Chapitre 31

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- Et si on attendait tout simplement que l'eau nous expulse par le sommet de la chute d'eau, hasardai-je.

L'eau monta rapidement, en quelque minute nous en avions jusqu'à la taille. Les garçons cherchèrent partout un moyen de nous extirper d'ici.

- Ça ne marchera pas, la grotte est en pente, on serait entraîné dans le fond. On doit sortir par la cascade, mais il va falloir escalader et vite, expliqua Caleb.

Cela de m'enchantait guère, je n'avais jamais grimpé après quoique ce soit, je sentais que la panique me gagner. Si nous nous retrouvions coincés dans le fond, on se noierait encore et encore jusqu'à ce que le niveau de l'eau ne redescende. Nous dirigeâmes vers ce qui semblait n'être que notre unique porte de secours et nous commençâmes notre ascension. Le mur était glissant et il n'y avait pas beaucoup de prise où s'agripper. Aaron donna des coups pour créer de petites cavités afin de faciliter notre montée. Nous étions fatigués à cause du voyage, de cette nuit blanche et de la torture que nous avait infligée Georgiana, alors cette petite partie d'escalade était une véritable épreuve pour les muscles et les nerfs. Mes membres me brûlaient et l'angoisse à l'idée de sombrer au fond de la crypte me fît pleurer. J'essayai de poser ma main sur une prise qu'Aaron avait créé plus tôt malheureusement, elle se situait beaucoup trop haute par rapport aux appuis occupaient par mes pieds. Je sautai pour l'atteindre, mais la fatigue eut raison de ma force et je glissai le long de la paroi. Je me voyais déjà dans l'eau à me débattre contre le courant qui voudrait m'avaler pour mieux me noyer. Je fermai les yeux, incapable de faire autre chose lorsqu'une main me saisit par le poignet. Seth me souleva d'un bras, je réussis à me hisser sur un rebord et m'accrochai de toute mes forces. Je me retournai pour remercier mon sauveur, mais il n'était plus derrière moi.

- SEEEEETH ! NON !! SETH ! M'époumonai-je.

Je le vis en contre bas lutter contre la montée rapide des eaux. Il se noya avant de se faire emporter vers le fond. Il était perdu, par ma faute. Je l'avais tué, pire, je l'avais condamné à une noyade qui pouvait durer éternellement. Seth s'était sacrifié, il souffrirait à jamais, prisonnier d'un lac souterrain. Je pleurai, j'hurlai jusqu'à se que quelqu'un me tire vers le haut. Caleb et Aaron me remontèrent sans que je ne puisse les aider, je ne pouvais pas. Je voulais retourner dans la grotte, ne pas abandonner Seth, mais les deux Alphas en avaient décidé autrement. Le matin était à peine levé quand nous sortîmes enfin de ce cauchemar.

- Il faut y retourner, Seth est toujours là-bas, il se noie....Pourquoi...pourquoi vous ne bougez pas ? ALLE !!! VENEZ M'aid....

Le dernier mot se transforma en sanglot étouffé. Caleb et Aaron ne bougèrent pas, ils me regardèrent avec une mine résignée. Ils étaient en train d'abandonner, de laisser tomber notre ami, notre frère. Je ne pouvais pas l'accepter, non, il fallait le sauver comme ils l'avaient tous fais pour moi à de nombreuses reprises. Comme Seth venait de le faire en se sacrifiant. Alors je tournai le dos aux deux hommes et repartis vers la cascade, mais Aaron m'en empêcha en me retenant par la taille.

- Arrête ! Il est trop tard pour lui. Si tu y retourne tu seras prisonnière avec lui au fond de cette grotte et son sacrifice n'aura servit à rien. C'est ce que tu veux ? Ce serait une piètre façon de le remercier tu ne trouves pas ?

Je m'effondrai en larme dans ses bras. Nous venions de perdre un membre de la meute. Et ce qui l'attendait était pire que la mort. Les pluies tropicales pouvaient durer des mois, par ici et nous en essuyions une, particulièrement violente, qui avait rempli la crypte en l'espace de quelques minutes. Il faudrait des années pour que le niveau de l'eau puisse commencer à descendre. Seth était perdu à jamais, mon cœur se tordait de douleur, ma gorge se serra et mes larmes se mêlèrent aux gouttes de pluie.

- Seth, pourquoi ? me lamentai-je, POURQUOOIIIII ? hurlai-je de désespoir.

La douleur était vive dans ma poitrine ouvrant un vide abyssal. Plus jamais je n'écouterais le rire de celui qui était devenu mon meilleur ami, mon frère de cœur. Plus jamais il me prendrait dans ses bras lorsque j'aurai peur ou que je serai triste. Plus jamais nous nous pourchasserons dans la jungle sous notre forme animale. Des dizaines de souvenir remontèrent à la surface m'accablant un peu plus. Je prenais conscience que depuis que j'étais arrivée au Brésil, j'avais passée le plus clair de mon temps en sa compagnie. Et quelle compagnie ! Seth avait toujours pris soin de moi, s'était constamment préoccupé de mes états d'âmes. Je n'en avais pas fais autant pour lui et je le regretterai jusqu'à la fin de mes jours. Le manque qui s'installa dans mon cœur était douloureux et je resterais à jamais inconsolable. Comment pourrai-je annoncer cette funeste nouvelle aux autres. Mes grands-parents allaient être anéantis comme je l'étais moi-même. Je tombai, genoux à terre. Les garçons essayèrent de me relever, mais je me débattis avec rage pour me rouler en boule et pleurer. Je voulais que l'on me laisse tranquille, je ne l'abandonnerai pas. Jamais je ne pourrais le laisser seul, non jamais. Allongée à même le sol, tenant mes jambes contre ma poitrine et mes bras enroulés sou mes cuisses, je me balançai d'avant en arrière sans cesser de déverser un torrent de larmes. J'avais l'impression de mourir, de sombrer dans les ténèbres. Plus rien n'avait d'importance, mon frère était mort. Je ne voyais plus le monde qui m'entourait, mon frère était mort. Je n'entendais plus le bruit environnant, mon frère était mort. Le froid qui me saisissait ne me faisait plus trembler, la boue sur mon visage ne me brulait plus les yeux, le sel de mes larmes asséchait ma bouche. Mon âme, elle aussi était devenue sèche, terne et amer. Je ne voulais plus vivre. Je n'en avais plus la force, je refusais que l'on me touche, que l'on me sauve. Seth était mort, mort, mort, mort, MOOOORT !!! Ce mot tournait en boucle dans ma tête. Je ne cessais de revoir mon ami sombré sous l'eau déchainée, ses yeux, rivaient aux miens, me criant à l'aide, me suppliant de l'aider. Puis, il avait arrêté toute lutte et avant de rendre les armes un sourire était venu me consoler. « Ce n'est rien », m'avait-il fait comprendre, « Ne t'inquiète pas pour moi, adieu Leelou ». Seth avait une nouvelle fois fait passer avant lui. Ces dernières pensées m'accompagneraient jusque dans ma tombe.

« Adieu Seth, je t'aimerais toujours mon frère ! »


La dernière Meute: RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant