Chapitre 5

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Il y avait du monde ce dimanche, des parents et des enfants à n'en plus pouvoir compter. La rue était pleine à craquer de voitures. Deux hommes s'étaient portés volontaires afin d'organiser la venue des véhicules. On avait entreposé des tables décorées de gâteaux de tous genres dans le grand hall de la mosquée, à la forme d'un grand U, des nappes argentées et dorées, et de jolies assiettes colorées dans le but de séduire les petits comme les grands. Chaque part était à deux euros, certes un peu cher, mais c'était pour la bonne cause.

Avant le concours de tajweed, on se servait d'une part d'un dessert qui nous plaisait, ou même de deux ou trois pour les plus gourmands et on prit place à l'intérieur de la salle de conférence. Chacun s'était réuni en famille, et on attendait l'annonce des organisateurs, qui se fit une dizaine de minutes plus tard. Ce jour-là, seuls les hommes et les garçons participaient en fonction de leurs âges et du niveau de mémorisation. Le concours dédié aux femmes et aux filles était prévu pour une date ultérieure en présence de femmes juges et de spectatrices uniquement.

Les plus jeunes débutaient et on les écoutait avec une attention silencieuse et une concentration unanime. On applaudissait à la fin de chaque récitation, et on laissait la parole aux juges qui se permettaient quelques remarques et commentaires. Les catégories passèrent les unes après les autres, avec une pause de cinq minutes entre elles. Deux heures à tout casser ont dû s'écouler, avant qu'on annonça les vainqueurs de chaque groupe. Ensuite, on ressortit quelques instants dans le hall et on se resservit de pâtisseries restantes qu'on avait emballées avant le concours. On offrit à boire gratuitement dans des verres en plastique jetables.

Entre temps, Alya avait fait appeler tous ses jeunes élèves afin de les vêtir de leurs costumes pour la pièce qui allait se jouer dans quelques minutes seulement. On se dépêcha de préparer la scène également, et enfin on fit entrer les spectateurs.

Ali fit appeler sur scène les bénévoles qui avait monté la pièce et le scénariste afin qu'on applaudisse leur travail, avant d'accueillir les principaux acteurs.

L'histoire de la pièce théâtrale racontait la vie d'un garçon malheureux qui ne pratiquait pas sa religion, il ne s'entendait pas avec ses parents et se battait à l'école constamment, jusqu'au jour où il tomba sur un vieil homme (ici joué par un jeune enfant) qui lui expliqua les futilités de la vie et que c'était la raison même de sa tristesse qu'il ne pouvait comprendre. Il y avait de l'humour, on riait par moment. La pièce se termina bien dans le sens où le héros principal avait retrouvé le bon chemin et qu'il avait enfin connu le bonheur.

Alya était perdue dans ses pensées depuis qu'elle était descendue de l'estrade après que son père avait présenté le groupe de bénévoles et le scénariste, et c'était là qu'elle le vit, lui, l'homme qui avait demander à maintes reprises une muqabala avec elle, plusieurs semaines plus tôt. Elle n'avait pas oublié ce visage, un visage marquant selon elle. Il ne la regardait pas, du moins plus quand elle, elle l'avait vu. Alya se rendit à sa place près de sa mère et sa sœur. Le spectacle avait commencé que la jeune femme portait un regard vide, noyée dans un torrent de souvenirs.

•••

Je vais t'avouer une chose, mon frère, dit-elle sans sourciller, et si après ça tu acceptes encore de m'épouser, alors je t'épouserai le mois même.

Imrân était assez surpris de ce qu'il venait d'entendre, et surtout de croiser le regard d'Alya. Il pouvait lui aussi voir distinctement le visage de la femme qu'il voulait épouser. Alya était jolie à sa manière, très pâle de peau, ce qui entrait en contraste avec le noir de ses cils faisant ressortir un captivant regard, et ses sourcils naturellement dessinés qui accentuaient ce regard profond. Elle avait un petit nez et une jolie bouche écarlate. Elle avait également les pommettes légèrement rosées. Son visage était petit et rond. Ce visage, à l'expression pleine d'honnêteté, fut ce qui le stupéfia en premier.

From Dunya to JannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant