C’est un cauchemar, je vais me réveiller. Je tourne la boite dans tous les sens, grattant le bois avec mes ongles comme une hystérique à la recherche d’un double fond même si je sais pertinemment qu’il n’y en a pas. Tout ce que j’essaie de faire c’est me donner du temps, reculer le plus possible ce moment où je ferai face à la réalité : Je n’ai plus les lettres de Michael.
Dans un acte désespéré je fouille tous les meubles de mon appartement, finissant par balancer les tiroirs tant la panique me gagne et m’empêche d’agir de façon logique. Qu’est-ce que j’en ai fait ? Je ne peux pas les avoir jetées, je m’en souviendrais. Les seules lettres que j’avais jetées étaient celles qu’il m’avait envoyées le lendemain de la soirée d’inté juste avant que je ne me mette à l’ignorer. Mais où sont-elles ? Je colle mes mains moites sur mes tempes et mords violemment ma lèvre, essayant de lutter contre la crise de larmes qui m’oppresse. Qu’avais-je fait pendant ma dépression ? Je ne me souviens pas de m’être approchée des lettres de Michael, non ça m’aurait achevé, mais peut-être étais-je trop aliénée pour me rendre compte de ce que je faisais ?
Au bout d’une trentaine de minutes à retourner mon appartement et à triturer mon esprit, je finis par me résoudre au fait que j’ai perdu ces lettres. A cette pensée je m’écroule sur mon lit, laissant exploser le flot massif de larmes qui me broyaient de l’intérieur. Où sont ces maudites lettres ? Je ne peux pas me faire à l’idée que les paroles de Michael aient disparu comme ça. Je garde dans ma main crispée la petite boite en bois dans laquelle jusqu’à aujourd’hui reposaient les nombreuses et diverses lettres de Michael. Sentir le bois creux me fait mal au cœur alors que je devrais y sentir le frottement du papier. Je m’en veux, j’aurais dû y faire plus attention, ces lettres signifiaient vraiment quelque chose pour moi. Comment ai-je pu les égarer ? C’est juste impossible.
Suis-je réellement en train de devenir folle ? A faire des choses dont je ne me souviens plus quelques semaines plus tard ? Je me met en boule dans mon lit et continue à pleurer. Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Depuis que je suis arrivée ici j’ai totalement déraillé, je ne dors plus, je ne mange presque plus, je ne vais plus en cours et je m’éloigne de l’essentiel. Mon avenir. Tout ça à cause d’un appartement qui m’avait conduite à un échange puis à rencontrer Calum et à me rapprocher un peu plus du danger qu’était les Erudits.
Les Erudits, c’était eux le problème.
Jamais je ne les avais imaginés aussi empoisonnants. Car c’est ce qu’ils sont, un poison qui chaque jour infecte un peu plus mes veines desséchées et qui me fait sombrer dans la folie. Il y a bien trop de choses que je ne comprends pas autour de moi, trop de gens à qui je ne peux plus me fier, tout ça parce qu’un petit groupe avait décidé il y a trois ans de faire sa loi et aujourd’hui ils sont une menace, invisible et muette mais pourtant bien présente.
*
Noyée dans mes pensées je cherche toujours désespérément un souvenir des dernières semaines où je n’avais pas ouvert la boite. Il y a bien forcement eût un moment où j’avais ouvert cette boite ! Je frappe mon matelas et pousse un cri étouffé dans mon oreiller, évacuant par la même occasion tout le stress que la mort latente de Rudy m’avait provoqué.
Je suis tellement engluée dans mon mutisme que je n’entends pas ma porte s’ouvrir et bientôt des bras forts me lèvent de mon matelas, me faisant hurler de peur.
« - Heidi c’est Calum ! Heidi calme toi ! –Je tourne la tête, les yeux exhorbités pour voir Calum, la mine effrayée- Mon Dieu Heidi mais qu’est-ce qu'il te prend ?!
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Behind the wooden screen
Fanfiction{HISTOIRE ÉDITÉE, plus d'infos à la fin} Un paravent en bois. Voilà ce qui délimite le balcon de mon appartement de celui de mes voisins, avec à sa base un espace assez grand pour qu'un papier puisse passer. Tout le monde peut mettre des mots sur c...