~ SEVEN ~

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Je me réveille ce matin la tête sur la table de chevet. Impossible de savoir ce qui s'est passé cette nuit, mais il y a eu du mouvement ! Je retrouve ma lampe par terre, heureusement intacte, ainsi que mon portable dans mon lit séparé de sa coque et de mes écouteurs que je retrouve un peu plus loin sur le lino. Pour une fois depuis longtemps j'émerge de mon lit avec le sourire : pas d'alarme qui me réveille en sursaut en plein milieu d'un rêve. Seulement moi en pleine forme dans ma chambre encombrée de bordel et de linge sale ! Je me redresse, vêtue d'une culotte en guise de bas et d'un grand t-shirt blanc Nike qui efface aussitôt le sourire radieux que j'affichais un instant plus tôt.

C'est le t-shirt. Son t-shirt. Mon visage se décompose et mon corps tout entier est assailli par l'angoisse, la colère, la tristesse et la panique. Je reste une minute immobile, ne sachant que faire, prise par une foule d'émotions. Comment ai-je fait pour le mettre hier soir ? Je croyais l'avoir jeté ? Je cherche rapidement une explication plausible dans ma tête et en viens à la conclusion que j'ai du me tromper et mettre à la poubelle mon Levi's... QUELLE CONNE ! Quand je reprends enfin mes esprits j'enlève ce qui recouvre ma poitrine avec une brutalité qui m'est encore inconnue. J'ai soudain envie de le brûler, ou de le découper en milliers de morceaux de sorte à apaiser ma souffrance. Moi qui croyais que tu avais définitivement quitté ma vie...

Romain. Le prénom qui hantera mes pensées jusqu'à la fin de mes jours... J'enfile une robe de chambre en satin et décide de fouiller l'appartement à la recherche d'une trace qu'il aurait pu laisser sans qu'on s'en rende compte, prise d'une crise de paranoïa. Cependant, je décide rapidement d'arrêter tant je découvre de signes de son passage ici. J'ai eu beau lui hurler dessus qu'il devait tout prendre, le suivant dans chaque pièce pour être sûre qu'il n'oublie rien ! Ça n'a pas servi à grand chose, chaque objet et chaque pièce me rappelle qu'il a vécu ici pendant plus de trois ans... Je traverse l'appartement tête baissée, l'esprit ailleurs, une pomme verte à la main. Je me dirige dans ma chambre où je retrouve son t-shirt abandonné sur le sol trente minutes auparavant. À la seule vue de ce qui lui a appartenu, je me précipite en courant et m'étale sur mon lit. Je ne peux retenir mes larmes plus longtemps et j'éclate en sanglots.

Deux heures et demie plus tard, je me relève, sans doute parce que je suis à court de larmes... Mon lit est pour ainsi dire trempé, à croire que l'eau est l'élément qui me représente le mieux. Ironique quand on sait que j'ai une phobie de la piscine... Mes yeux sont gonflés, prêts à exploser d'une seconde à l'autre. Il faut que j'arrête de penser à lui. Vraiment. Je ne peux plus revenir en arrière. Il est parti. Pour de bon cette fois. Mais, il me manque, putain ! Tellement... Certes, il m'a fait du mal, j'en porte encore les marques... Mais je veux lui pardonner. Je dois lui pardonner et tourner la page pour enfin l'oublier !

Il est maintenant midi trois quarts et je n'ai rien avalé à part la moitié de ma Granny. Je me déshabille et enfile ma combinaison licorne avant de me rendre compte qu'il me l'avait offerte pour la Saint Valentin l'année dernière. Ma gorge se noue et mes yeux s'emplissent de larmes. Il faut que je sois forte. Je ravale ma salive et me dirige vers la cuisine sans changer de tenue. Je vais faire avec et essayer de le chasser de mes pensées. Je commence à me préparer une salade avec des crottins de chèvre gratinés au four. En attendant que les fromages fondent je m'empare de l'aspirateur pour faire disparaître les moutons qui volent à chacun de mes pas... Je décide enfin de passer un coup rapide derrière le frigo, ce que je ne fais jamais. Seulement, au moment où je passe le tuyau entre les grilles du réfrigérateur, je tombe sur une photo.

La photo. Notre photo. Décidément... Romain se tient derrière moi, il a sa main gauche sur ma taille et l'autre sur ma joue : il m'attrape le visage et m'embrasse tendrement. Je suis vêtue d'un débardeur noir et, en regardant le bas de la photo, on aperçoit mon vieux short militaire, acheté en cachette quand j'avais 18 ans car ma mère refusait catégoriquement de me le payer... Je jette un dernier regard à la photo, tentant de retenir la larme qui perle sous mon œil... Nous sommes devant la statue de Mickey, à Disneyland. Celui de Los Angeles.

REMEMBER... That nightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant