Ce jour-là, on se leva très tôt. L'atmosphère tendue se faisait ressentir au sein de la maison. On ouvrit les fenêtres, laissant aérer l'espace, en espérant par la même occasion que le vent emporte avec lui les tensions du jour.
On fit le ménage et on prépara le thé et quelques sucreries qu'on déposa sur un beau plateau, et qu'on apporta ensuite au salon. Et puis on s'était assis, en attendant le moment où on toquera à la porte.
Alya s'était modestement vêtue d'un jilbeb noir, et arborait un visage terne. C'était à peine si elle vous adressait la parole, ou ni même vous laissait l'envie de partager la même pièce avec elle. Elle avait également l'air plus pâle que d'habitude, sans doute à cause du trouble et de l'angoisse causés par la muqabala. Elle joua nerveusement avec ses doigts.
On s'était arrangé pour que la rencontre se fasse à neuf heures du matin, et pas plus tard, et on accepta. En réalité, le jeune homme, qui s'était garé plus haut dans la rue, vint se rendre à pied jusqu'à la maison de la famille d'Ali trente minutes plus tôt. Il demeura dissimulé derrière le portail jusqu'au moment fatidique.
Il était alors neuf heures pile quand on toqua à la porte. On se raidit avant de se lever pour accueillir le nouveau venu. Alya serra ses mains l'une contre l'autre et maintenait la tête baissée vers elles. Yamina s'était réfugiée dans sa chambre après avoir embrassé sa fille.
Du salon, on pouvait entendre les voix de deux hommes se distinguer clairement entre elles. La jeune femme respira longuement et doucement afin de réguler le rythme cardiaque de son cœur et de soulager et diminuer son stress. Puis on entendit des pas se faire jusqu'au salon, ce qui n'aida en rien la jeune Alya dans sa lutte contre le stress.
On les présenta, mais Alya n'écoutait pas. On invita le jeune homme à s'asseoir sur la banquette en face. Ali s'était porté volontaire pour emplir les premiers verres de thé. Le silence était lui aussi convié et un malaise s'installa sans qu'aucun ne voulût le faire disparaître. Mais le jeune homme ne perdit pas le nord. Il se présenta à nouveau, de sorte à être sûr qu'elle sache qui il est.
– Salam Alayki Alya, je me présente, je m'appelle Imrân Al-Firansi, j'ai vingt-sept ans et je vis à Paris à mon propre compte, j'ai un appartement dans un quartier calme et sans problème. J'ai grandi en France et fait une partie de mes études ici, à la fin de mon BTS en commerce international, j'ai tout quitté pour étudier à Médine, et je suis rentré très récemment, il y a à peine deux mois, après avoir obtenu mes derniers diplômes, que j'ai d'ailleurs apporté sur moi, si jamais tu veux les voir.
Imrân fit face à un mur de silence. Beaucoup se seraient sentis gênés en face d'une telle réaction, car oui, ne pas réagir est une forme très claire d'un rejet. Cependant, Imrân savait depuis le début que cela n'allait pas être aisé, bien qu'il ne s'attendait pas à ce qu'elle garde la tête baissée. Il joignit ses mains qu'il posa sur la table du salon devant lui.
– Je suis rentré au pays et je cherche une femme avec qui faire ma vie et accomplir la moitié de mon dīn, sachant que j'ai voulu travaillé sur l'autre moitié avant de rencontrer quelqu'un. Je ne suis pas parfait, bien sûr, seulement je n'ai pas voulu m'engager plus tôt avec une femme, alors que ma connaissance dans la religion n'était pas très riche. Ce que je recherche chez une femme, c'est la religion avant tout, qu'elle soit voilée, à vrai dire je souhaite qu'elle porte le niqāb si elle devient ma femme, je souhaite qu'on soit de la même grande école, malikite en l'occurrence, je veux qu'elle soit bien informée sur le rôle de la femme dans un foyer, et au sein d'un mariage, qu'elle soit consciente de ses devoirs et bien sûr de ses droits. Et qu'elle n'hésite pas à me ramener à l'ordre si jamais je manquais à ses droits. Et, euh, si jamais tu as des questions, tu peux m'interrompre tu sais.
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From Dunya to Jannah
RomansaAlya, âgée de tout juste vingt ans, est une jeune femme douce et aimable. Elle a grandi au sein d'une famille musulmane et pratiquante ; son père est à la fois imam et directeur de la mosquée dans la ville où ils vivent, et elle, elle y travaille à...