Chapitre 15

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— Tu veux faire quelque chose ? Regarder la télé ? Demanda Imrân en revenant de la cuisine.

Alya se retourna vers lui et parut réfléchir à la question.

— Non rien, merci.

— Tu veux peut-être te reposer après cette longue journée ?

— Je sais pas, je pense que... je vais appeler ma famille, si ça ne te dérange pas.

— Non, bien sûr. Passe-leur le salam de ma part.

Elle hocha la tête et se leva pour fouiller dans son sac. Elle récupéra son téléphone et quitta le salon afin d'être plus à l'aise. Imrân n'en fit aucune remarque. Alya s'en était allée dans le couloir, près de l'entrée. Elle déverrouilla son téléphone et se mit à chercher nerveusement le contact de sa mère. La tonalité retentissait à plusieurs reprises avant qu'une voix familière se fit entendre, Alya se laissa prendre appui contre le mur.

— Allo ?

— Oui, c'est moi.

— Oui, vous êtes bien arrivés ?

— Oui, ça va, al-hamdulillah.

— C'est comment chez lui ?

— Calme, simple, bien pour un couple.

Iwa mazyan (bah c'est bien). Vous avez fait quoi pour l'instant ? Les cartons ?

— Non, on attendra plus tard in sha' Allāh, on a juste grignoté un peu ensemble.

Alya omit délibérément le moment où elle s'était mise à pleurer. Elle avait si honte de son comportement, et elle ne voulait surtout pas inquiéter sa mère.

La jeune femme entendit en arrière-plan d'autres voix.

— Tu es encore à la mosquée ? Interrogea-t-elle surprise.

— Oui, avec quelques femmes et ta sœur, on range, comme ça, ça sera fait.

— J'aurais pu rester avec vous.

Ah lā, ma'lich (non, c'est pas grave). Iwa, smo ghadi diro daba (eh bien, vous allez faire quoi maintenant) ?

— Je sais pas encore. Je sais même pas ce qu'on doit faire. J'arrive même pas à lui parler ou à juste lancer un sujet de discussion.

— C'est le début, c'est pas grave, c'est normal même.

— Au fait, umi, pour... tu sais... je me sens pas du prête que ce soit aujourd'hui, demain ou dans un mois. Je sais pas...

Sa mère émit un rire au bout du fil. Alya rougissait de plus belle.

Ila mabghitich, hadchi man haqak abenti (si tu ne veux pas, c'est ton droit ma fille). Après c'est ton mari, mais c'est un gentil garçon, il va comprendre.

— Oui bien sûr !

— Bon, ghadi nkhalik khasni n'awanhom (je vais te laisser, je dois les aider).

— Tu peux me passer Wissem, vite fait !

Alya ne voulait pas éteindre l'appel tout de suite et retourner auprès de son époux. Elle n'était pas encore prête à retrouver l'atmosphère tendue et pesante du salon.

— Alya ? Ça va ?

La voix de sa sœur l'apaisa un temps.

— Oui oui, al-hamdulillah. Et toi ?

— Aussi, al-hamdulillah. Et donc, comment tu te sens dans ta nouvelle maison ?

— Je sais pas encore, ça m'a l'air irréel.

From Dunya to JannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant