Zara
Les alarmes antiterroristes se déclenchèrent. Je pris mon petit frère Noé par la main :
-C'est bon, je peux marcher tout seul, répliqua-t-il.
Mais dès que nous entendîmes une explosion à quelques mètres, il m'agrippa comme un naufragé à sa bouée. Bien qu'ayant toujours vécu dans les quartiers pauvres de la mégalopole, mon frère de douze ans en avait toujours une peur bleue. Comme tout le monde d'ailleurs. Les heurts entre la police et la population locale étaient de plus en plus violents, de plus en plus fréquents, de plus en plus effrayants.
-Viens, criais-je à mon frère, nous devons rejoindre la maison.
C'était là où chacun se rendait lors des alarmes. Chacun chez soi, chacun pour soi. Néanmoins, une certaine solidarité était née entre habitants du quartier. En même temps, chacun savait qui déclenchait tout ça : ses cousins, ses parents, ses neveux... Pour moi, c'était mon frère. En effet, les jeunes d'ici étaient révoltés. Le quartier riche était au chaud et ne savait pas ce qui se passait dans les bas-fonds. Ici, c'était peuple contre peuple, gang contre gang. Il en existait plusieurs avec chacun leur secteur. Mon grand frère, Eliakim, faisait partie des Libers 4. Ils avaient des armes,mais mon frère m'assurait ne jamais s'en servir. Je ne le croyais qu'à moitié. Alors que certains s'occupaient de trafic en tout genre, il était plutôt spécialisé dans la révolte à l'état pur. Ils se rebellaient contre la société actuelle.Partout, tout était pareil : pouvoir corrompu, chefs déchus, gens imbus d'eux-mêmes, petites, moyennes et grandes guerres. Mon frère combattait tout cela. Enfin, il essayait et, malgré mon optimisme, j'avais peur que tous les risques qu'il prenait ne soient vains. Nous traversâmes des rues désertes et montâmes les marches menant à notre appartement en courant. Arrivés à notre porte, nous la poussâmes, essoufflés, mais en vie. Nous entendîmes alors des tirs. Certaines balles restèrent, sans aucun doute incrustées pour toujours, dans les murs de notre sinistre immeuble. Noé était blanc comme un linge, il balbutia :
-Imagine si on était rentré dix minutes plus tard. On serait pleins de trous à l'heure qu'il est.
-Ne pense pas à ça. Nous sommes vivants et c'est le principal.
-Et maman ?
-Elle est sans doute encore à l'usine.
-Et Eliakim ? Un frisson me parcourut. Je ne pouvais pas penser à mon grand frère. Pas maintenant, ça me faisait trop peur. Il répéta sa question et je ne pus lui répondre. Un gros boum se fit entendre, Noé m'interrogea :
-Une grenade dans notre immeuble ?
-Non,le bruit aurait été plus fort et nous ne serions plus en état de parler si ça avait été le cas.
-Dans l'immeuble d'à côté ?
-Non,ça ressemble à...
Le bruit se fit de nouveau entendre. Je regardai par le judas de la porte avant d'ouvrir prestement :
-Ah les sales keufs ! Ils m'ont eu ces bâtards !
-Eliakim ! m'écriais-je.
Il se tenait le bras gauche avec sa main droite en vociférant :
-Bien sûr que c'est moi. Vous vous attendiez à quoi ?
-T'es blessé, dis-je en essayant de garder mon calme.
-Il est blessé ! s'écria Noé.
-Rien de grave, dédramatisa mon frère, ce n'est pas profond.
-Il va mourir ! cria Noé de nouveau.
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12 - Le Chemin
RastgeleSeriez-vous prêt à abandonner vos préjugés pour découvrir votre véritable Ennemi ? L'écart entre les riches et les pauvres est devenu quasiment infranchissable. Dans cette société pourtant, les élites cherchent à garder une sorte d'apparente égalité...