Chapitre 4

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Ethan

Le bus nous recracha dans notre petite ville. Je descendis dans les premiers. Tout en faisant mine de lacer mes chaussures, je vis passer Micah. Il me fit un signe bref de la main avant de s'éclipser. Il ne m'avait pas évité aujourd'hui. Il ne m'avait pas reparlé de ce matin non plus. En fait, il avait fait comme si je ne lui avais rien dit, signe qu'il s'en fichait pas mal. J'aurais préféré qu'il fasse au moins semblant de s'y intéresser. Même si je ne lui en voulais pas, j'étais quand même un peu blessé. Moi, j'y avais pensé toute la journée. Devais-je en parler à quelqu'un d'autre ? Devais-je le dire à Emma ? Ce soir, ma décision était prise. Si mon meilleur ami ne voulait pas m'aider à porter ce secret, je connaissais quelqu'un qui m'écouterait et me conseillerait sans me juger. Enfin, je l'espérais. Cette fille était plus douée que tous les garçons que je connaissais. Elle sortit la dernière, l'air songeur. Elle se mit à marcher en direction de chez elle. Lui emboîtant le pas, je la suivis. Elle ne m'avait pas vu et elle sursauta lorsque je l'appelai en posant ma main sur son épaule. Elle s'écria :
-Ethan ! Tu m'as fait une de ces peurs !
-Désolé, ce n'était pas mon intention, je voulais simplement te parler. Tu sais, par apport à ce que je t'ai dit ce matin dans le car...

J'ai pris une grande inspiration, espérant seulement qu'elle ne me prenne pas pour un taré :

-Emma,ce que je vais te dire est un peu...dingue. Il faut que tu me promettes de ne rien dire à personne : ni à ta meilleure amie, ni tes parents, ton...

-À personne. D'accord, j'ai pigé.

Son regard interrogateur me fixa un instant. Je crois qu'elle avait compris que ce que je m'apprêtais à lui dire était sérieux. Elle regarda autour de nous avant de me prendre par la main :

-Viens.Si c'est si important, il ne faut peut-être pas que tu le dises dans la rue, devant tout le village.

À mon tour, je regardais autour de nous. Je vis la gérante du petit magasin alimentaire, la bouchère et la boulangère nous regarder mine de rien, prête à lancer la machine à ragots. Je rougis,pensant qu'elles s'attendaient sûrement à une déclaration d'amour. Arrivée dans un de nos champs, derrière une haie, elle me lâcha la main. Encore un peu essoufflé par cette course forcée, j'ai murmuré :

-Je suis vraiment bête ! Je n'ai même pas pensé à regarder autour de nous ! Heureusement que t'as l'œil !

-Tu te sous-estimes Ethan. Tu es l'un des garçons les plus malins que je connaisse.

-J'espère que tu ne changeras pas d'avis après ce que je vais te dire...grimaçais je

Elle me sourit et cela me donna le courage de poursuivre :

-Hier, chez ton grand-père, j'ai trouvé un livre. Lorsque je l'ai vu, il m'a attiré en quelque sorte. Il avait quelque chose de fascinant. Avec la permission de ton frère, je l'ai ramené chez moi. J'ai lu quelques lignes et cela me fît trembler, au sens figuré bien sûr...

Elle me regardait, sourcils froncés, soucieuse. Je devais passer pour un fou. J'ai continué malgré tout :

-...En fait, ce que j'ai lu ressemblait trait pour trait à la réalité,à la vie actuelle quoi ! J'ai très vite refermé le livre.

-C'est sans doute un livre de politique contemporaine...

-C'est là que ça se complique ! Le livre est très ancien.

-Genre ?

-Le livre en lui-même semble dater d'un siècle ou plus. Mais les écrits sont beaucoup plus anciens...

12 - Le CheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant