Me revoilà de nouveau dans le bureau de Sonia. J'ai une tête d'enterrement mais j'essaye de sourire : je vais peut-être obtenir un arrêt maladie plus conséquent ? Enfin, il ne faut pas trop rêver... Sonia m'observe et détecte tout de suite que je suis crevée et que les deux jours au travail ne m'ont pas fait du bien. On échange quelques mots à propos de ce que j'ai fait pendant mes jours d'arrêt puis on enchaîne sur mes deux jours, particulièrement mon lundi, seule journée que j'ai passée au travail. Je lui raconte tout en détails, y-compris la discussion entre Karine et Chloé. Je lui explique aussi comment s'est déroulé mon entrée dans le réfectoire.
- Un vrai fiasco ! m'emportais-je à moitié. Les agents de restauration qui nous servent à manger me regardaient toutes comme si j'étais un fantôme revenu à la vie, à croire que si l'on s'absente une semaine on disparaît à jamais de cet atelier ! Je me suis dirigée vers la table que je prenais d'habitude avec Lola tu vois, mais je m'aperçois qu'elle s'est déjà installée avec Chloé sa nouvelle « collègue préférée » ! C'est dégueulasse ! Elle se tape le mec qui m'a fait des attouchements pour me draguer et depuis c'est comme si j'étais devenue un extra-terrestre qui jette des lance-flammes ! Je ne comprends pas pourquoi elle ne m'adresse plus la parole, ce serait simplement parce que je lui ai dit que son mec du moment m'a agressé ? Elle est aveuglée par l'amour et elle n'a pas accepté je pense, ajoutais-je plus pour m'en convaincre que pour faire part de mes hypothèses à Sonia. Je suis pathétique.
Celle-ci me regarde avec compassion et me dit :
- La réalité est la chose la plus difficile à accepter. Je sais que ça a dû être dur. Je comprends tout à fait ta réaction, mais ce qui est vraiment décevant c'est le comportement de tous tes collègues et de Lola envers toi. Quand tu lui as dit ce qu'il t'a fait, la réalité était trop dure à accepter, elle a préféré faire comme si elle n'avait rien appris et a continué sa petite vie... en prenant soin de pourrir ta réputation au boulot et en disant à tout le monde que tu avais inventé des choses inimaginables sur votre boss...
- Ah bah pour ça, on peut dire qu'elle n'a pas raté son coup ! répliquais-je aussitôt.
- C'est vrai... Je pense qu'elle essayait à ce moment-là de garder « secret » sa relation avec Patrick, si on admet qu'ils sont dans une relation sérieuse, et c'est certainement pour ça qu'elle t'a dit par texto que tu étais jalouse de Clémentine. Hors de question pour elle de t'avouer qu'ils étaient ensemble ! Tout le monde l'a crue, car c'était pour eux une trop grosse épreuve que d'accepter la réalité. Et puis, si Lola est du genre populaire dans le mauvais sens du terme, tes collègues n'ont pas dû hésiter longtemps avant de se ranger de son côté.
- Mais, c'est complètement absurde ! Ils ne savent rien de ce qui s'est passé ! Et puis, j'étais appréciée ! Enfin quand même quoi...
- Ce genre de situation est plutôt courant en fait... Tu vois, il y a des gens qui ne supportent pas la vérité, ils préfèrent faire une croix dessus et croire en ce qui fait le moins mal, ce qui paraît plus probable. Mais toi tu n'es pas comme ces gens. Ça ne sert strictement à rien de repenser à toute cette histoire. Tu as besoin de changement. Puis, ce climat est nocif, il te faudrait changer d'air, non ?
- C'est clair !
- Je pense donc qu'il serait bien de commencer des recherches. La dernière fois tu m'as dit que tu ne t'étais jamais vraiment plu dans ton travail non ? Mais tu ne m'as pas dit pourquoi, y a-t-il une raison ?
Je me sens embarrassée par la question et je n'ose pas trop répondre. Voyant ma détresse Sonia s'empresse d'ajouter :
- À moins que cela ne te gênes de m'en parler, il n'y a pas de souci ! On y va à ton rythme, tu te souviens ?
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REMEMBER... That night
Teen FictionUn jour, ma meilleure amie Sandra m'a dit que pour sortir d'une période difficile, il fallait faire le récit de son quotidien et en tirer une leçon. Transformer le négatif en positif. J'ai trouvé que c'était débile et sur le coup, j'ai explosé de r...