LES JOYAUX DE ROYAL

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La reine Sefora observait son mari le roi Neithanel qui comme les petites princesses regardait l'école privée devant eux en silence. Et cela depuis bientôt une dizaine de minutes.

Neuf fronçait le nez, elle le faisait toujours quand elle se méfiait de quelque chose. Elle illustrait alors parfaitement le fait qu'il y avait quelque chose qui clochait dans l'air.

Quatre était plus pragmatique bien que sceptique. Elle ne comprenait pas ce qu'elle faisait ici et attendait que son père lui explique ce qui se passait.

- Neith ?

- Oui, Cara ?

- Elles vont être en retard.

Le roi esquissa un sourire avant de se tourner vers les deux filles qui se concentrèrent sur lui aussi. Il commença d'abord vers son aînée et dit :

- Ma princesse, tu es parfaite telle que tu es. Je suis sûr que tout se passera bien et que tu te feras des nouveaux amis...

- Et si ce n'est pas le cas ? protesta-t-elle.

- Alors tu as ta soeur, elle est ton avantage car tu ne seras jamais seule...

- Je ne serais jamais seule, répéta Neuf en souriant.

Le roi Neithanel réajusta le beau nœud rouge que portait Neuf, cette dernière qui n'avait cessé de le retirer depuis ce matin, laissa son père faire.

Le roi lui caressa la tête, ce qui la fit sourire. Il se tourna vers la plus jeune et la plus silencieuse. Il rit en voyant l'expression étrange qu'affichait sa fille.

- Tu boudes mon bébé ?

- Qu'est-ce que je fais ici ?

Directe et pragmatique. Chaque fois que Quatre ouvrait la bouche, elle mettait mal à l'aise les gens qui avaient d'ailleurs du mal à croire qu'elle n'avait que cinq ans et demi.

- Tu vas à l'école, comme tous les enfants.

- Je ne suis pas une enfant, je suis une princesse, répondit-elle.

- Les princesses aussi vont à l'école.

- De toute façon, je n'ai pas vraiment le choix, soupira la fillette en se tournant vers la portière qu'un garde ouvrit.

La reine se tourna vers son mari qui ne dit rien tandis que les deux autres fillettes suivaient la plus jeune. Sefora lui saisit le bras en protestant :

- Neith, je ne suis pas rassurée, elles pourraient étudier au palais...

- Cara, elles doivent découvrir le monde, affirma son mari, je ne peux pas garantir que ça va bien se passer mais je veux qu'elles essayent...

- Et si...si ça ne se passe pas bien ?

- Alors je ne les obligerais pas à y aller !

- Même si c'est la loi ? C'est promis ?

- Je te le promets mon amour.

La reine soupira de soulagement. Elle descendit embrasser les princesses qui se tournèrent vers leur père, Neuf donna la main à Sefora tandis que Quatre faisait de même pour Neithanel.

Quatre qui fixait le bâtiment ne dit rien quand le roi la souleva dans ses bras. Elle posa sa tête sur son épaule, il était la seule personne qu'elle autorisait toujours à la toucher. Les autres devait demander l'autorisation avant et sa mère devait la prévenir.

Ils entrèrent dans l'établissement, la directrice vint les accueillir et les présenta à la professeure qui s'occuperait des princesses. Arriva le moment pour le roi et la reine de dire au revoir aux princesses.

- Neuf, qu'est-ce que tu es pour papa Neith ?

- Le trésor de ton cœur.

- Quatre, dit le roi, papa Neith veut que tu essaies, d'accord ?

- D'accord papa.

Il la posa sur le sol puis après un dernier adieu, il quitta les lieux avec sa femme. Aussitôt les princesses se fermèrent. Elles survirent la directrice jusqu'à leur classe. Leur professeure les présenta, Neuf dit un bonjour poli et Quatre, comme on pouvait s'y attendre, refusa de parler.

Le cours débuta par du dessin, ce qui enchanta les enfants, même les princesses. Puis ce fut les rudiments de l'écriture.

La matinée se déroula donc parfaitement bien jusqu'au déjeuner. Neuf remplit son plateau de fruits et légumes. Elle se tourna vers Quatre et lui demanda :

- Tu veux un smoothie à la mangue ? Il y en a...

Elle hocha la tête. Quatre était capable de parler mais en général, elle se montrait silencieuse, sauf avec son père.

- Tes cheveux sont bizarres, pourquoi ils sont comme ça ? demanda un garçon.

- Vous êtes bizarres, protesta un autre garçon.

- Pourquoi vous ne vous ressemblez pas ? Vous êtes jumelles, non ?

- Pourquoi ils font comme ça ? marmonna un autre enfant en touchant une boucle de Neuf.

- Ne me touches pas, pesta la princesse en le poussant.

- Hé fillette, tu fais quoi là ? s'exclama un des amis du garçon qu'elle venait de pousser. Ça va Xan ?

- Ouais, sale gamine, pesta le garçon.

- Tu viens de me traiter de fille ? s'exclama Neuf hors d'elle.

- Grande-soeur, répliqua soudainement Quatre en s'interposant devant sa soeur, s'il-te plaît calme-toi ! Xan ? C'est ça ton prénom, n'est-ce pas ?

- Oui, vos prénoms sont vraiment des chiffres ? s'étonna un enfant.

- Oui, répondit la jeune princesse avec un air pleine de charme.

Tous les garçons sans exception rougirent. Ce qui était bien partie pour être une crise se finit plus calmement. Quatre soupira de soulagement en voyant les garçons partir, de nouveau de bonne humeur.

Elle tenait toujours sa soeur Neuf pour l'empêcher de s'en prendre à leurs camarades. Celle-ci la fusilla du regard avant de lui ordonner :

- Lâches-moi !

Neuf se dégagea de l'emprise de sa soeur puis brisa la sécurité de l'alarme de l'école qui se déclencha aussitôt. Elle s'exclama pleine de joie :

- Je vais gagner mon pari contre Six !

Elle disparut dans les couloirs puis revint avec une grosse pierre qu'elle utilisa pour fracasser le tableau de bord. Elle rit en voyant les portes s'ouvrir, sa soeur le rejoignit.

- Tu vas où ?

- Je ne reste pas dans cette école stupide, je rentre à la maison !

- Et si papa Neith n'est pas content ?

- Il m'a dit d'essayer, j'ai essayé. Je rentre à la maison, décida la princesse Quatre sur un ton catégorique.

Sa soeur ne tente même pas de l'arrêter car dans tout Koush tous savaient que quand le roi ou la princesse Quatre décidait quelque chose, personne ne pouvait les arrêter...

EMPYRIA  [T9]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant