II. Chapitre 15 - Cigarette

312 11 1
                                    

- Maman ? fis-je avec étonnement.

Elle se tenait là devant nous, encore toute fraîche. Pourtant elle était censée être chez sa sœur, mais il fallait croire que non. Je sentais qu'elle avait quelque chose d'important à nous dire, car sinon elle ne serait pas venue ici.

- Les enfants, votre père et moi nous avons décidé d'engager une procédure de divorce. Il est passé me voir tout à l'heure, et nous sommes tous les deux d'accord, affirma ma mère.

- C'est avec toi qu'il était, et pas chez un collègue... murmura mon frère.

- Oui... Enfin bref, Sacha tu es majeur maintenant. Tu peux vivre chez qui te chante. Mais Lana, toi, tu es encore mineure...

- Et je dois choisir avec qui je veux vivre, terminai-je.

Malheureusement je savais que ma mère n'avait pas son propre domicile, et que de ce fait je ne pouvais pas toute suite vivre avec elle. Il n'y avait pas assez de place chez ma tante, et je le savais très bien.

Subitement mon frère se leva, puis s'exclama :

- Tu ne peux pas débarquer comme ça ici et lui demander de choisir alors qu'on vient à peine d'apprendre ça !

- Je sais, je sais. C'est pour ça que je te laisse le temps d'y penser ma puce, ajouta celle qui m'avait mise au monde.

Je regardai mon frère.

- Je resterais avec toi, t'en fais pas, dit-il.

Après cette annonce, notre mère resta encore quelques minutes avec nous puis finit par s'en aller. Mon frangin et moi nous ne parlions plus, alors j'allai m'enfermer dans ma chambre.

Soudain, j'appelai Alexis sur mon téléphone puis lui demandai de venir me chercher afin qu'on aille en ville. Il accepta gentiment en me posant des questions auxquelles je ne répondis pas.

- Je pars avec un pote ! lançai-je à Sacha depuis la porte d'entrée.

- Lequel ?! me demanda-t-il depuis l'autre pièce.

- Alexis ! répondis-je avant de claquer la porte.

Je le saluai, puis montai à l'arrière de sa moto. Il me reposa des questions, mais je lui répondis que nous en parlerons une fois arrivés en ville.

Alors une fois que nous fumes devant le bureau de tabac, il me demanda pourquoi je n'étais pas en cours aujourd'hui puis je décidai de lui confier ce qui s'était passé. Je ne donnai pas de détails, et je fis gros.

- Putain mais c'est vraiment un taré ce mec en fait ! s'exclama le jeune homme.

- Oui, et viens s'ajouter à ça la surprise de ma mère : mes parents divorcent et je dois choisir chez lequel vivre ! poursuivis-je.

- Quoi ?! Mais c'est horrible !

- Eh oui, tout me tombe dessus cette journée... Bref, je voulais venir ici pour acheter des clopes.

Il me lança un regard qui voulait tout dire.

- Ne dis rien.

- Tu devais arrêter...

- Pas aujourd'hui.

Sur ce j'entrai dans le petit bâtiment collé aux autres, puis je m'approchai du bureau d'accueil. Un homme d'environ une trentaine d'années et typé du Moyen-Orient me demanda ce que je voulais.

Il avait un fort accent.

Je lui répondis donc que je voulais un paquet de Marloboro. Il me tendit le paquet, pendant que je lui donnais la monnaie que je venais de sortir de ma poche.

En sortant, je découvris Alexis qui était appuyé contre son véhicule.

- Fumer n'arrangera rien, lâcha-t-il.

- Tais toi s'il te plaît, répondis-je en allumant une cigarette.

Il eut un silence entre nous. C'est donc pendant que mon ami pianotait sur son téléphone que moi j'étais en train de respirer de la fumée. Je n'étais pas fière, je l'avoue.

Assez rapidement, ma tête se mit à légèrement tourner et je mon corps se réchauffa. Alors une fois arrivée à la fin, je fus déçue que cet instant ne dura pas plus de temps.

Ainsi, le motard et moi nous discutâmes encore quelques minutes avant qu'il ne me ramène chez moi. Quand je fus enfermée dans ma chambre, je m'allongeai sur mon lit, puis ne je ne fis rien.

Absolument rien.

Je ne voulais pas répondre à mes messages, je n'arrivais pas à me concentrer pour regarder la télé et encore moins pour faire mes devoirs, je ne voulais pas manger, et la musique me dégoûtait.

Rien, absolument rien n'avait de sens. D'ailleurs je repensais à cette cigarette que j'avais fumé, et je me rendis compte qu'elle non plus n'avait pas de sens. On dit que fumer tue, mais la vie aussi, pensai-je.

Subitement je fermai les yeux. À force de penser, j'avais perdu la notion du temps. Quand je les rouvris, je déverrouillai mon téléphone afin de consulter mes notifications. Lorsque je vis l'heure, je fus extrêmement surprise.

3:41, affichait mon réveil.

En faisant le moins de bruit possible, je me changeai puis j'allai rapidement me démaquiller et me brosser les dents. Lorsque je retournai dans ma chambre, j'entendis du bruit dehors.

Rapidement, les battements de mon cœur se mirent à accélérer.  Je vis alors que la chambre de Sacha était ouverte. Immédiatement, je compris que c'était lui qui était dehors.

Quand j'ouvris la porte d'entrée, je le retrouvai assis sur les petits escaliers avec une petite bouteille de vodka presque vide dans la main. Je m'approchai doucement de lui, puis je m'assis.

- Elle était pleine quand tu l'as commencé ? demandai-je à mon frangin.

Il se contenta de répondre par un simple « oui », toujours le regard dans le vide. Suite à cette réponse, je baissai les yeux. Je ne voulais vraiment pas voir mon frère s'auto-détruire...

- Faut pas que tu plonges, sinon je tiendrai pas Sacha.

Il posa sa mini bouteille, puis au milieu du silence de la nuit il me dit :

- Je sais pas comment t'aider.

- Et moi je ne sais pas comment aider mon grand frère.

- Justement c'est moi le plus grand, du coup c'est à moi de m'occuper de toi.

Je me tournai alors vers mon frangin.

- C'est pas parce que t'es le plus grand que toute la responsabilité te revient tu sais, fis-je en posant une main sur son épaule.

Soudain il tourna sa tête vers moi, puis me sourit.

- En fait une petite sœur c'est pas que chiant ! s'exclama-t-il.

Je ris, puis je lui donnai une petite claque. Suite à cela, nous commençâmes à nous battre. Soudainement, nous entendîmes le bruit du verre se briser contre le sol. C'était la vodka.

- Oh nan je suis désolée ! dis-je à mon frère.

- T'en fais pas c'est mieux comme ça, répondit-il.

Après avoir nettoyé notre bêtise, nous allâmes nous coucher. Le lendemain, ce fut Sacha qui me déposa en cours. Il s'était donc levé plus tôt que d'habitude.

Quand je sortis de la voiture, j'aperçus Mila et Adam ensemble sur la passerelle. Sur le coup, je fus tellement agacée par cette pétasse que je décidai de faire quelque chose de stupide.

Je me précipitai vers eux et fis semblant de ne pas voir Mila.

- Salut Lana, ça va mieux ? lança le basketteur en me voyant.

- Salut, oui mais on peut parler de ce qu'il s'est passé entre nous à la soirée ?

Soudain, Mila s'interposa :

- Quelle soirée ? Pourquoi j'y étais pas ? Et pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?

Numéro 16 (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant