Visiblement depuis que je connais son nom, j’ai l’impression de voir Calum partout à la fac, même lorsque je vais à la cafétéria avec Rudy, d’ailleurs ce dernier n’avait lui non plus jamais remarqué la présence du basané si bien qu’il l’avait pris pour un nouveau.
« - Et c’est ton voisin ? –Demande-t-il en lançant des regards à la table des littéraires située à l’écart-
-Oui, je me doutais bien qu’il y avait des étudiants de nôtre fac dans ma résidence, mais de là à y trouver quelqu’un de ma classe et même de mon groupe d’Ecriture !
-C’est vrai que c’est un coup de chance. Par contre c’est dommage qu’il reste avec le groupe des érudits.
-Oh tu sais il traine avec qui il veut, je n’ai pas l’intention de m’en faire un ami, ce n’est qu’un voisin. »
Je lance un regard en biais à la table dite des érudits et remarque que Calum a les yeux rivés sur moi et n’essaye même pas de le cacher. Gênée je lui fais un petit sourire avant de sortir de la cafétéria, Rudy sur les talons. Je n’aime pas cette table, elle est composée d’un petit groupe d’étudiants en lettres et histoire qui se proclament supérieurs aux autres du fait de leurs notes irréprochables et de leurs liens de parentés avec quelques célèbres auteurs. Calum est-il comme ça lui aussi ?
*
« - Tu as trouvé un scénario ? –Me demande le basané dont le visage est déjà éclairé par l’écran de son ordinateur alors que je sors mon calepin-
-Plus ou moins et toi ?
-J’ai ma petite idée.
-Tu es bien conscient qu’il faudra rendre ce devoir sur papier ? –Dis-je d’une voix blasée-
-Tu ne vas quand même pas me faire des reproches tous les après-midis si ?
-Et pourquoi pas ? –Il arrête de tapoter sur son clavier et tourne lentement sa tête vers moi-
-Ecoute Heidi, si tu crois encore que la littérature ne se résume qu’aux livres tu te trompes. Ouvre-toi au monde, tu as un siècle de retard.
-Et c’est un membre du groupe des érudits qui dit ça ? –Dis-je d’un ton sec-
-Le groupe des quoi ? »
Je n’ai pas le temps de répéter que notre professeur fait irruption dans la salle, s’excusant de son retard. De tout le cours je n’ai de cesse de réfléchir aux paroles de Calum. C’est la deuxième fois en deux jours qu’il me reproche d’être vieux-jeu. Est-ce normal pour moi de refuser les technologies ? Enfin je ne les refuse pas, comme tout le monde ici j’ai un téléphone et un ordinateur portable, mais quand il s’agit d’écrire, d’aligner des mots, pour rien au monde je ne veux changer du papier. J’aime sentir la plume qui glisse sur la surface brute de la feuille, j’aime dessiner les courbes de chaque lettre, travailler les pleins et les déliés, faire d’un mot une œuvre d’art, quelque chose de concret. Sur l’ordinateur tout est si fade, si impersonnel. Mais encore une fois ce n’est que mon ressenti.
*
Aussi curieux que ça puisse paraitre Calum est sorti le premier ce soir, il a sûrement dû ranger ses cables en avance afin d'éviter la même réflexion qu'hier mais je suis d’autant plus étonnée lorsque je retrouve ce dernier un peu plus loin dans le couloir, une main sur son sac.
VOUS LISEZ
Behind the wooden screen
Fanfiction{HISTOIRE ÉDITÉE, plus d'infos à la fin} Un paravent en bois. Voilà ce qui délimite le balcon de mon appartement de celui de mes voisins, avec à sa base un espace assez grand pour qu'un papier puisse passer. Tout le monde peut mettre des mots sur c...