Je cherche sur mon IPad une psychologue qui travaillerait dans le coin. Aucune envie de traverser tout Paris pour raconter ma vie et faire chauffer ma carte bleue ! J'en trouve une deux rues derrière chez moi, Mme Grimit. Elle doit être nouvelle car je ne la connais pas, et n'en ai jamais entendu parler. Je me renseigne auprès de sa secrétaire qui me donne un rendez-vous dans deux jours. Je suis étonnée de la rapidité à laquelle j'obtiens un rendez-vous mais me réjouis. Je navigue sur le net et découvre un blog où elle explique dans les grandes lignes le déroulement d'une séance, le fonctionnement de son cabinet... Je trouve aussi des photos de sa salle de réception, de sa salle d'attente qui au passage est bien plus accueillante que celle de M. Blanchard et une photo de la pièce ou je serais sans doute en train de pleurer dans deux jours.
Pour passer le temps, je bouquine dans mon canapé en attendant que mes Croque-Monsieur finissent de cuire. Je tourne la page de mon livre intitulé « Les Chiens » d'Allan Stratton et sens venir à mes narines une délicieuse odeur de pain grillé. À moins que ce ne soit une odeur de pain cramé ? Merde, mes Croques ! Et voilà, c'est toujours ce qui arrive quand je me plonge dans un bouquin ! Je ne fais gaffe à rien d'autre et je m'étonne des conséquences ! Quelle conne ! Bon, enfin... Il reste deux tranches de jambon, ce que j'aime le moins, génial, et deux toastinettes de cheddar... Au moins je ne vais pas mourir de faim ! Je sors du congélateur un sachet de rondelles de carottes que je fais cuire en deux minutes au micro-ondes. Merci Picard ! Mon « repas » prêt je me mets à table et commence à manger tranquillement. Seulement, je me replonge quelques minutes plus tard dans mon bouquin et en oublie de manger.
Je reviens sur Terre à quatorze heures trente-deux et m'aperçois que mon repas est froid. Il est trop tard pour le faire réchauffer. Oups ! Je passe l'après-midi le nez dans mon livre sans voir le temps qui passe. À seize heures et quelques je suis même obligée de fermer les volets et d'allumer la lumière, il fait tout noir ! Je passe la soirée à me détendre comme M. Blanchard me l'a conseillé. Je me prends un bain et me prépare une salade tomate, mozzarella, basilic avec deux œufs et des mouillettes. Et une Granny-smith en dessert évidemment ! J'aime trop les pommes vertes je pourrais passer ma vie à en manger !
La soirée se déroule le mieux du monde et je finis par m'endormir la tête dans mon livre.
***
Le temps est passé si vite ! On est aujourd'hui mercredi et je me retrouve devant la porte du cabinet de ma nouvelle psychologue. Qu'est-ce que je fais ? J'y vais ? J'y vais pas ? Rhaaa j'en ai marre il faut que je me décide. Je pourrais très bien téléphoner au secrétariat, dire que j'ai la colique et que je suis cloîtrée au lit... Ou alors je peux aussi rentrer dans ce cabinet et attendre bien gentiment dans la salle d'attente ! Et c'est d'ailleurs ce que je vais faire ; si le médecin m'a prescrit des séances chez un psychologue c'est parce que j'en ai besoin ! Il a beau avoir une tête de con il sait ce qu'il fait ! Enfin je suppose...
J'ouvre donc la porte et entre avec hâte dans le couloir qui fait office d'accueil. Je regarde autour de moi : sur ma gauche il y a une sorte de comptoir avec derrière une petite femme trapue. Sur ma droite un dépotoir à parapluies et en face, un interminable couloir avec au fond la fameuse salle d'attente. Je me présente à la femme derrière le bar qui me répond aimablement d'aller m'asseoir en salle d'attente, troisième porte à gauche. J'étouffe un petit rire en repensant à une blague pourrie datant du collège et me dirige vers la troisième porte sur ma gauche. La salle est lumineuse malgré les gros nuages noirs dehors qui annoncent un orage pour la fin d'après-midi. La décoration est moderne, les meubles sont design et heureusement ÇA SENT BON ! Je suis aux anges, finalement les psychologues n'ont pas l'air si terrible que ça. Je m'attendais à une sorte d'abattoir, un endroit d'où tu n'es pas sûr à cent pour cent de ressortir ! Mais je me suis simplement faite avoir par de gros clichés ! Je plonge mon regard dans les nuages qui commencent à se dissiper au-dessus des immeubles haussmanniens de mon quartier.
Je sors de mes rêveries lorsque j'entends mon nom. Une femme très classe se tient debout à côté de moi et m'adresse un grand sourire que je prends soin de lui rendre. À ce moment précis, je me sens si petite à côté d'elle. Elle est brune et a des cheveux bouclés qui tombent en cascade sur ses épaules. Elle porte une superbe robe émeraude qui la sublime encore plus. C'est étrange comme on se ressemble, c'en est troublant même. Nous nous dirigeons sur la droite, je lui serre la main et entre dans une pièce assez spacieuse. Pas de sofa, seulement un bureau assez stylé et deux gros et bons fauteuils en similicuir. Je m'installe face à elle et m'attends à ce qu'elle m'adresse les fameuses questions à la con auxquelles je n'oserais pas répondre. À ma grande surprise elle me regarde et prend la parole :
- Je me présente, je m'appelle Sonia Grimit. Je suis ravie de faire votre connaissance. Je vais vous expliquer le déroulement d'une séance et si vous le voulez bien ensuite nous commencerons. Cela vous convient ?
Je hoche la tête et elle continue.
- Lorsque je suis en rendez-vous avec quelqu'un je préfère que l'on s'appelle par nos prénoms. Le concept peut troubler de prime abord, d'où cette précision : je trouve que cela favorise la confiance en soi, s'appeler par nos noms de famille durcis entre guillemets l'ambiance et l'échange est trop formel. Ainsi nous nous parlons d'égal à égal. Ça ne vous dérange pas j'espère ? Les premières séances, le fait de se tutoyer peut être assez perturbant...
Je la regarde, assez étonnée puis bredouille :
- Hum, euh, oui. Enfin non, ça ne me dérange pas.
- Entendu, Johana ! C'est bien ça ?
- Exact, Sonia !
Une drôle d'impression s'insinue en moi, mais mon sérieux reprend le dessus.
- En début de séance je fais souvent un petit compte rendu de la précédente et on voit ensemble s'il y a de l'évolution. Ensuite, tu me dis ce qui te touches le plus en ce moment, tu m'expliques ce que tu as sur le cœur et on essaye de trouver des solutions à tes problèmes, on échange. Tu n'es pas obligée de tout me dire. Le plus important c'est d'avancer à ton rythme. On parle de ce dont tu veux parler. Tu es le seul maître à bord.
- Me voilà bien rassurée, je souffle. J'avais peur de devoir répondre à une sorte de questionnaire ou...
- Oh la ! Pas du tout, ce ne sont que des à priori ! Moi je suis là principalement pour te donner des sortes de conseils qui te permettent de trouver toi-même des solutions. Bien évidemment, je vais te poser des questions. Elles te paraîtront parfois bêtes, déplacées, évidentes, mais on refuse la plupart du temps de nous les poser nous-même de peur de dire à voix haute la réponse ; ce que nous allons justement faire. Je ne te les pose pas dans le but de te déstabiliser ou de te faire du mal, bien sûr !! Elles vont m'aider et selon la réaction que tu auras je me ferais un avis qui va m'éclairer ! J'aurais toujours un carnet sur lequel je vais noter tes réactions, les problèmes qu'il y a et aussi des idées de solutions. Bien sûr je te tiens au courant de la moindre information. As-tu des questions, des remarques ou toute autre chose à me dire ?
Je réfléchis un instant puis fini par dire :
- Qu'est-ce qui est le plus dur en fait ? C'est de se confier ou d'arrêter ?
Elle explose de rire et la séance peut enfin commencer. Sonia est très gentille. Le fait de se tutoyer m'aide à ne plus l'imaginer comme une parfaite inconnue débarquant dans ma vie pour régler mes problèmes, mais plutôt comme une sorte d'amie, une nouvelle rencontre à qui je peux me confier sans qu'elle ne me juge, et pour moi c'est le plus important. On a parlé de ma dépression et de mon boulot dans lequel je ne me plaît pas, mais je ne me suis pas sentie prête à lui avouer ce que m'a fait mon supérieur. Disons qu'on a parlé en survolant de très loin la situation actuelle... En attendant elle m'a conseillé de faire ce qui me plaisait pendant ces quelques jours d'arrêt maladie et de me reposer.
Et puis bah je reprends le boulot lundi. Oh la la...
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REMEMBER... That night
Novela JuvenilUn jour, ma meilleure amie Sandra m'a dit que pour sortir d'une période difficile, il fallait faire le récit de son quotidien et en tirer une leçon. Transformer le négatif en positif. J'ai trouvé que c'était débile et sur le coup, j'ai explosé de r...