III. Chapitre 23 - Est en train d'écrire

275 11 0
                                    

Après avoir entendu mes derniers mots, mon frère avait redémarré la voiture et s'était remis à rouler. Je savais que nous n'allions pas à la maison, mais je ne posais pas de questions.

- Qu'est-ce qu'on fait ici ? demandai-je alors que venions de nous garer devant un bâtiment.

- C'est le pôle social, m'expliqua Sacha. Maman t'avais pris un rendez-vous aujourd'hui et elle voulait que je t'oblige à y aller, mais je ne voulais pas te faire ça...

Il marqua une petite pause avant de reprendre :

- Mais après ce que tu m'as dit, je me rends compte que tu as vraiment besoin d'aide.

- Va te faire foutre, lâchai-je avant de sortir de la voiture.

Tout en croisant les bras, je le suivis jusqu'à l'intérieur. Les murs étaient blancs, et le sol était en bois gris. Mon frère m'ordonna de m'assoir sur un fauteuil en patientant, pendant qu'il allait se présenter à l'accueil pour le rendez-vous.

La femme qui s'occupait de l'accueil avait les cheveux noirs, et les yeux noisettes. Elle était assez petite, et elle était légèrement négligée. Elle me jeta un regard, avant de me sourire légèrement.

Je ne lui rendis pas son sourire. Lorsque Sacha me rejoignit, il m'annonça que le rendez vous était dans quelques minutes. Je lui lançai un regard noir, puis je me réfugiai dans mon téléphone.

« Aucun message ».

Voilà à quoi ressemblait la solitude.

Et c'était vraiment pourri.

- Je reviendrai te chercher dans trois quarts d'heure, affirma mon frère.

Je ne répondis pas, puis il soupira. Il parut soudainement irrité.

- Tu pourrais au moins me répondre.

À mon tour, je soufflai.

- Oui...

Sacha se mit à pianoter sur son téléphone jusqu'à ce que le psychologue arrive. Pendant ce temps, je regardais les affiches qui étaient accrochées au mur. Elles disaient toutes de parler pour se libérer.

Mais quelle blague. Rien ne pouvait libérer la peine que je ressentais. C'était vraiment débile, mais comme je voulais que mon frère et ma mère me lâchent il fallait que j'aille voir ce foutu psy et prétendre que j'allais mieux.

- Lana ? C'est à nous, fit une voix d'homme calme.

Lorsque je levai la tête, je découvris un jeune homme d'environ vingt cinq ans tenant un bloc note dans la main et me souriant. Il était calme, et rassurant. Immédiatement, je me sentis en confiance avec lui.

- J'y vais à plus, fit Sacha en passant rapidement sa main sur mon épaule.

Je me levai puis je suivis le jeune homme jusqu'à son cabinet. Docteur William Morizet ; c'était ce que j'avais pu lire sur les cartes de visites qui étaient posées sur son bureau.

- Où souhaitez-vous vous installer ? me demanda-t-il.

Il y avait un canapé et deux fauteuils en face. Je décidais donc de me mettre dans l'un des deux fauteuils. Je devais admettre qu'ils étaient très confortables.

- Tant mieux, je vous avoue que j'adore être sur le canapé, remarqua-t-il. Au fait, vous préférez que je vous vouvoie ou que je vous tutoie ?

- Vous pouvez me tutoyer, répondis-je simplement.

- D'accord. Alors pour commencer je m'appelle William Morizet, et je suis psychologue. Et toi c'est Lana, c'est bien ça ?

- Oui.

Il me sourit à nouveau.

- Tu n'es pas très bavarde Lana. Tu n'es pas venue ici de ton plein gré, je me trompe ?

- Non, on m'y a obligé.

- Pourquoi ?

J'hésitai pendant quelques secondes, avant de lui expliquer ce qu'il s'était passé. Pendant toute la séance, je lui racontai ce qu'il se passait actuellement dans ma vie et lui me posait des questions sur mes ressentis.

Après notre longue discussion, je sortis de son cabinet. Je devais avouer que j'étais une tout petit peu apaisée par notre séance. Ce n'était pas pour autant que j'allais mieux.

- Alors ? fit la voix de mon frère derrière mon dos.

Je me retournai pour ainsi lui faire face et lui répondre.

- Ça m'a pas aidé à aller mieux. Mais j'avoue que ça m'a un peu calmé.

- Tu veux qu'on rentre ou tu veux peut-être faire autre chose avant ? me demanda-t-il.

C'était surprenant de voir Sacha autant attentionné ces derniers temps, ça ne lui ressemblait pas. Ça me faisait beaucoup de bien, mais je devais avouer que je n'y étais pas du tout habituée.

- On se pose quelque part et on met de la musique ? proposai-je tout en commençant à me diriger vers la voiture.

- Pourquoi pas. On achète de la bouffe ?

Je grimaçai.

- Me dis surtout pas que t'as pas faim. Même chinois t'as pas envie ?

- Bon, d'accord...

Il afficha un petit sourire avant de déverrouiller la voiture. Nous roulâmes donc jusqu'au restaurant là où nous pouvions commander à emporter. Mais dès lors où nous arrivâmes, l'odeur de la nourriture m'écœura.

Avant c'était l'endroit où je préférais aller manger et pour rien au monde je n'aurais pu être dégoûtée, mais là je ne supportais pas de voir ou de sentir quelconque aliment.

- Ne m'oblige pas à faire ça s'il te plaît, lâchai-je tout en tirant la manche de Sacha.

Il soupira puis me répondit :

- Essaye, au moins.

Je grimaçai à nouveau, puis je m'avançai vers le menu. Je pris quelque chose d'assez léger. Mon frère nota ce que je voulais puis il commanda pour nous deux.

Pendant le temps où nous attendions, je n'arrêtais pas de penser à Adam. Je m'en voulais tellement... Lorsque j'allumai mon écran, je vis qu'il n'y avait pas de message de lui.

Alors, je me dis que cette fois c'était mon tour. C'était moi qui devais insister, c'était moi qui devait faire la farceuse, c'était moi qui devait l'écouter.

Les mains tremblantes et le cœur battant, je lui envoyai un message avant de directement mettre le mode avion. Dans les minutes suivantes, je ne rallumai pas mon téléphone.

- On va où ? me demanda mon frère en prenant notre paquet.

- On se pose sur la colline ?

- Je vais passer mettre de l'essence avant alors, affirma-t-il.

Lorsqu'il fut en train de mettre le carburant dans la voiture, j'en profitai pour rassembler mon courage afin de voir s'il m'avait répondu. Quand je déverrouillai, je vis qu'il n'avait pas ouvert.

J'avais peur qu'il ait mit un vent à mon long message risqué, mais je décidai que je ne voulais pas savoir. J'étais déçue et triste de ne pas lui parler, mais je ne pouvais pas lui en vouloir.

Mais au moment où j'étais sur le point d'éteindre mon portable, je vis :

« Adam est en train d'écrire... »

Numéro 16 (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant