sur son dos ? 

Allāh est loin d'être injuste, c'est pour cela qu'on ne doit jamais douter de Lui ou désespérer de Sa Miséricorde, car Il sait ce qui est le mieux ou non pour nous quand bien même nous serions persuadés du contraire. Allāh n'est pas insensible à qui le supplie la nuit quand tout le monde dort, Il n'est pas insensible au pauvre et à celui qui subit l'injustice de l'autre. Il est attentif à la moindre chose, à la plus infime de Ses créatures. Mais les hommes sont peu reconnaissants. Et ça, c'est la chose la plus triste de ce monde. 

De mon côté je Le remercie sans cesse pour ce bien qu'Il, Gloire à Lui, m'a octroyé. Pourtant je sais avec certitude que ce n'est pas assez comparé à ce bien-là. 

Enfin. 

Je n'ai pas grand chose à ajouter sur ce jour. 

Oh, si ce n'est la magnifique prière de l'aube et le réveil très perturbant. C'est amusant en y repensant et je sais que ce jour-là tu m'avais vue sans voile, je ne suis pas naïve même si on en a jamais parlé ! Je devais faire une tête épouvantable, je paris que tu as dû bien rire avec toi-même !

***

Il me semble que les deux mois suivants ont été les plus calmes de notre vie à deux. Ce calme éphémère m'ont souvent manqué. 

From Dunya to JannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant