~ TWELVE ~

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Je me réveille en sursaut et me redresse dans mon lit. Et merde.
On est le 14.
Ce putain de 14.
J'appuie sur mon radio-réveil, histoire d'en être bien sûre et la voix insupportable de la femme enregistrée dans les GPS m'annonce avec une joie de vivre qui me donne la nausée :

- Jeudi 14 février 2019, 9h02.

Il fallait bien que cette journée me tombe dessus à un moment où ce n'est pas la grande forme... Même si bon, depuis mon dernier rendez-vous avec Sonia qui remonte un peu, je vais un peu mieux. Elle m’a recontactée il y a quelques jours, le rendez-vous chez l’hypnothérapeute est enfin pris, ce sera demain à quinze heures trente. Ce n'est pas trop tôt, il est temps que cette histoire soit révélée au grand jour ! Si histoire, il y a -bien entendu… J'attends donc demain avec impatience... Et angoisse !

Je n’en reviens toujours pas, quelle drôle d’idée m’a proposé Sonia ! Je reste sceptique quant aux « pouvoirs » de l’hypnose, mais si cela fonctionne, je serais la première à en être ravie ! La personne qui va s’occuper de moi se nomme Mme Reese. Rien qu’à l’entente du nom, elle a l'air plus coincée que Sonia ! J’étouffe un petit rire à cette pensée, puis me reprends en imaginant une sorte de sorcière manipulatrice ! Tout à coup, je rigole beaucoup moins…

Depuis mes précédentes séances avec Sonia j'ai respecté à la lettre ma checklist et j'ai eu la fierté de rayer quelques tâches de ce foutu papier ! Lorsque je sors de mes pensées, je décide de me lever et je me dirige vers la salle de bain une pile de vêtements sales sous le bras. Après réflexion, j'opte pour un bon bain avec une bombe aux fruits rouges, -fabriquée par mes soins- histoire de passer ne serait-ce qu'une bonne matinée. Tout était parfait jusqu'à ce que je plonge la bombe dans la baignoire... Ça moussait tellement que j'ai cru que l'appart allait être englouti par cette substance rose ! On se serait cru dans la suite du film « Ghostbuster », quand Dana Barrett - incarnée par Sigourney Weaver- prépare un bain pour son fils et que du slime rose bonbon envahit sa baignoire...

Je me plonge dans l'eau chaude et parfumée. Après avoir passé une bonne quarantaine de minutes à ressasser dans ma tête la totalité des scènes de ce film, je m'habille en vitesse et je me maquille, puis sèche rapidement mes cheveux à l’aide d’une serviette. En m'apercevant dans le miroir, je me rends compte que je me sens mieux dans ma peau... Et je dois bien avouer que je suis super contente de ma coupe de cheveux ! De par le fait qu'ils sont humides, ils ondulent et encadrent à la perfection mon visage et rayonnent de leur éclat noir corbeau. Ils sont en parfait accord avec mon teint mat et mes yeux vairons. Le droit est vert, le gauche noisette. « Le détail qui fait toute la différence ! » disait chaque fois ma mère en fixant mes prunelles. Cependant, un malaise persiste, caché au fond de moi...

Je reviens soudainement à la réalité, applique une couche de mascara à mon œil droit, le vert et baisse les yeux sur mon haut en crêpe avec son décolleté légèrement plongeant et repart dans une quête de vieux souvenirs...

Quand j'étais jeune, je ressemblais plus à un garçon manqué qu'à une jolie petite fille... Je ne mettais pas mon corps en valeur, j'étais toujours en jogging et baskets, au grand dam de ma mère. J'étais celle qui jouait au foot avec ses cousins le weekend, celle qui courrait et sautait sur la plage au bord de la Méditerranée après ma bande de copains. Je n'étais pas celle qui s'organisait des soirées pyjama entre filles, à se faire des ateliers manucure et petits secrets. Je n'étais pas non plus celle qui prenait soin de parfaire son bronzage en bikini sur la plage, quand l’âge est venu de le faire.

Enfin bref, j'étais cette personne peu féminine jusqu'à ce que je rencontre Sandra, au collège. C'est elle qui m'a fait changer. C'est elle qui m'a appris à mettre mes formes en valeur, à faire ressortir mes yeux avec du maquillage, à m'habiller avec classe selon l'occasion... En y repensant, ce n'était pas déplaisant... Pourtant, ce n'était pas toujours du goût de ma mère, qui ne voyait pas Sandra d’un très bon œil, mais qu’importe.

REMEMBER... That nightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant