EMPYRIA [T9]

UNE GRAINE DE GÉNIE

Six était ce qu'on appelait un génie. Ses parents le savaient, sa famille le savait et le petit garçon de 3 ans et demi l'avait compris.

Débout devant sa nouvelle classe qu'il observait avec indifférence pendant que sa maîtresse le présentait, Six se demandait ce qu'il faisait là. Il avait promis à sa maman d'être sage pour ce premier jour et à son père de participer.

Cependant, ça faisait à peine cinq minutes et il s'ennuyait déjà. Les enfants autour de lui avaient l'air stupides et surtout il avait cours en français, Six n'aimait pas trop parler cette langue bien qu'il la maîtrisait parfaitement.

Il serra son ballon de foot contre lui, c'était le seul ami qu'il lui restait depuis le départ de Sept, ainsi que de celui de Neuf, ses meilleurs amis. C'était extrêmement frustrant pour lui de ne pas les avoir avec lui.

- Six, tu peux t'installer où tu veux.

Il choisit une place près de la fenêtre et se retint de soupirer en voyant ses camarades l'observer. Il attirait toujours l'attention partout où il allait. Après une trentaine de minutes à dessiner, Six décida qu'il en avait marre et qu'il était temps pour lui de s'amuser.

Il profita du fait que sa maîtresse était occupé avec un enfant qui pleurait pour se glisser hors de la pièce, il s'arrêta devant le plan de l'école qu'il mémorisa en une minute exactement.

Il mettait un peu plus de temps que son meilleur ami à retenir les choses mais il y arrivait assez bien. Grâce au plan, il trouva le bureau du directeur et prit son ordinateur portable.

Il mit quelques secondes à trouver le mot de passe puis se connecta au réseau de l'école. Il s'installa dans un placard après avoir envoyé un message au service d'entretien pour leur demander d'aller nettoyer la bibliothèque afin de ne pas se faire surprendre par l'un d'eux.

Il envoya aussi un message au proviseur lui disait qu'un parent était en route pour le rencontrer au sujet d'un problème, il choisit un des parents fortunés des enfants de l'école, et signa à son nom. Il savait que le proviseur attendrait son arrivée avec prudence.

Il craqua les pare-feux de l'école et se connecta sur un réseau sécurisé qu'Eros avait crée pour ses cousins et cousines, pour qu'ils puissent communiquer à distance.

Il trouva rapidement Jaelle qui s'occupait de Neuf et Quatre, les princesses héritières de Royal. Habituellement, les amazones n'avaient pas d'appareils électroniques mais Jaelle faisait exception car elle était en charge de la sécurité des princesses, le roi voulait qu'elle ait tous les moyens de communications possibles.

Le visage de Neuf apparut devant l'écran, elle semblait être sous terre et son visage était sale. Elle sourit à Six avant de le saluer.

- Je suis content de te voir !

- Moi aussi Six, devine où je suis ?

- L'épreuve de la grotte ?

- Oui, Jaelle m'entraîne !

- Tu vas y arriver, l'encourageait-il.

- T'es à l'école ?

- C'est nul.

- Je commence l'école demain aussi, papa m'oblige.

- C'est super nul.

- On devrait s'enfuir...

- Pour aller où ? bougonna Six après avoir poussé un long soupir.

- Je ne sais pas mais on devrait s'enfuir. J'aime pas quand je suis loin de toi comme ça...

- Moi aussi, c'est relou ! Mais papa dit que si je veux te voir, je dois aller à l'école.

- On devrait s'enfuir, insista Neuf d'un air déterminé.

- Je vais y réfléchir.

- On parle depuis combien de temps ? demanda Neuf en se mettant à ramper dans ce qui semblait être un tunnel.

- 55 secondes.

- Bon, on se dit au revoir.

- Tu me manques, murmura Six avant de soupirer encore.

- Toi aussi.

Il coupa aussitôt la connexion. Pour leur sécurité, il ne devait jamais excéder plus de 59 secondes sinon ils pouvaient être localisés.

Au même moment, il entendit des pas dans le couloir, il se raidit, quelqu'un arrivait. Six se mit à pianoter sur l'ordinateur et quelques secondes plus tard, les alarmes de l'école se déclenchèrent.

Six remit l'ordinateur à sa place puis prit les couloirs de service pour se retrouver dans la cour où se rangea dans la rangée de sa classe pendant que sa maitresse les comptait.

Tout le monde était totalement paniquer et pour cause, Six venait d'envoyer une alerte incendie sur le réseau de toutes les écoles de la ville.

Pour que cela ne paraisse pas suspect, il avait fait en sorte que cela donne l'impression que c'était un beug informatique.

Après une heure dans la cour et l'arrivée des pompiers ainsi que la police, tout le monde se calma enfin quand l'expert informaticien expliqua que c'était juste un beug.

Le proviseur qui parlait déjà de terrorisme n'en fut pas moins rassuré car il appela tous les parents afin qu'ils viennent récupérer leurs enfants.

Six s'assit sur un banc, attendant sagement sa maman tout en préparant mentalement des activités qu'il pourrait faire avec elle dans l'après-midi, il adorait passer du temps avec ses mamans.

Dans leur famille, il y avait trois règles dont deux principales, il ne fallait jamais révéler leur prénom à personne même pas entre eux, ils devaient appeler tous les oncles et tantes papa et maman comme leur vrai parents.

Mais lorsque ce fut la voiture de Némésis qui se gara devant l'école, Six sut qu'il allait avoir des problèmes. Némésis descendit accompagné de Johanna, Jemima et Paolo, ils furent accueillis par le proviseur qui présenta aussitôt ses respects.

Après une longue conversation où le directeur ne cessait de s'excuser, Paolo décida d'écourter les choses car Némésis perdait patience. Jemima qui était allé attendre avec Six, le souleva et ramena dans la voiture.

Six s'installa entre Johanna et Jemima. Le proviseur qui était toujours en panique les suivit, Némésis ouvrit la portière avant de se concentrer sur lui.

- J'espère que ce petit incident ne troublera pas le jeune prince...

- Il va bien, n'est-ce pas Six que tu vas bien ? demanda Paolo.

- Je vais bien papa, répondit-il timidement.

Le monarque salua le proviseur et se dirigea vers sa voiture. Il ouvrit la portière à sa femme et installa son fils à l'arrière avant de démarrer.

Le trajet se fit dans un silence étrange, Johanna observait son mari qui était concentré par sa conduite et Paolo qui avait les bras croisés puis Six qui gardait les yeux baissés. Elle finit par dire :

- Les garçons, on parle ?

- Dans dix minutes, répondit son mari froidement, le temps d'arriver au restaurant, de nous commander à manger avant que Six nous explique le pourquoi du comment du bordel qui a eût lieu à son école...puis il sera puni !

Six déglutit mais il ne dit rien. Dès qu'il avait vu son père, il avait su qu'il allait avoir des problèmes et se faire punir. Il fallait s'y attendre...