Chapitre 16

2 0 0
                                    


Rachel


Nous étions mercredi et je me préparais pour la soirée de Miss Blumy. J'avais mis ma robe rose, que j'avais été racheter dans le dos de ma mère. Cette dernière nous a appelé en criant :

- Paris ! Rachel ! Il est l'heure !

À la vue de ma tenue, maman fit une moue de dégoût. Ma sœur arriva quelques minutes plus tard et descendit les marches telle une diva. Elle était belle. Sa robe de soirée mauve, qui lui arrivait à mi-cuisse lui allait à la perfection. Ma mère s'exclama :

- Oh chérie ! Tu es splendide !

Son ton était lourd de sous-entendus et de reproches à mon égard. Je n'étais pas jalouse. Je savais que ma sœur attirait toujours toute la lumière. Moi, depuis toujours, je n'avais le droit qu'à son ombre. Avec le temps, je m'étais fait une raison.

J'assistais au défilé, qui était, comme toujours, très réussi. Ensuite, la fête commença. Au bout d'une heure, je m'assis enfin sur un fauteuil en velours. J'avais déjà dansé avec le fils de monsieur Tremier, un avocat très influent, le fils de monsieur Despender, un diplomate et bien d'autres encore que ma mère m'avait présenté avant de s'éclipser mystérieusement. Autant dire des inconnus ! Ils avaient tous dix ans de plus que moi, voire vingt ! Judith était déjà partie et mes autres amies papillonnaient de gauche à droite. Ma sœur riait à gorge déployée avec un jeune mannequin millionnaire. Je crois même les avoir vus s'embrasser. La salle était immense. J'avais l'impression d'être perdue dans ce brouhaha familier. Une voix me fit sortir de mes pensées :

- Vous désirez danser, Mademoiselle ?

Benjamin, tout sourire, me tendait la main. Un sourire naquit sur mes lèvres :

-Avec plaisir ! Tu ne peux pas savoir à quel point cela fait du bien de voir quelqu'un que l'on connaît vraiment !

-Oh si ! Je le sais !

-Rassure-moi, tes parents aussi t'ont présenté un tas de gens ?

-Ouais, pleins de filles ! dit-il en feignant l'arrogance.

-Et moi, plus de garçon que je ne peux en compter ! Ils veulent nous marier, ce n'est pas possible ! ajoutais-je en riant.

Nous nous sommes mis à rire. Nous avons évolué sur une danse traditionnelle. Dans ce genre de soirée, la musique ancienne était préférée à la musique moderne. Cette dernière, qui était une sorte d'innovation de sons plutôt déplorables -lorsque je l'entendais, j'avais l'impression d'être dans un immense capharnaüm- ne plaisait pas à tout le monde. De toute façon, on ne pouvait pas vraiment y danser !

Au bout d'un petit silence concentré, je dis, de but en blanc :

-Au fait Ben, c'est vrai ce qu'on raconte ?

-Quoi ?

-Que tu as parlé à une déf' au supermarché ?

Il s'est arrêté brusquement :

-Qui t'a dit ça ?

-C'est une rumeur qui court au lycée.

Il est resté interdit avant de se décider à répondre :

-À toi, je peux dire que c'est exact, mais promets-moi de ne pas l'ébruiter !

-Alors c'est...vrai ? Je te promets de le garder pour moi, mais pourquoi tu parles à une pauvre ?

-Elle s'appelle Zara...

-Quoi ! La fille du projet éducatif ? La sœur de ce taré d'Eliakim ??

12 - Le CheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant