Chapitre 5

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Eliakim

Ma sœur m'a prévenu que le dirlo lui avait posé des questions sur mon absence. À peine arrivé au lycée, je fonçais déjà droit vers l'administration. Bien que cet endroit pue les gosses de riches, je n'entendis aucun commentaire déplaisant. Ma taille en imposait et j'avais assez de cicatrices pour prouver que je savais me battre et qu'il ne fallait pas me chercher. En gros, ma réputation me précédait. Je savais que cette bande de flemmards se demandait ce que je faisais sur leur territoire. Je croisai Rachel Turner et elle me regarda d'un air dédaigneux. Cette fille se prenait pour une princesse. Ses amis lui léchaient les bottes et elle était méprisante avec toutes les personnes des classes sociales inférieures. Tous les pauvres connaissaient le travail de son père et pour cause ! C'était le chef de la police. Juste pour la provoquer, je lui fis un sourire narquois. Elle se retourna en soufflant. J'entrais en vainqueur dans l'administration. Je passais devant la secrétaire qui s'écria : 

-Votre nom jeune homme ?

-Ça n'a pas d'importance.

-Monsieur Depiroux n'attend personne !

-Bah s'il est dispo', ça tombe bien ! J'dois lui causer.

Je faisais exprès de parler en raccourcissant les mots. Je savais que ça la rendrait dingue. Sortant de son petit bureau, elle clopinait derrière moi avec ses talons aiguilles qui devaient, à eux seuls, coûter tout ce que je portais sur moi. Elle s'époumona :

-Arrêtez-vous ! Vous n'avez pas le droit d'entrer sans que l'on vous y autorise !

Oh mince alors ! Comme c'est dommage ! Cette femme me faisait rire. Je me retournai brusquement et elle s'arrêta net. Comme je le pensais, je lui foutais la trouille. Je repartis en trombe et je poussai les portes sans frapper, faisant mon entrée comme si j'étais chez moi. Le visage du directeur affichait la surprise. Je lui souris de toutes mes dents : 

-Bonjour Monsieur Despiroux ! Comment allez-vous

-Mon nom est Depiroux...

-Bref, je voulais vous parler, mais votre secrétaire que voici ne voulait pas.

-Désolé monsieur, s'excusa-t-elle honteuse, ce garçon ne m'a pas laissé le temps de réagir.

-Elle a raison ! dis-je avec ironie. Je ne lui ai pas laissé le temps. Je suis un petit rapide quand je veux ! Voyez-vous, c'était urgent.

-Mademoiselle Maguirre, vous pouvez nous laisser. Quant à vous, s'écria le directeur, ne me refaites plus jamais votre petit numéro ! Ce n'est pas un supermarché ici ! Sommes-nous bien clairs ?

-Limpide !

Une fois la secrétaire partie, le proviseur m'interrogea :

-Alors, qu'aviez-vous de si important à me dire Eliakim ?

-Vous aviez demandé de mes nouvelles ? Me voilà !

-Je ne vous ai pas appelé.

-Vous avez appelé ma sœur pour parler de moi. C'est pareil !

Mon ton avait changé. Il était dur et froid :

-Pourquoi ne me posez-vous pas les mêmes questions ? C'est ma vie après tout ! Ma sœur n'est pas responsable de ce qui m'arrive ou ne m'arrive pas d'ailleurs. Laissez-la en-dehors de nos histoires. Si vous avez des questions à me poser ou à poser sur ma famille, adressez-vous à moi. Je suis l'aîné !

-Changez de ton Eliakim !

Sa voix tremblait : 

-C'est quand même votre sœur ! Elle peut me renseigner sur vous et votre état de santé !

12 - Le CheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant