~ SEVENTEEN ~

12 1 99
                                    

- T'es prêêêête ?

- J'A-RRIVE ooooh la la la la la la la laaaaa !! C'est pas possible, grognais-je, le bras droit dans la manche gauche de mon imperméable, des chaussettes dépareillées aux pieds et ma brosse à dents qui manque de tomber et que je retiens en mordant dedans. Comment vous dire que ce matin, c'est la course... !!

- Sans déconner, je vais finir par être à la bourre à mon rendez-vous Johana !! Magne-toi, putain !!

Lorie s'énerve contre moi depuis une bonne dizaine de minutes, et je suis au bord des larmes... Je ne parviens pas à maitriser le fou-rire qui me prend depuis notre réveil en catastrophe, ce qui a le don de la rendre exécrable.

- Lo, détend-toi !! Après tout, ça fait trois fois qu'ils décalent leur noces... Ils peuvent bien attendre un peu, tu ne penses pas ? Lui dis-je, en retenant un gloussement qui me fit cracher une partie de mon dentifrice sur le comptoir de la cuisine.

- Sérieusement, Johana ? SÉRIEUSEMENT ??!!!

Cette fois-ci, j'explose de rire pour de bon, et m'enfuis en courant dans la salle de bain pour me rincer la bouche avant de ne faire plus de dégâts. Je me passe un coup de peigne et m'aperçois au passage que mes pointes commencent à devenir cassantes, ce qui me fait réaliser que je n'ai pas dû aller chez le coiffeur depuis un petit moment... J'enfile une paire de bottines noires cloutées, mon sac à main et mets correctement mon imper' noir ciré avant de prendre mes clefs et de dépasser Lorie qui m'attendais, bras croisés sur sa poitrine devant la porte.

- T'en as mis, du temps, dit-donc !! Me fit-elle remarquer, et je fis genre de ne pas l'avoir entendue en m'engouffrant dans les escaliers.

Une fois dehors, je me presse afin de monter en voiture, et à la seconde où Lorie ferme sa portière, assise sur le siège du mort, je me lâche et un rire franc s'échappe de ma gorge déployée. Je plisse les yeux et des larmes en coulent, mais je parviens tout de même à entrevoir un sourire se dessiner sur les lèvres de ma cousine.

- Oui, booon, c'est bon là... Démarre, a lieu de te bidonner comme ça !!

Je m'exécute, et lorsque je tourne au coin de la rue, j'entends Lorie marmonner :

- Tout de même, c'est incroyable !!

- Ah ça, tu l'as dit !! Répliquais-je, un semblant de rire dans la voix.

Lorie me jette un regard furibond, ce qui ne fait que grandir mon envie de repartir à rire, mais je me contiens et reste concentrée sur la route.

- C'est quelle rue déjà ?

- Rue de Villersexel, il me semble. Près de la rue de l'Université, répond ma cousine.

Un cours silence s'installe dans l'habitacle, et je reprends la parole :

- Je suis désolée Lo, j'avais complètement oublié ce matin !! Avec notre soirée film, j'étais fatiguée, puis je ne me suis pas souvenu que tu étais attendue...

- Oh, arrête. C'est pas la mort. Comme tu dis, ils attendront. La circulation est horrible à ce moment de la journée, ils sont censés s'en douter, non ?

Son intonation sonnant comme une question rhétorique, je ne prends pas la peine de répondre, et je m'arrête au feu rouge.

- J'ai vraiment coupé l'alarme ?

- Enfin, combien de fois je vais devoir te le dire !! Je dormais, tu dormais, j'ai entendu un bruit qui m'a sortie de mon sommeil, tu as baragouiné je ne sais quoi, tendu le bras, éteins ton alarme, t'es retournée, et rendormie aussitôt. J'ai pas réfléchis, et comme j'étais moi aussi la tête dans le coltard, je suis retombée quelques instants plus tard, avant d'être à nouveau réveillée mais cette fois-ci par toi, hurlant sur ton téléphone qui, je cite, dis-je en mimant des guillemets avant de remettre les mains sur le volant, "n'est ps foutu de sonner quand il faut sonner".

REMEMBER... That nightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant