Le courrier électronique a tué la correspondance et le courrier tout court. Il a dépouillé le métier de facteur de sa nécessité et de sa poésie. Qu'apporte aujourd'hui le facteur sinon des factures et des prospectus? Quels enfants d'aujourd'hui pourraient comprendre la signification du jeu dit du facteur? "Le facteur n'est pas passé, il passera demain matin, dring dring le voilà qui sonne. Chandelle!" L'attente du courrier, la joie à la vue d'une écriture aimée sur une enveloppe, la rédaction d'une lettre, la lecture d'une lettre, la relecture de lettres anciennes, les timbres postes . . . toute une époque révolue, tout un art de communiquer perdu.
Rangeons les violons. Rien ne nous empêche de correspondre électroniquement d'une manière communicationnellement correcte, de soigner nos messages, et de veiller à répondre diligemment aux messages de nos correspondants. Rien ne nous empêche d'écrire des lettres, des vraies lettres, et de les envoyer par ce mystérieux procédé aux gens qui comptent pour nous. Rien ne nous empêche de frémir d'attente anxieuse en ouvrant le logiciel qui joue le rôle du facteur. Rien ne peut nous empêcher de sentimentaliser une technique qui en remplace une autre.
Et puis, de toute façon, l'email est déjà remplacé par le texto, et là je perds la piste des technologies successives, me raccrochant au langage comme on se raccroche aux branches quand les échelles viennent à manquer.
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Micromorales + Inktober
No FicciónCourts textes écrits par Virginie Greene, illustrés par Eponyme. Collaboration dans le cadre de l'Inktober 2019.