Chapitre 17

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Zara 


Depuis sa récente maladie, je trouvai Jémina beaucoup plus triste et renfermée qu'avant. Elle ne parlait presque plus et semblait lasse de tout. Cela me préoccupait, mais je n'avais pas la tête à lui demander ce qui n'allait pas.

En rentrant de l'école, je vis sur un Panneau Électronique d'Information qu'un attentat avait été commis dans une boutique de luxe. Bilan : cinq morts et plusieurs blessés. Tous des riches. Dès qu'Eliakim revint à la maison, je ne pus m'empêcher de le questionner :

-Tu étais au courant ?

-Pour ?

-L'attentat ! Dis-moi que tu ne savais rien !

-Eh oh ! Calme-toi ! Juste au passage, je te rappelle que je suis un Liber 4 et que parfois, il arrive que nous soyons mêlés à ce genre d'affaires...

-Affaires ? Eliakim, tu sais qui sont les victimes de tes « affaires » ?

-Bien sûr. Ce sont des riches.

-Non. Ce sont des êtres humains, tout comme nous ! Tu savais qu'il y avait une pauvre gamine de trois ans parmi les morts ? Cela aurait pu être Kaya ! Que dirais-tu à ses parents ? Comment peux-tu expliquer une chose aussi horrible ! Comment peux-tu cautionner cela ?

-Zara, plus tard, elle nous aurait écrasées sans ciller ! dit-il en perdant son sang-froid. Et toi ? Crois-tu que quelqu'un est venu s'excuser auprès de la famille de Jémina après la mort de son frère ? Crois-tu qu'un seul de ses sales pourris de riche se soit inquiété du sort de Kirian ? Est-ce que sa mort a été déplorée dans les médias ? Je ne crois pas, non...

C'était un coup bas. Après avoir respiré calmement, j'ai repris :

-Ne laisses-tu pas le bénéfice du doute ? Un jour peut-être que cette petite fille aurait changé le cours des choses. Maintenant, nous ne le saurons jamais. Étais-tu de mèche avec cet attentat ?

-Moins tu en sais et mieux c'est... soupira-t-il.

-Comment peux-tu faire une chose pareille ! Je te rappelle qu'il y a peu, il y avait des riches chez nous et tu ne les as pas tués ! Alors pourquoi ?

-C'était dans d'autres circonstances ! s'énerva-t-il.

-Arrête de te chercher des excuses !

-Ne me parle pas comme ça !

-Tu ne fais pas la différence entre eux !

-Alors ce que l'on raconte est vrai, hein ? dit-il avec mépris. J'ai pourtant tout fait pour étouffer la rumeur...

Je l'ai regardé, interloqué par le retournement de la situation. Il continua, sur le même ton :

-Je sais que tu parles avec ce petit prétentieux de Benjamin. Ce gars a dû te raconter un bobard, et toi, naïve, tu es tombée dans le panneau ! Tu vas prendre leur défense, maintenant, à tous ces fils à papa pleins aux as ?

-Non, je...

-Écoute-moi bien Zara et j'espère être clair : je t'interdis de lui parler ! Tu as compris ?

-Tu n'es pas mon père ! Tu n'as pas à me donner d'ordre ! Je ne suis plus une enfant !

La conversation monta d'un ton :

-Il est de mon devoir de protéger notre famille !

-Fous-moi la paix ! Je refuse de croire que c'est pour nous protéger que tu condamnes à la mort des innocents ! criais-je en sortant de l'appartement.

12 - Le CheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant