Chapitre 9

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Partie 1
« Abi, je veux accepter... »

Ces quelques mots allaient être le déclenchement d'une toute nouvelle vie. De simples mots, des mots dont Alya avait perdu espoir de les dire un jour à voix haute, des mots dont le sens échappait à la jeune femme.

Elle avait accepté d'épouser un homme, malgré sa condition, malgré toutes ses certitudes qui s'étaient alors brisées en mille morceaux. Elle n'était pas préparée, puisqu'elle ne pensait plus un jour devoir faire face à ce genre « d'épreuve », car oui, contrairement aux autres femmes, Alya voyait là une épreuve.

Et une épreuve, se disait-elle, n'était pas toujours désagréable ; elle peut se vêtir d'un beau vêtement et être d'une extrême tentation. En fait, elle était simplement terrifiée.

Alya ne savait pas où elle mettait les pieds. Elle avait la boule au ventre, mais en réalité, au fond d'elle, elle était quand même heureuse. Mais elle ne voulait pas se l'admettre, par peur de porter le mauvais œil à ce nouveau destin, par peur que la réalité du mariage soit tout autre, par peur d'être déçue, par peur de souffrir... par peur de ne plus vouloir quitter la dunya.

Ali contacta Imrân afin de lui faire part de la nouvelle, et ce dernier avait exprimé sa joie au téléphone. Il était content, car après tout, il avait réussi à avoir la femme qu'il souhaitait épouser et dont il avait fait une fixation depuis quelques mois déjà.

Mais malheureusement, il ne pouvait effacer complètement de son esprit l'idée qu'elle était grièvement malade, que sa santé était fragile, et que sa future femme pouvait mourir à tout instant. Il se serait menti à lui-même s'il se disait ne pas avoir peur du futur.

Ce qu'il redoutait bien plus en réalité, c'était de s'attacher à elle et de devoir la laisser partir. C'est pour cela précisément, qu'il s'était persuadé qu'il devait maintenir un certain recul et détachement quant à ses sentiments. Il pouvait se montrer affectueux, mais pas trop, il ne fallait pas tomber dans l'attachement trop profond. Il pouvait lui faire plaisir et la voir heureuse, mais pas trop, au risque de s'habituer à son visage souriant. Il pouvait faire pleins de choses de sorte à la séduire, mais pas trop, par peur de ressentir un immense vide... une fois qu'elle serait partie.

Du moins, c'était ce qu'il croyait être le mieux pour lui. Mais Allahu a'lam. Il plaçait sa confiance entière en Allah.

Alya, de son côté, avait contacté sa sœur et lui avait fait part de la nouvelle. Wissem, qui jusque-là faisait la tête, oublia vite fait sa petite rancune enfantine pour exprimer sa surprise et sa joie au bout du fil.

Tous les proches d'Alya, c'est-à-dire son cercle familial comprenant sa sœur, ses parents, et désormais son beau-frère, furent heureux de la nouvelle. On avait écouté leurs prières.

On souhaitait tous que la jeune Alya connut un jour le bonheur d'un foyer et d'un mariage. Comme ils l'eurent tous connus, malgré les difficultés rencontrées.

Après l'acceptation d'Alya, deux semaines s'étaient écoulées sans qu'il y ait eu quoi que ce soit de nouveau dans la routine de la jeune femme. Elle faisait ses cours, et la navette entre sa maison et la mosquée et vice-versa durant ses jours de travail. Mais, un soir de mercredi, mettant fin à ces jours identiques et monotones, son père reçut au téléphone le prétendu « fiancé ».

On prévoyait la khotba (demande en mariage) pour le week-end qui suivait, dans la mesure où Imrân pouvait être disponible pour venir avec sa famille à lui chez celle de sa future épouse.

On était tendus, et émus. À plusieurs reprises, Yamina chuchotait à son époux ces quelques mots répétitifs :

– Zawajna bnatna fnofs l'am (on a marié nos filles dans la même année), choof kidayar lmaktoub subhan Allah (t'as vu le destin comment il est, gloire à Allah).

Ali répondait à chaque fois d'un petit rire simplement, avant de changer immédiatement de sujet, ne voulant pas trop tarder sur le fait que leur maison sera très prochainement vide. Lui, sa femme, seuls occupants des lieux ; et cela ramène aux côtés de cette idée passagère dans la tête du père de famille, une vague de souvenirs d'un passé lointain et terminé. Il était nostalgique d'une certaine manière. Il était vieilli. Tout comme sa vieille et fidèle compagne de toujours.

***

C'est ainsi que débuta leur véritable histoire : l'histoire d'Alya et Imrân, deux âmes-sœurs destinées à se rencontrer dans la dunya pour vivre éternellement dans la vie future, dans la joie et le bonheur, loin de la peine et la tristesse... des notions qu'ils connurent toutes heureusement et malheureusement dans la vie éphémère. Des hauts, des bas, des moments de grande tristesse, d'autres de bonheur intense. Vous allez partager leur histoire, leur vie, ainsi que leurs sentiments, leurs ressentis, leurs actions, et même leurs inactions. Vous allez voyager au cœur d'un récit digne des Mille et Une Nuits moderne.





Je n'arrive pas à le croire...

From Dunya to JannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant