Chapitre 3

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Le lendemain.

Tour du Burj Khalifa, Hôtel Le 2009 – Dubaï, Émirats Arabes Unis.

Dubaï resplendissait de lumière sous les éclats du soleil qui se répercutaient sur les très hautes tours. Il y a environ quarante-cinq années, la tour du Burj Khalifa avait été inaugurée en grande pompe. À l'époque, elle était le plus haut point dans le ciel jamais conçu par l'Homme.

Depuis, d'autres constructions – ici ou dans le monde entier – l'avaient dépassé et désormais, ses huit cent vingt-huit mètres de hauteur étaient ridicules en comparaison des dix autres tours luxueuses qui l'entouraient, culminant à plus de mille cinq cents mètres. Elle avait peu à peu perdu de son éclat et rapidement, les hôtels les plus luxueux s'étaient empressés de lui tourner le dos, à tel point que certains étages étaient tout simplement vides depuis des années, laissés à l'abandon. Même les bureaux des multinationales, qui auparavant trônaient au plus haut point de la tour, même eux s'étaient hâtés de quitter les lieux. D'autres tours étaient plus grandes, d'autres sommets étaient à gravir.

Pour cet ensemble de raisons, la chambre n°24 du vingt-deuxième étage était propice à la discrétion. Elle donnait vue sur le désert, au loin entre deux gratte-ciel, avec ses grandes parois vitrées. Deux hommes en costume patientaient avec une valise noire sur le petit canapé de la pièce. Un troisième entra.

« Entrez. Prenez ce fauteuil. »

L'autre homme en costume ferma la porte, activa un logiciel sur sa tablette tactile aussi épaisse et souple qu'une feuille de papier puis leva le pouce en direction de son confrère.

« Bien. Bonjour Overlord, le voyage n'a pas été trop dur ? »

Comme à chaque fois, l'agent fut surpris d'entendre son nom de code. Il était tellement absorbé dans ses missions qu'il se fondait littéralement dans l'identité qu'on lui fournissait. Durant les huit mois écoulés, tout le monde l'avait appelé Mario.

« Le monde de la course va vous manquer.

— J'y ai pris goût oui, c'est vrai, répondit simplement Overlord.

— Ce n'est pas un délit. L'important, c'est que vous puissiez vous en détacher, une fois la mission finie.

— Je sais.

— En tout cas, la mission est un réel succès. Le pilote s'en sortira au moins. Vous avez fait du bon boulot. Pas sûr qu'il refasse ses erreurs passées, sans quoi il sait ce qui l'attend. »

Overlord ne connaissait que très peu les faits reprochés aux cibles qu'on lui donnait. Les missions variaient, de la simple intimidation à l'assassinat le plus banal. Il était l'un des meilleurs dans son milieu. Mais, considéré comme imprévisible – le sarcasme et la légèreté avec laquelle il abordait ses missions donnaient des sueurs froides à beaucoup de monde – il suscitait naturellement beaucoup d'inquiétude. Mais il était et restait néanmoins le meilleur.

« Nous avons un autre cas à vous confier. Quelque chose de délicat.

Toutes les missions le sont, si je peux me permettre.

— Oh, vous pouvez ! Vous pouvez... Mais disons que... dans ce cas précis, c'est ultra délicat.

Ultra délicat ? répéta Overlord.

Ultra délicat. »

Merde, c'est ultra délicat. Quand c'est délicat, tout va bien, mais quand ça devient ultra délicat...

Il ouvrit le dossier papier qu'on lui tendit et commença à le feuilleter rapidement. Plus aucun fichier secret n'était numérisé, de crainte de se faire pirater. Stockés dans des pièces souterraines dont l'emplacement n'était évidemment connu que par une poignée de personnes, ils étaient prêts à prendre feu instantanément.

L'Ordre de JanusWhere stories live. Discover now