Gamaliel
Je dormais tête-bêche sur un lit plus petit que celui de chez moi. Je n'avais pas l'habitude, mais je ne voulais pas rechigner. J'étais reconnaissant que les Nimra ne nous aient pas tous jetés dehors. Bref, je me sentais très à l'étroit et je n'aimais pas beaucoup cette sensation. Chez moi, j'avais ma chambre, mon lit, ma salle de bain. Nous avions aussi une cuisinière, une femme de chambre, un jardinier, un majordome et tout un service d'agents d'entretien ! Ma maison possédait un nombre important de pièces, certaine parfois étaient meublées, mais jamais occupées. La chambre de mes parents faisait facilement la taille de cet appartement tous entier. Nous avions, plus de cinq salons, deux salles à manger, un immense hall, dix chambres et tout autant de salles de bain, une salle de sport, une bibliothèque, deux piscines creusées...et j'en passe ! Ici, il n'y avait que le strict minimum. Deux chambres dans lesquelles on pouvait à peine marcher tant elles étaient pleines, une cuisine annexée à un petit salon, un placard à balais minuscule et enfin une salle de bain. Pour six. Soit une personne de plus que chez nous. J'aimais l'espace que m'offrait ma maison, courir dans les couloirs, se cacher dans toutes les pièces en faisant tourner en bourrique la gouvernante. Mais ce qui était bien ici, c'était de ne pas être seul. La famille de Noé semblait unie, ils se croisaient sans cesse. Ils vivaient véritablement ensemble. Et ils étaient obligés de partager presque tout ce qu'ils avaient. J'imaginais mal mon père laissant son lit à des inconnus. Il y avait les chambres d'amis pour ça. Si un de mes amis venait à la maison, je ne savais même pas s'il le saluerait ou s'il s'en apercevrait. La plupart du temps, il restait plongé dans son travail, enfermé dans son bureau. Il n'était là que physiquement en réalité.
Malgré le peu d'espace que j'avais, je réussis à m'endormir rapidement. La fatigue et les émotions m'avaient achevé. Malheureusement, je fus réveillé en sursauts par des bruits sourds et réguliers. Ce son m'était étrangement familier. Soudain, je pris conscience de leur origine et je me redressai d'un bond :
-Noé, chuchotais-je, Noé ?
-Hum...quoi ? marmonna-t-il en somnolant.
-C'est des armes à feu que l'on entend ?
-Oui...
-Des vrais ?
-Mais oui ! Dors maintenant...
-Les balles ne peuvent pas traverser les murs ? je commençais à flipper.
-Mais non ! Rendors-toi !
Une minute plus tard, il dormait déjà. Comment pouvait-il y arriver ? C'était impossible ! Des hommes étaient en train de se tirer dessus à quelques mètres de moi. Peut-être qu'il y avait des morts ! Ce n'était pas un jeu vidéo. C'était la vraie vie !
Au bout d'un temps qui me parut interminable, j'entendis des crissements de pneus. Le calme revint. C'était fini. Je me rendormis enfin.
Le lendemain, le réveil fut douloureux. Chacun s'habilla en silence. Nous avons mangé, et j'ai compris que chacune de nos bouchées coûtait cher à ceux qui nous avaient accueillis. Au moment de partir, Eliakim nous regroupa :
-Bon, on ne peut pas sortir dans la rue comme ça. Un groupe aussi grand, composé d'inconnus ne passerait pas inaperçu. Il nous faut un plan. J'ai un plan. Tout d'abord, vous mettrez ces habits amples. Il masque parfaitement le visage de celui qui le porte.
-Mais, c'est un truc de fille ! m'indignais-je, malgré mes bonnes résolutions de la veille.
-Ouais, répondit Eliakim en essayant de garder son calme, et bien si tu sors comme tu es maintenant, tu vas chialer comme une fille s'ils te mettent la main dessus.
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12 - Le Chemin
RandomSeriez-vous prêt à abandonner vos préjugés pour découvrir votre véritable Ennemi ? L'écart entre les riches et les pauvres est devenu quasiment infranchissable. Dans cette société pourtant, les élites cherchent à garder une sorte d'apparente égalité...