18ème Chapitre l''attente

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Harry ne se souvenait pas d’avoir jamais passé une nuit aussi longue. À un moment, Sirius suggéra,
sans grande conviction, qu’ils feraient peut-être bien d’aller se coucher mais le regard dégoûté des Weasley lui tint lieu de réponse. Ils passèrent la plus grande partie du temps assis en silence autour de la table à regarder la mèche de la chandelle s’enfoncer de plus en plus dans la cire liquide. Parfois, ils portaient une bouteille à leurs lèvres, ne parlant que pour vérifier l’heure ou se demander à haute voix ce qui se passait et se rassurer les uns les autres. Ils se disaient que s’il y avait de mauvaises
nouvelles, ils le sauraient tout de suite car Mrs Weasley devait être arrivée depuis longtemps à Ste Mangouste.
Fred tomba dans un demi-sommeil, la tête penchée sur son épaule. Ginny était lovée comme un chat
sur sa chaise mais gardait les yeux ouverts

Ron était assis la tête dans les mains sans qu’on puisse savoir s’il était éveillé ou endormi.
Cassandra toujours assise sur les genoux d'éthan, luttait contre le sommeil. Parfois, sa tête s'affaissait et elle la redressait brusquement.  presque aussitôt.
Enfin, Harry et Sirius échangeaient un regard de temps à autre, tels des intrus dans une famille frappée par le
malheur, et attendaient… attendaient…

À dix heures et demie du matin d’après la montre de Ron, la porte s’ouvrit et Mrs Weasley entra dans
la cuisine. Elle était d’une extrême pâleur mais, lorsque tout le monde se tourna vers elle – Fred, Ron
et Harry se levant à demi de leurs chaises –, elle esquissa un sourire.
— Il va s’en sortir, annonça-t-elle, la voix affaiblie par la fatigue. Pour l’instant, il dort. On pourra
tous aller le voir un peu plus tard. Bill est resté avec lui. Il a décidé de ne pas aller travailler ce matin.
Fred retomba sur sa chaise, le visage dans les mains. George et Ginny se levèrent et se précipitèrent
sur leur mère pour la serrer dans leurs bras. Ron eut un petit rire chevrotant et avala d’un trait le reste
de sa Bièraubeurre.

— Petit déjeuner ! dit Sirius d’une voix forte et joyeuse en se levant d’un bond. Où est ce maudit elfe
de maison ? Kreattur ! KREATTUR !
Mais Kreattur ne répondit pas à l’appel.
— Bon, tant pis, marmonna Sirius en comptant le nombre de personnes présentes. Alors, un petit
déjeuner pour… – voyons – sept. Œufs au bacon, j’imagine, avec du thé et des toasts…

Harry se hâta vers le fourneau pour apporter son aide. Il voulait laisser les Weasley à leur bonheur de
savoir que leur père était sauvé et redoutait le moment où Mrs Weasley lui demanderait de lui raconter sa vision. Mais à peine avait-il pris des assiettes dans le buffet que Mrs Weasley les lui arracha des mains et le serra contre elle.
— Je me demande ce qui se serait passé sans toi, Harry, dit-elle d’une voix étouffée. Arthur serait
resté là des heures avant qu’on le découvre et, alors, il aurait été trop tard. Mais grâce à toi, il est vivant et Dumbledore a pu inventer une histoire plausible pour justifier la présence d’Arthur là-bas.
Sinon, tu ne peux pas imaginer les ennuis qu’on aurait eus, regarde ce pauvre Sturgis…

Harry avait du mal à supporter sa gratitude. Heureusement, elle le lâcha bientôt pour se tourner vers
Sirius qu’elle remercia d’avoir pris soin de ses enfants tout au long de la nuit. Sirius répondit qu’il était ravi d’avoir pu se rendre utile et espérait les voir demeurer chez lui aussi longtemps que Mr Weasley serait à l’hôpital.
— Oh, Sirius, je te suis tellement reconnaissante… Il devra rester un petit moment là-bas et ce serait
merveilleux d’être un peu plus près… Bien sûr, ça signifie qu’on passera peut-être Noël ici.
— Plus on est de fous, plus on rit ! dit Sirius avec une telle sincérité que Mrs Weasley lui adressa un sourire radieux.
Elle mit ensuite un tablier et aida Méredith à préparer le petit déjeuner.

— Sirius, murmura Harry, incapable d’attendre une minute de plus. Est-ce que je peux te parler un
instant ? Heu… maintenant ?
Il se dirigea vers le garde-manger où Sirius le suivit. Sans préambule, Harry raconta alors à son
parrain tous les détails de la vision qu’il avait eue, y compris le fait que c’était lui, dans la peau du
serpent, qui avait attaqué Mr Weasley.
Lorsqu’il s’interrompit pour reprendre son souffle, Sirius demanda :
— Tu as raconté tout ça à Dumbledore ?
— Oui, répondit Harry d’un ton agacé. Mais il ne m’a pas dit ce que ça signifiait. D’ailleurs, il ne me dit plus rien du tout.
— Je suis sûr qu’il t’aurait prévenu s’il fallait y voir quelque chose d’inquiétant, assura Sirius.
— Mais ce n’est pas tout, reprit Harry d’une voix à peine plus forte qu’un murmure. Sirius, je… je
crois que je deviens fou. Dans le bureau de Dumbledore, juste avant qu’on prenne le Portoloin…
pendant un instant, j’ai cru que j’étais un serpent. Je me sentais serpent… Ma cicatrice m’a vraiment
fait mal quand j’ai regardé Dumbledore… Sirius, j’ai eu envie de l’attaquer, lui !

CASSANDRA BLACK Tome 7   ARIA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant