Chapitre 14

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« Descendant,

Tu dois être seul à ce jour. Et j'en suis profondément désolé. La guerre entre les humains et les lycanthropes arrive à son apogée et malheureusement, la bataille est perdue pour nous. Je dis la bataille car je reste convaincu que notre meute, la dernière encore debout, renaîtra. Nos voisins, les Incas, ont un chaman. Il a eu une vision lors d'un de ses rites spirituels. Il a communiqué avec notre dieu loup. La divinité lui a assuré notre conservation. Cela ne se fera pas sans sacrifice. Je vais devoir en faire beaucoup mais toi aussi. La meute à besoin de toi plus que jamais. Elle réclame son chef, son guerrier. Prépare-toi descendant, l'heure de notre renaissance approche. Ne t'inquiète pas, il me reste encore un peu de temps pour t'expliquer nos coutumes. Je sais que tu as peur. Ta solitude doit te peser mais, patience, tu seras bientôt à la tête de la plus grande meute qu'il n'ait jamais existé. Tu ne resteras pas seul longtemps. »

Apparemment mon ancêtre s'attendait à ce que je sois un homme. Ça commençait bien. Je supposais qu'au XVème siècle la femme ne pouvait certainement pas être l'héroïne d'une quelconque guerre, machiste ! Mais pourquoi pensait-il que je serais seule ? Les garçons s'étaient transformés avant moi, ça n'avait pas de sens !

« Tout d'abord sache que nous occupons tout le continent mais, l'Amazonie habite la plus grande population de lycanthrope. Nous sommes vénérés par les peuples aborigènes vivant à nos côtés. Notre rôle est de les protéger des animaux sauvages. Nous chassons aussi les animaux malades afin qu'ils ne transmettent pas leur mal aux Hommes. Depuis quelques temps, des Hommes blancs sont venus saccager nos terres. Nous faisons tous ce que nous pouvons pour les repousser mais, malgré nos pouvoirs nous reculons de jours en jours. Ils utilisent des armes qui crachent des balles de feu. Quand nous sommes affaiblis, ils en profitent pour nous décapiter. C'est la seule façon de tuer un loup-garou. Mais je m'égare, excuse moi, ma colère est si vive que j'ai du mal à me concentrer sur ce qui sera vraiment important pour toi.

Nos pouvoirs nous viennent du Dieu-Loup. Il nous a créés dans le but de maintenir l'harmonie entre les Hommes et la nature. Nous sommes des chasseurs, des protecteurs et des messagers. Notre rôle au sein du monde est très important. Si nous venions à disparaître, c'est l'équilibre de la planète qui en serait perturbée. Les Hommes ne peuvent pas survivre sans la nature et malheureusement ils ne savent pas la conserver. Surtout les Hommes blancs.

Nous fonctionnons en hiérarchie. Une meute contient donc un Alpha, le chef, sa femme, la seule louve qui peut exister et les bêtas. Il y a les omégas qui sont exilés de la meute quand ils deviennent dangereux ou bien qu'ils refusent la soumission. Les omégas sont chassés et tués la plupart du temps. Un loup-garou ne peut pas vivre seul. Il devient fou et sauvage. Il est arrivé par le passé qu'un bêta ne se soit jamais retransformé en homme, adoptant sa forme animal à jamais.

La meute à un nom, c'es plus simple lors des réunions entre Alphas. La mienne se nomme la meute Pereira. On raconte que le premier Alpha de notre meute aimait tellement les poires qu'il en a donné le nom à la tribu. Un loup-garou devient un Alpha seulement s'il ressent le lien. Seul un Alpha peut se lier à une femme. Le lien est puissant, si bien que quand la femme et le loup sont séparés trop longtemps ils meurent de chagrin. Le lien peut survenir à n'importe quel âge dans la vie d'un lycanthrope. Il se créé lors de la première rencontre avec notre promise. On ressent alors un désir très intense pour elle. Et la femme est submergée du même sentiment. C'est très rare, mais il peut y avoir un Alpha et un potentiel Alpha dans la même meute. Alors le potentiel Alpha va devoir partir est créer sa propre meute avec des individus de sa génération. Souvent l'Alpha les lui donne.

La louve a un rôle bien spécifique. Elle est la gardienne de la meute. Elle veille sur les louveteaux et les humaines unies aux bêtas. Elle nous soigne et peu diriger la meute lorsque l'Alpha s'absente. Voilà pour la hiérarchie. »

Ainsi donc mon nom de famille venait du nom de la meute de mes ancêtres. Donc si j'avais bien compris le journal n'appartenait pas forcément à ma famille. Jusque là c'était clair. Les hommes blancs dont il parlait étaient en réalité des colons. Dans les manuels d'histoire, il était écrit que les colons avaient chassés les animaux vénérés par les amérindiens, dont les loups et que certaines espèces avaient été éradiquées. En fait il s'agissait des lycanthropes. Une larme était tombée sur une page du journal. J'étais émue par ce que les miens avaient subis. Tout ça parce que nous étions différents. J'étais épuisée, mes yeux se fermaient tous seuls. Je continuerais le lendemain, il était inutile de me forcer à aller plus loin ce soir. Je ne pouvais pas prendre le risque de passer à côté d'une information importante. J'avais entre les mains, ou entre les pattes, un très grand pouvoir. Il y avait un dicton qui disait qu'un grand pouvoir impliquait de grandes responsabilités. Il s'appliquait clairement dans ma situation. Mon instinct ne me trompait pas, je devais veiller sur les garçons. Je me demandais si l'Alpha n'était pas .... Non je n'osais pas y penser. Je n'avais pas envie d'être déçue. Mais au fond de moi, j'espérais que se soit LUI. Je ressentais bel et bien quelque chose de fort pour lui.

Je me couchais, des idées plein la tête.

Je me retrouvais une nouvelle fois dans la jungle. Il faisait nuit et la lune était ronde. Elle éclairait les bois de ses rayons, produisant une lumière bleuté. Je sentais une présence derrière moi, quelqu'un ou quelque chose m'observait. Je ne pouvais pas me retourner pour le vérifier. Je n'arrivais tout bonnement pas à bouger ne serait-ce qu'un doigt. Pourtant je ne ressentais aucune peur, aucune crainte. J'étais sûre qu'il ne m'arriverait rien. Je n'étais pas en dangers. L'étranger qui se trouvait dans mon dos de me voulait aucun mal. Je l'entendais s'approcher, ses pas faisaient craquer les brindilles au sol. J'écoutais les battements de son cœur et la régularité de sa respiration. Je connaissais son odeur mais, je ne me rappelais pas à qui elle appartenait. J'essayais de m'en souvenir. Je me concentrais sur cette odeur si familière. Rien ne me venait. L'inconnu était juste derrière moi, à quelques millimètres de mon dos. Tout autour de nous, les lucioles mêlaient leurs lueurs à celle de l'astre de la nuit, rappelant les étoiles qui scintillaient haut dans le ciel. Et même avec ces deux sources lumineuses, les ténèbres nous encerclés, impénétrables masses sombres cachant d'effroyables secrets. Pas un bruit ne troublait la quiétude de ce lieu ensorcelant. Le vent, lui-même, s'était tus comme s'il attendait la permission de l'étranger avant de se remettre à respirer. Deux mains s'étaient posées sur mon cou, l'entourant avec douceur de leurs doigts. Je n'éprouvais toujours aucune appréhension. Elles glissaient ensuite le long de mes épaules, de mes bras puis venaient se loger aux creux de mes reins, me provoquant une légère fièvre. Elles continuaient leur chemin pour s'arrêtaient sur mes hanches et mes palpitations s'accéléraient. L'inconnu devait avoir un bracelet métallique car j'avais sentis le froid du bijou sur ma peau nue. Etant toujours dans l'incapacité à bouger, j'essayais en vain de parler.

- Chhht ! susurrait-il à mon oreille.

Je retenais mon souffle attendant le moment où je découvrirais le visage de cet homme. Ses lèvres effleuraient ma peau puis des baisers se mettaient à parcourir mon cou, laissant à leur passage d'innombrables brûlures. Ma tête basculait en arrière malgré moi, libérant un peu plus de surface. Ces lèvres étrangères, gourmandes, ne s'en priaient pas et allaient explorer la nouvelle parcelle de mon corps que je leur avais mis à disposition. Cette étreinte sensuelle, délicate, m'entraînait dans un état de transe orgasmique. Puis tout s'était mis à tourner mélangeant les couleurs entre elles et donnant un aspect flouté à la scène devant moi.

- Sauve-nous..... Me chuchotait l'inconnu.

C'est encore une fois que je me réveillais en sursaut avec une impression de tomber dans le néant. Légèrement frustrée de ne pas avoir eu le temps de découvrir qui était l'homme de mon rêve. Je me demandais si ces rêves n'avaient pas un sens. Cela faisait déjà quelques nuits que j'écoutais toujours les mêmes discours dans mon sommeil, « sauve-nous», « sauve-moi » ou encore « sauve-les ». Je n'avais pas revu les yeux ocre mais j'étais persuadée que ça avait un lien. Je regardais l'heure, il n'était que six heures du matin. Je décidais d'aller prendre une douche, cela m'aiderais à réfléchir. Et puis il ne fallait pas que j'en oublie le journal. Je me replongerais dans ses lignes en revenant.


La dernière Meute: RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant