Le tic-tac infernal de l'horloge ne cesse de retentir dans la salle d'attente vide. J'essaye de me détendre, mais pas moyen, ma respiration a décidé de n'en faire qu'à sa tête et je peine à avaler ma salive en imaginant ce qui se passe dans la pièce d'à côté. Je plonge mon regard dans l'activité incessante des piétons et des voitures qui vont et viennent dans une valse de Vienne bruyante, et c'est à cet instant que je me pose la question fatidique : suis-je prête pour cela ? L'angoisse me ronge, je tape du pied frénétiquement sur le sol et me lève, sans raison particulière.
J'inspire du plus profond de mon âme l'air de la pièce et le recrache rempli de CO2 comme s'il était la cause de tous mes maux, plusieurs fois de suite, et reconnais qu'au final ce n'est pas aussi stupide qu'on le croit. Pour tenter de me rassurer, je décide de faire quelques recherches sur le cabinet d'hypnothérapie et sur la praticienne qui s'apprête à me recevoir, Mme Reese. Vous devez sûrement penser que ce n'est pas le meilleur moment pour le faire et que depuis hier j'ai eu le temps de m'en occuper, et pour tout vous dire vous avez sans doute raison... Seulement, la vérité est que je ne suis pas à l'aise avec ce sujet. J'ai préféré appuyer sur « skip » dans ma tête et oublier cette partie de ma vie qui allait désormais faire partie de mon quotidien plutôt que de m'imaginer allongée sur un canapé en compagnie d'une inconnue se frayant un passage dans mes souvenirs.
Quelques instants plus tard, grâce à mon meilleur ami Google Maps, je trouve quelque images qui me rassurent et un récapitulatif des études de l'hypnothérapeute, ce qui a le don de grandement me soulager. Mais pas le temps de me reposer sur mes lauriers, car j'entends déjà des voix provenant du couloir et en un claquement de doigt, ma sérénité s'envole.
- Madame Bossolini ?
Voilà deux mots qui deviennent bien trop réguliers à mon goût, me dis-je en levant la tête.
- Enchantée, me dit la femme châtain d'une trentaine d'années en m'adressant un large sourire.
- De même.
On échange une poignée de main et elle m'indique la porte juste en face, joignant son geste à la parole :
- Par ici s'il vous plaît.
Comme à mon habitude, je jette un œil autour de moi et constate que la photo du cabinet est conforme à la réalité. Je reste debout, stoïque, observant les quatre coins de la pièce mais sentant le regard de la praticienne sur moi, je me retourne.
- Faites comme chez vous, lors des premiers rendez-vous les patients sont souvent stressés, prenez le temps qu'il vous faut ! Je vais m'installer dans le fauteuil juste ici, vous n'aurez qu'à vous asseoir dans le canapé.
Je hoche la tête en signe de compréhension, puis prends quelque secondes histoire de respirer profondément avant de me placer face à elle.
- Je suis désolée, je n'arrive pas à parler... Le stress me bloque complètement !! Tentai-je d'expliquer à la femme qui me regardait attentivement.
- Vous n'avez pas à vous excuser, c'est tout à fait normal de ne pas être à l'aise dans un environnement que vous ne connaissez pas. Tenez, prenez donc un verre d'eau pour vous rafraîchir, me dit-elle avec un regard bienveillant. Sonia m'a transféré votre dossier, j'ai pu échanger quelques mots avec elle avant notre rendez-vous et elle m'a vaguement expliqué la manière dont s'est déroulée votre dernière séance...
- Oh là...
- Pas de quoi en faire un psychodrame, rassurez-vous !! Sonia m'a simplement dit qu'elle avait décelé chez vous une sorte de traumatisme à l'annonce de cette intuition dont vous lui avez fait part. Il semblerait que vous soyez tourmentée par toutes sortes de maux, certains sur lesquels vous travaillez ensemble, et d'autres dont elle ne connaît pas la nature mais est certaine de l'existance.
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REMEMBER... That night
Teen FictionUn jour, ma meilleure amie Sandra m'a dit que pour sortir d'une période difficile, il fallait faire le récit de son quotidien et en tirer une leçon. Transformer le négatif en positif. J'ai trouvé que c'était débile et sur le coup, j'ai explosé de r...