II. Chapitre 20 - Hôpital

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Je sentis un poids près de ma jambe sur le lit où j'étais allongée. Lorsque je me réveillai, je vis un médecin à travers la vitre de ma chambre, puis je découvris immédiatement l'endroit où je me trouvais.

- Ma chérie, comment ça va ? me demanda ma mère qui était assise perpendiculairement à moi.

D'une petite voix, je lui répondis :

- J'ai mal à la tête. Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi je suis ici ?

- Tu t'es évanouie à ton entraînement de basket. L'entraîneur a appelé les pompiers puis il t'ont amené ici et j'ai été prévenue, fit-elle d'une voix extrêmement douce et apaisante.

J'hochai légèrement de la tête. Je savais qu'elle allait me demander « pourquoi », mais je ne voulais sincèrement pas y répondre. Tout ce que je voulais c'était m'éteindre sans que personne ne me retienne.

Ma mère soupira, puis poursuivit :

- Je savais que quelque chose n'allait pas, mais je pensais pas au point de mettre ma fille dans cet état.

Je ne pus retenir quelques larmes qui dévalèrent lentement mes joues.

- Tu l'as pas dit à Sacha et à papa j'espère ? articulai-je.

- Ton frère a été la première personne que j'ai prévenu et il est en chemin, avoua ma mère tant dis que je soupirais. Mais ton père, lui, ne décroche pas à mes appels.

Il eut à nouveau un silence entre nous. Ma mère pianota quelques instants sur son téléphone puis elle me regarda. Elle avait l'air triste, et semblait avoir des regrets.

- C'est nous, c'est ça ? C'est ton père et moi qui t'avons mis dans cet état ? dit-elle d'une voix tremblante.

À l'entendre parler et renifler, je pouvais comprendre qu'elle se retenait de pleurer. Moi aussi je me retenais. Toute les deux, nous étions en train d'essayer de cacher ce que nous ressentions mais l'une comme l'autre nous savions que c'était trop tard.

Alors, j'éclatai en sanglots avant de lui répondre.

- Pas que. C'est Kévin, c'est Mila, c'est Loris, c'est Sacha... articulai-je en sanglotant.

Plus bas pour qu'elle n'étende pas, j'ajoutai :

- C'est surtout ma solitude et mon passé...

- Qui sont tous ces gens ? me demanda-t-elle.

- Mila est la fille qui me déteste parce que je suis proche de son meilleur ami, Loris était un très bon ami qui m'a laissé tombé à cause de ce garçon justement, et Kévin il... il a essayé de... de...

Je n'arrivai pas à prononcer la suite à voix haute.

- Il a essayé de la violer, fit mon frère depuis l'encadrement de la porte.

Ma mère mit une main devant sa bouche, signe qu'elle était sous le choc. Pendant ce temps, j'essayais tant bien que mal de retenir mes émotions devant mon frère qui venait d'arriver.

Il se tenait les bras croisés, et me regardait sans me voir. Ses yeux étaient vides, et je me doutais qu'il pensait à quelque chose. Je ne voulais pas savoir quoi, mais je savais que ça avait un rapport avec moi.

- Comment ça a pu arriver ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

Ma mère me regardait avec insistance, mais je ne voulais vraiment pas en parler. D'ailleurs, je ne pouvais tout simplement pas. Je n'y arrivais pas, c'était au dessus de mes forces.

Alors, tout ce que je pus faire c'était me tourner de l'autre côté et me cacher sous la couverture. J'entendis mon frère et ma mère s'en aller de la pièce. Je compris donc que Sacha allait lui raconter ce qui s'était passé.

Toutes les larmes de mon corps coulaient à travers mes yeux. Je ne voulais pas qu'elle sache, je ne voulais pas me retrouver là, je voulais seulement continuer à mourir à petit feu.

Lorsque quelqu'un entra dans la pièce je me dis alors que c'était eux qui étaient revenu, mais en fait quand j'ôtai la couette de ma tête je découvris que c'était un médecin.

Pour un docteur, il avait l'air assez jeune. La trentaine environ. Il me souriait, mais je n'avais plus la force d'en faire autant. Je ne voulais vraiment pas faire semblant encore une fois.

- Comment allez vous, mademoiselle ?

- J'ai un peu mal à la tête, mais c'est tout.

- C'est normal. Savez-vous pourquoi vous êtes ici ?

J'haussai les épaules.

- Bah apparemment j'ai perdu connaissance.

- Nous vous avons fait une analyse de sang, et nous avons découvert que vous étiez en hypoglycémie, en hypertension, et que vous manquiez de fer et d'autres choses importantes pour le corps et la bonne santé.

J'eus le regard dans le vide. Le toubib essaya de capter mon regard, mais il n'y arriva pas. Je pensais à ce qu'allait penser mon père quand il saurait, car j'étais sûre que ma mère allait lui dire.

- Ok, je mangerai mieux. C'est bon ?

- Là n'est pas la question mademoiselle. J'ai fortement conseillé à votre mère de vous emmener voir un psychologue suite à cet événement.

J'eus un rire nerveux.

- Premièrement je ne pense pas avoir besoin de parler à quelqu'un, puis ensuite ça coûte la peau du cul tout ça pour que l'on vous dise « souriez, la vie est belle ».

Le sourire du médecin s'agrandit face à ma réflection. Celui-là avait une voix calme et apaisante. Sur sa carte, je pouvais lire « Pierrick Fischer ». Origines anglaises, mmh ? pensai-je tant dis qu'il fit un pas vers moi.

- Vous savez voir un spécialiste pour lui parler de ses problèmes n'est pas une preuve de faiblesse, cela permet de se libérer. Et puis il peut vous donner de très bons conseils pour le bien être.

Je ris à nouveau.

- On verra, lâchai-je d'un ton sec.

Soudainement, mon grand frère et ma mère rentrèrent dans la pièce. Tous les deux me regardaient avec de la pitié, et je détestais ça. Alors, je leur jetai un regard noir à tous les deux.

- Tenez, je lui ai prescrit des vitamines, des compléments alimentaires, du fer ainsi que du magnésium. Nous la garderons en observation encore quelques heures ensuite vous pourrez signer la fiche de sortie.

Le toubib donna sa feuille, puis s'en alla en me souriant une dernière fois. Je le détestais, je le détestais car à cause de lui et de ce foutu malaise tout le monde était au courant que je n'allais pas bien.

On pourrait penser que ma profonde tristesse n'est pas justifiée car ce qui m'arrivait en ce moment n'était pas si terrible que ça quand on y repensait.

Sauf que ce que tout le monde ne savait pas c'était que mes blessures du passé ne se refermaient pas, et que ma peine n'était que plus grande avec les événements du moment.

- Ma chérie, je pense que tu devrais aller voir...

Avant qu'elle ne puisse finir sa phrase je lui fis signe de se taire, puis je tournai doucement ma tête vers elle.

- Sortez tous les deux, s'il vous plaît.

Voyant qu'ils ne bougeaient pas, je m'enflamma.

- Sortez ! criai-je.

Numéro 16 (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant