Chapitre 9

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Tard dans la matinée du samedi, Altaïr reprit une des navettes de Port Hamad et rejoignit son conteneur avec dans sa sacoche un appareil photo, un processeur et une carte mère. Ces pièces avaient amputé ses petites économies et il ne pouvait pas demander du liquide auprès de Chienlit, par souci de discrétion autant que par peur que ce couillon ne fasse une bêtise. Il avait réussi à récupérer un vieux fer à souder et passa les trois nuits suivantes à bricoler son ordinateur. Quatre jours après la transmission de son précédent rapport – le temps pour Altaïr de parler à Chienlit et que ce dernier transmette les informations aux supérieurs – son bras avait légèrement vibré. Il avait alors activé son Pod et avait vu brièvement une lumière verte cligner deux fois à la base de son coude : les supérieurs d'Altaïr appuyaient son plan de leur assentiment.

« Eh, qu'est-ce que tu fiches ?

— Ah, Amberson, entre. Ferme derrière toi.

— L'ordi, tu l'as réparé ?

— Deux pièces manquaient, enfin une seule. L'autre était défectueuse, donc je me suis... enfin bref, le plus important est que tu écoutes ce que j'ai à te dire. Assis-toi, tu veux une bière ? »

Ils lancèrent leurs capsules dans la petite poubelle noire et burent plusieurs gorgées.

« Tu te souviens de cette discussion, commença Altaïr, au pub ?

— Le mois dernier, quand j'étais rond ?

— Celle-là même. Enfin, sourit Altaïr,tu l'es souvent mon vieux, le vendredi soir !

— Ouais. Bon et qu'est-ce que tu veux que je te raconte de plus ?

— Rien, on va reprendre la discussion où on l'avait arrêté.

— Hum.

— À propos de ce Farletti...

— Hum.

— Tu m'avais dit si seulement on pouvait... sans finir ta phrase.

— Hum.

— Prendre sa place ? »

À ces trois mots, le visage rond de l'irlandais devint pourpre. Altaïr crut un moment qu'il recracherait sa bière. De son côté, Amberson eut peur que son collègue ne le fasse chanter pour que... pourquoi, d'ailleurs ?

« Mais non, tempéra Altaïr,tu ne saisis pas ! Ce que je suis en train de te dire, c'est que nous deux...

— Que nous deux... répéta Amberson, douteux.

— Que nous deux, on peut le faire tomber. »

Amberson se leva précipitamment de sa chaise.

« Non, mais tu veux nous faire tuer ?! Tu délires mon vieux !

Altaïr comprit que l'irlandais jouait un rôle, comme pour le tester. En six années de travail, il était sûr qu'il y avait déjà pensé. Il s'efforçait juste de faire l'étonné, lui permettant de vérifier si Altaïr était sincère ou s'il cherchait à le piéger.

— Pas le moins du monde, répondit Altaïr le plus calmement possible.Tu m'as dit que ce Farletti faisait le même job que nous avant, hum ? Assis-toi, tu me fous la trouille avec tes conneries. Alors ?

— Ouais, il était grutier aussi, répondit Amberson, un peu calmé et de nouveau assis.

— Et son prédécesseur ?

— Il ne l'était pas, non.

— Mais il bossait sur le port avant d'en devenir le gestionnaire logistique, non ?

L'Ordre de JanusWhere stories live. Discover now