Chapitre 14

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Le silence dominait l'habitacle de la voiture. Personne n'osait lancer un sujet de discussion histoire de dissiper la tension naissante, ni même émettre le premier son. L'un avait le regard concentré sur la route, l'autre le regard plongé dans la pénombre côté passager.

Malgré le chauffage, Alya resserra sa cape autour d'elle comme éprise de frissons. Elle posa ensuite sa tête contre son siège et sa joue contre la ceinture de sécurité. Elle ferma les yeux et se laissa bercer par le bruit quasi silencieux du moteur et par les légères secousses du véhicule. Elle demeura ainsi jusqu'à arriver à son nouveau chez elle. Quant à Imrân, il lui arrivait de lancer quelques regards vers sa femme. Il avait augmenté un peu plus le chauffage du côté passager, bien que l'intérieur lui paraissait déjà trop chaud.

Après deux heures de route et quelques broutilles, la voiture pénétra enfin un parking privé, et s'arrêta devant un porche d'immeuble.

– Alya, disait-il à plusieurs reprises en chuchotant, ne voulant pas la brusquer.

Elle se réveilla enfin et finit par tourner la tête en sa direction, émergeant à la réalité. Ses yeux paraissaient quelque peu rouges sous la faible lumière d'intérieur.

– Nous sommes arrivés, l'informa-t-il.

Elle hocha la tête en reprenant tout doucement ses esprits. Elle s'étira légèrement les membres avant d'ouvrir sa portière. Le froid extérieur ne manquait pas d'entrer en contact violent avec elle. C'était ça que de s'être habituée à la chaleur artificielle en gros décalage avec le climat extérieur. Une lumière automatique s'alluma dans le porche, éclairant ainsi la voiture.

Imrân avait ouvert le coffre où étaient entreposés quelques cartons de taille moyenne.

– Je vais juste te demander de me tenir la porte le temps que je monte tout ça, lui dit-il en lui tendant des clés.

Elle hocha de nouveau la tête et s'empara de l'objet. Elle gravit quelques marches avant de badger et d'ouvrir la porte. Imrân prit le premier carton et fit quelques aller-retours avant d'informer Alya qu'il s'en allait garer le véhicule. Deux minutes, ou peut-être trois, plus tard, il s'empressa de gravir les escaliers, tint la porte et invita Alya à l'intérieur. Elle fit comme elle fut invitée à le faire. Imrân la guida ensuite plus profond à l'intérieur du hall, et appuya sur le bouton d'ascenseur qui ne tarda pas à arriver. 

Il faisait tout, elle n'était que spectatrice. 

Il appuya sur le bouton du deuxième étage. 

Seul le bruit de la machine qui les hissait se faisait entendre. Alya avait le regard perdu à ses pieds, se mordillant les lèvres d'embarras. Arrivé finalement à l'étage, Imrân conduisit sa femme vers leur porte d'appartement. Il tourna les clefs dans la serrure et l'invita à l'intérieur. La jeune femme entra d'un pas hésitant et s'arrêta dans le couloir à l'entrée n'osant s'aventurer plus loin.

– Tu m'as l'air aussi tendue qu'un piquet, remarqua-t-il en voulant apaiser l'atmosphère, mais malheureusement pour lui, l'effet escompté n'était pas au rendez-vous.

Il se dévêtit de sa veste qu'il accrocha au porte-manteau, et se déchaussa.

Alya en fit de même et plaça ses chaussures dans le meuble destiné pour, et une fois de nouveau debout, elle laissa son regard se balader autour d'elle, puis elle demanda d'une petite voix.

– Où sont les cartons ?

– Je les ai mis dans le salon là-bas. On les rangera demain, ça ne presse pas. Tu peux accrocher ta cape ici, lui dit-il en pointant du doigt l'objet.

From Dunya to JannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant