Chapitre 9

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Micah 


Je n'arrivais pas à le croire ! J'allais visiter un quartier pauvre ! Lorsqu'Eliakim nous l'annonça, le bus venait d'arriver. Il a lancé : 

-Que ceux qui veulent venir montent. Mais quiconque entre dans ce BGV s'engage à faire ce que je dis, c'est pigé ?

-Pourquoi ?? demanda Ariel.

-Parce que sinon, vous n'avez aucune chance.

Ma sœur paraissait anxieuse. Elle avait peur, je le savais. Elle m'a chuchoté : 

-On ne devrait peut-être pas...

Je lui ai répondu calmement : 

- Je veux simplement connaître la vérité.

Noé entra dans le véhicule. Sans hésitation, Ariel le suivit. Ethan réfléchissait. Je savais qu'il pesait le pour et le contre, mais je savais aussi que sa curiosité l'emporterait. Gamaliel commença à monter dans le véhicule. Son frère l'attrapa par le bras et lui dit : 

-Tu es sûr ?

-Oui, répondit-il. Je suis sûr.

Courageux, le petit ! Eliakim se moqua : 

-Aurais-tu peur Benji?

-Non. Et je t'ai déjà dit d'arrêter avec ce surnom débile !

Vexé, il monta dans le bus. Notre « guide » se tourna vers nous avant d'ajouter : 

-Le bus n'attendra pas indéfiniment. Moi non plus d'ailleurs.

-Emma, commença Ethan, si tu ne veux pas y aller, dis-le. L'un de nous rentrera avec toi.

Je voyais bien que, tout comme moi, mon meilleur ami rêvait d'aller braver l'interdit. Depuis toujours, tous les adultes que nous rencontrons nous parlent de ces quartiers comme d'une zone dangereuse. Nous voulions aller vérifier par nous-mêmes et cette opportunité serait sans doute notre seule chance. Ma sœur poussa un soupir et dit bravement : 

-Pas question. On y va tous ensemble.

Et nous prîmes place dans le BGV. Nous roulâmes en centre-ville pendant dix minutes environ. Puis, les hauts buildings design cédèrent soudain leurs places à de vieux immeubles hideux et identiques. Je comprenais mieux pourquoi il était déconseillé de venir seul. C'était un vrai labyrinthe. Des rues sales étaient coupées de part en part par des ruelles encombrées.
Le bus s'arrêta. Lorsque nous descendîmes, le chauffeur grommela, en nous regardant avec méfiance : 

-Vous n'êtes pas d'ici. Vos parents savent que vous traînez par là ?

-Mêlez-vous de vos affaires, OK ? lui lança Eliakim d'un œil noir.

Une fois notre véhicule parti, il s'adressa à nous : 

- Il est 15h20. À 17h30 au plus tard, je vous ramène là. Vous reprenez le bus. Vous rentrez chez vous et vous faites comme si de rien était. C'est clair pour tout le monde ? Ah oui, avant que j'oublie : Ne parlez à personne de votre classe sociale. Sinon, ça pourrait vous coûter très cher...

Chacun acquiesça et un silence pesant se fit sentir. Eliakim nous fit signe de le suivre. Je regardais partout autour de moi. J'avais l'impression qu'on nous observait, qu'on nous suivait. Je m'étais toujours dit qu'un jour, si j'allais dans les quartiers défavorisés, je n'aurais pas peur. Je m'étais trompé. Pourtant, jamais je n'aurais osé l'avouer. Pour faire comme si de rien n'était, j'ai demandé à notre guide : 

12 - Le CheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant