~ NINE ~

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Cela fait une semaine que je moisis dans cette putain de chambre. Nausées sur nausées, tests sur tests, j'ai dû avaler des centaines de comprimés alors qu'on me vidait le corps de tous ceux que j'avais ingurgités. Ma mère s'est rendue chez Romain -notons qu'elle a pris soin de ne pas me dire quand elle y est allée, et lui a rendu la clé USB en question, qu'elle a passé une heure à chercher dans mon bureau, pour la retrouver coincée derrière une étagère. J'ai volontairement « oublié » de lui dire de lui rendre son t-shirt Nike. On ne sait jamais, peut-être qu'un jour je voudrais le lui apporter...

En attendant il est temps pour moi de signer la paperasse pour attester de ma présence ici pendant une semaine et de m'en aller : ça doit faire trois jours que j'ai demandé à l'infirmière de préparer mes affaires, j'avais tellement hâte de partir... N'empêche, j'ai eu le temps de rencontrer des gens qui ont été vachement sympas avec moi : Corine, Maëva et Abigaël. Corine, elle, s'est fait percuter par une voiture alors qu'elle traversait sur le passage piéton. Elle est immobilisée depuis trois jours car son épaule droite et sa cheville la font souffrir. Maëva est plutôt du style girly-girly que j'adore, mais qui m'énerve rapidement. Elle s'est brisé une côte en tombant sur un podium lors d'un défilé entre amies. Et puis il y a Abigaël, sans doute la plus timide du trio. Elle est anorexique et souffre parfois de dépression, ce qui l'oblige en permanence rester à l'hôpital sous la supervision des médecins. Je pense que c'est elle qui m'a donné la force de me reprendre en mains. J'adore Abby, mais... je ne pouvais pas finir comme elle. Non. C'était impossible...

Le matin chacune vaquait à ses occupations tranquillement. Entre les coups de fils, les bouquins, la télé et tous les soins qu'on nous prodiguait, nos matinées étaient chargées. L'après-midi on restait toutes les trois dans la salle commune, on jouait aux cartes et je montrais à mes nouvelles camarades des tours de magie. Les blagues de Coco redonnaient le sourire à Abby, et dans ces moments là je me disais que peut-être, elle finirait par s'en sortir. Par se sauver de ses démons... Le soir après des représentations de théâtre ou des karaokés on se retrouvait ensemble à l'arrière du bâtiment dans un couloir peu fréquenté et on se racontait des blagues, ou bien on écoutait simplement le silence. Un truc rare dans un hôpital dont il faut profiter. Je me remémore ces moments ensemble, qui dorénavant n'auront plus lieu.

J'ai rencontré en premier Abigaël. Je ne supportais pas de rester cloitrée dans ma chambre, ces deux jours étaient de trop... Je me suis échappée en pleine nuit et me suis baladée dans les couloirs sombres, éclairés par la faible lueur de la lune en cet hiver un peu frisquet... Alors que j'arrivais dans l'aile réservée aux patients atteints de troubles psychiatriques, j'ai entendu quelqu'un pleurer.

- Il y a quelqu'un ? Demandai-je en prenant soin de chuchoter.

Aucune réponse ne m'est parvenue, cependant les pleurs ont cessés.

- Vous avez besoin d'aide ? Ajoutai-je en guise de deuxième essai.

Toujours rien. Je me retournais tant bien que mal dans ce fauteuil que je parvenais à peu près à maîtriser, observant les alentours, et c'est là que je l'ai vue. Cette fille, toute menue, recroquevillée par terre derrière une poubelle, reniflant presque silencieusement.

- J'arrive, lançais-je pour la prévenir de mon arrivée, mais la jeune fille pris peur et se releva d'un coup, si bien qu'elle commença à vaciller, main sur la tête, comme prise soudain d'un vertige.

Je me précipitais vers elle, parvenant avec difficulté à m'extraire du fauteuil, et la rattrapai avant qu'elle ne tombe. Quelle fut ma surprise quand je m'aperçus qu'elle était légère comme une plume !

- Tout va bien ? Qu'est-ce qui se passe ? J'appelle quelqu'un ?

- Non, surtout pas !

REMEMBER... That nightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant