V. Chapitre 33 - Conneries

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Il y avait deux barres sur le test de grossesse qui était posé sur le lavabo. Lorsque je le pris entre mes mains, j'eus un coup de chaud, car ma tante était stérile depuis longtemps...

Ça ne pouvait être que ma mère. Mais avec qui ? Comment ? Pleins de questions se bousculaient dans ma tête. Je ne savais pas quoi faire, ni comment réagir. Alors, je décidai de sortir.

Au moment où nous nous retrouvâmes dans le salon, j'étais en pleine panique. Avant de sortir, j'avais juste eu le temps de prendre une photo des preuves.

- C'est bon ? me demanda ma mère.

Je me contentai d'hocher la tête négativement. Sur ce, mon frère et moi nous nous en allâmes. Une fois dans la voiture, je lui montrai la photo que j'avais prise en insistant bien sur le fait que notre tante était stérile.

- C'est quoi ce bordel... lâcha-t-il.

- Au pire, on oublie pour l'instant... C'est peut-être pas ce qu'on croit, ajoutai-je.

- Sûrement. Bon, on va aux urgences maintenant, me lâcha-t-il.

- Oui.

Une demi-heure plus tard, nous étions arrivés aux urgences. Je savais que j'allais attendre des heures au moins avant qu'un médecin ne me prenne en charge. Alors, je décidai d'envoyer un message à Adam en attendant.

J'avais mal de partout. Tout mon corps me remplissait de douleur, et ma tête ne supportait pas le bruit tout autour de nous. Je savais que j'étais prioritaire, mais avec tous les prioritaires comme moi on en avait pour une éternité.

- J'ai une question Lana, fit mon frère un peu sèchement.

Je m'attendais au pire.

- Dis-moi ? répondis-je avec une voix innocente.

- Pourquoi tu nous fais ça ? Pourquoi tu nous fais ça à maman et moi ?

Il eut un silence entre nous. Je ne savais pas quoi dire.

- De quoi tu parles ?

- Pourquoi tu te mets toujours dans des situations impossibles, pourquoi tu nous emmerde comme ça à toujours faire des conneries ? continua Sacha d'une voix tellement calme que ça m'en fit frissonner.

Mes yeux se remplirent de larmes. Je ne savais pas quoi répondre. Ses paroles m'avaient touché en plein cœur et me faisaient subitement me remettre en question.

- Je suis désolée...

- C'est bien ça Lana, t'es désolée. Tu fais toujours de la merde et après ça tu dis que t'es désolée, mais finalement tu recommences, dit-il avec froideur.

Ma gorge était nouée, et j'eus un coup de chaud. Je ne savais pas comment réagir face à ça, et je ne savais pas quelle réponse je pouvais lui donner. Alors finalement, je décidai de me taire et de l'écouter me dire à quel point je faisais n'importe quoi.

- ...Alors maintenant écoute-moi bien : tu vas aller chez ce putain de psychologue et arrêter de faire de la merde, parce-que toi et moi on est dans le même bateau et que je ne peux pas tout gérer, murmura-t-il en se penchant vers moi au milieu du bruit et des gens.

Une colère énorme s'empara de moi. Je ne pouvais rien faire contre lui, mais je voulais terriblement lui sauter dessus afin de me déchaîner sur lui. Mais je savais dans le fond qu'il avait raison, alors je ne protestai pas.

Après des heures d'attente et de culpabilité, je fus enfin prise en charge. On me fit passer quelques radios, puis on m'examina délicatement. Le médecin, plutôt vieux et aigri, me prescrit une attelle au bras gauche, une béquille du côté droit, ainsi que plusieurs antidouleurs.

Il me dit aussi que je devais rester chez moi pendant une semaine afin de bien me rétablir, et que je ne pouvais pas faire de sport pendant trois semaines entières. Cela me détruit.

Il venait de m'annoncer que je ne pouvais plus faire la seule chose qui me permettait de me défouler. C'était horrible. Encore une fois, j'allais devoir abandonner mon équipe.

Ainsi, à l'aide de la béquille je rentrai chez moi. Je me posai sur mon lit, puis je réfléchis aux paroles de mon frère. Il avait raison, en étant dans cet état j'étais en train tout simplement d'emmerder toutes les personnes autour de moi.

Alors, je pris la décision de ne plus rien faire ou dire des choses qui puissent attirer l'attention sur moi. Ça allait être dur, mais il le fallait.

Deux semaines passèrent. Pendant tout ce temps, tout le mauvais côté de mon caractère avait refait surface et mon apparence avait changé. Je paraissais légèrement plus négligée, les traits de mon visage s'étaient creusés, et mes cernes me donnaient l'air plus vieille.

- Lana, écoute-moi ! s'écria ma meilleure amie.

- Quoi ?!

- Lundi je serai pas là, donc ça fait au moins quatre fois que je te demande de prendre mes feuilles, dit Eva avec agacement.

J'avais un énorme mal de tête.

- Oui, je le ferai, me contentai-je de répondre.

Soudain, je vis Adam arriver au loin. Il était accompagné d'une belle fille assez petite à la peau sombre. Tous les deux, ils riaient ensemble. Ce qui me déplaisait vraiment beaucoup.

- Salut ! s'exclama cette dernière.

- Comment ça va les filles ? nous adressa Adam.

Eva ne répondit rien, agacée par mon absence mentale.

- Ça va bien et vous ? mentis-je.

- Ça va, répondit-il.

La fille avait beau faire son plus beau des sourires, je savais que je ne l'aimais déjà pas. Elle représentait un potentiel danger pour moi, alors il fallait que je l'élimine de la vie d'Adam.

Je me surpris à penser comme une psychopathe. La semaine que j'avais passée enfermée chez moi n'avait fait que renforcer mon agressivité, et c'était à peine si c'était supportable pour mes proches.

Mon frère et moi nous nous évitions, mon père n'était jamais là, et quand j'appelais ma mère tout ce que je faisais c'était lui raconter des mensonges sur ma situation actuelle.

- Bon bah je vous laisse, fit innocemment la petite.

Je la regardai partir avec de la haine dans mon regard. Soudain, je m'aperçus un peu tard que ma béquille dérapait. C'est ainsi que mon nouveau petit ami me rattrapa.

Nos regards fusèrent.

- Bon bah j'y vais, lâcha Eva.

Je ne lui accordai même pas un regard. J'étais trop concentrée à sourire à mon basketteur préféré. Ses pupilles étaient dilatées, et ses magnifiques yeux noisettes me faisaient complètement fondre.

- Tu m'as manqué, me dit-il.

Soudain, une voix vint nous interrompre :

- Lana ?

Mais laissez moi tranquille à la fin !

Numéro 16 (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant