"I just wanted to take another look at you." ―Jackson- Pourriez-vous au moins me dire où on va ?
- Je ne vous ferez pas ce plaisir. Lui répondit-il bien décidé à profiter de la situation pour l'embêter un peu.
Elle ne dit plus rien et se contenta de le suivre. Ils arrivèrent alors dans un petit salon. D'ici, il y avait une vue imprenable sur les montagnes.
Quelques fauteuils étaient posés de part et d'autre. Mais contrairement à toutes les pièces du château, aucun feu ne brûlait dans la cheminée. Cependant, des petites bougies scintillaient. Elles étaient posées sur un petit autel. Celui-ci, contre le mur, était décoré de flocons de papier et de feuilles de gui. Il y avait aussi un bouquet de roses blanches, reliées avec un ruban rouge. Le même ruban qu'Elsa avait à ce moment-là dans les cheveux.
Elle s'avança doucement. Edmund la suivait avec attention. Il guettait sa réaction.
La jeune femme finit par poser les mains sur l'autel et par frôler les flocons des doigts. Ils étaient parés de dessins enfantins. Certains étaient signés "Edmund".
- Edmund ? J'imagine qu'il s'agit de vos œuvres, lui lança-t-elle.
- Très perspicace. Vous savez lire, lâcha-t-il d'un ton détaché.
- À qui cet autel est-il destiné ? Je ne comprends pas...
- Levez les yeux Elsa, lui répondit le prince.
Elle fit ce qu'il lui demandait sans se poser plus de questions. Un portrait était accroché au mur juste au-dessus de l'autel. On y voyait une petite fille. Elle ne devait pas avoir plus de cinq ans. Et encore, Elsa était sûre que la robe qu'elle portait la vieillissait.
On aurait dit une petite princesse. Elle avait les cheveux châtains, coupés aux épaules. Ils étaient retenus par un joli nœud rouge. Ses yeux bleus pétillaient de malice, comme si elle venait de faire une énorme bêtise.
Plus bas, gravé sur le cadre, il était écrit en lettres dorées « Repose en paix petit flocon. En souvenir de la petite duchesse De Nothigtfall ».
- Votre Altesse ? J'aimerai des explications, prononça-t-elle alors troublée.
La petite fille lui disait quelque chose, c'était comme si elle l'avait déjà vue quelque part. Sans compter ce ruban rouge. Il était identique au sien. Il s'agissait surement d'une simple coïncidence, mais elle se posait quand même des questions. Le portrait la mettait mal à l'aise. Elle sentait comme une boule se former à l'intérieur de son ventre. Il l'angoissait. Le visage de la petite duchesse ne la quittait pas des yeux. Ses yeux bleus la fixaient, yeux qui étaient presque identiques aux siens.
Elle chancela, peinant à rester debout et finis par se mettre dos au portrait afin de ne plus le voir. Le prince fonça les sourcils d'un air soucieux et lui prit la main dans un geste tendre.
- Je suis désolé. Je n'aurais pas dû vous emmener ici, dit-il en la tirant dans le couloir.
Elle se laissa faire sans rien dire et s'appuya contre le mur une fois sortie de la pièce. Dans un souffle, elle se tourna vers le jeune homme, qui ne la quittait plus des yeux.
- Oui, je vais vous donner les explications que vous attendez. Mais laissez-moi vous prêter mon pull et vous emmener dans un endroit plus accueillant. Vous êtes gelée.
Elsa hocha la tête. Le visage souriant de la petite fille était encore ancré dans son esprit et il lui était impossible de réfléchir correctement pour le moment. Elle sentit seulement les bras du prince glisser un pull sur ses épaules et sa main prendre la sienne, pour l'emmener dans un petit salon. Ici, la cheminée flambait doucement. Edmund lui fit passer une couverture, dans laquelle elle s'enroula en frissonnant.
- Elle s'appelle Elsa. Comme vous. Enfin... elle s'appelait Elsa. Elsa Annah de Nothigfall. Elle vous ressemble énormément. Et c'est pour cela que je suis si froid avec vous depuis le début de votre séjour. Vous m'intriguez tellement votre ressemblance est frappante. Mais en même temps vous me rappelez tant de mauvais souvenirs. Je voulais seulement vous expliquer pourquoi j'étais comme cela. Vous dire que vous n'y étiez pour rien. Je n'aurai jamais pensé que cela vous mettrait dans de tels états, commença-t-il en fixant les flammes qui dansaient dans la cheminée.
La jeune femme hocha doucement la tête. Elle comprenait, et elle ne lui en voulait pas. Et puis comment pouvait-elle lui en vouloir ? Il n'avait rien fait de mal après tout, et puis elle ne voulait pas se mettre en mauvais termes avec lui. Elle ferma un instant les yeux avant de se rapprocher de lui.
- Vous n'y êtes pour rien. Ne vous torturez pas l'esprit avec ça. J'ai juste été... comment dire ? Choquée par la ressemblance entre la petite duchesse et moi. Nous avons beaucoup de points communs toutes les deux. C'est particulièrement perturbant. Alors je me mets très bien à votre place quand vous m'avez rencontrée. Ça a dû vous faire un choc.
Il se tourna vers elle et lui fit un petit sourire. Elle avait totalement raison.
Elsa le sentait au fond d'elle, ce ne pouvait pas être de simples ressemblances. Il y avait quelque chose entre elle et la petite fille du portrait.
- Votre Altesse... vous voudriez bien me raconter un peu plus l'histoire de cette Elsa. Disons cette Annah. C'est trop perturbant sinon, je n'y arrive pas.
- Appelez-moi Edmund, lui répondit-il. Et si vous voulez bien sûr. C'était la seule qui me considérait autrement que comme le prince. Elle portait toujours un ruban rouge dans ses cheveux. Un peu comme vous aujourd'hui. Je lui avais offert pour son anniversaire et elle ne l'avait jamais quitté. Jusqu'au jour de Noël. Elle avait quatre ans et j'en avais tout juste six. Pour la première fois, on ne passait pas le réveillon tous les deux ici. Elle était partie avec ses parents sur un paquebot. Ils avaient décidé de s'offrir une croisière pour Noël. Le matin du vingt-cinq décembre quand je me suis réveillé, les cadeaux étaient posés au pied du sapin. Mais personne n'avait le sourire. Mon père avait des cernes sous les yeux et ma mère ne cessait d'éponger ses larmes.
Il marqua une pause et ramena ses genoux contre lui. Ça lui faisait du bien de raconter ça à quelqu'un d'extérieur, et pas à un énième psychologue ayant pour seul but de profiter de l'argent de ses parents.
- Ils m'annoncèrent alors qu'il y avait eu une immense tempête en mer. Entre la neige, le brouillard et les vagues, ils n'avaient rien retrouvé ni du bateau, ni des passagers. C'est à ce moment-là que j'ai arrêté de croire à Noël.
Elsa baissa la tête et attrapa la main du prince. Son comportement s'expliquait maintenant. En repensant à sa première après-midi avec Ange, elle fit aussi le lien avec la petite princesse de Noël. Ce n'était donc pas réellement une princesse mais une duchesse.
- Je suis désolée. Sincèrement désolée Edmund.
Il lui accorda un sourire un peu triste.
- Cela m'a fait plaisir de vous en parler. C'est comme si je vous connaissais depuis toujours. Il doit s'agir d'une astuce d'infirmière.
Elle hocha la tête en lui rendant son sourire. Il y avait quand même quelque chose qu'il ne savait pas. Mais il était hors de question qu'elle lui en parle maintenant. Il était assez bouleversé et elle aussi. Elle prétexta alors la fatigue pour s'éclipser de la pièce et aller se coucher.
Le prince resta encore un moment à observer le ballet des flammes dans la cheminée. Il était tenté de se laisser bercer par l'illusion et de croire au fait qu'elle pouvait être Annah. Que sa chère Ann' ne serait finalement pas morte en cette glaciale nuit de décembre. Il avait envie de croire au miracle, de se laisser convaincre par la magie, et de vivre Noël avec des yeux d'enfant.
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Flocons Royaux
Teen FictionCroyez vous à la magie de Noël ? Cette gelée d'amour, qui vous colle à la peau tout le mois de Décembre. Elsa n'y a jamais cru. Infirmière dans un hôpital en banlieue parisienne, son Noël à elle c'est plutôt boulot et sapin en plastique. M...