20| Tomber la chemise (et piqûre de rappel)

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"A woman's heart is a deep ocean of secrets." — Rose

Le lendemain, à quelques kilomètres du palais...

Elsa était debout, face à une grande pierre grise. Une pierre tombale. 

''En hommage au Duc et à la duchesse de Nothigtfall'' était il gravé dessus. 

Autour d'elle, des dizaines de croix formaient un sinistre paysage en noir et blanc. Le gris de la pierre se fondait dans le blanc de la neige. Elle tenait un bouquet de roses blanches à la main. 

Pour une fois, ses cheveux étaient délicatement coiffés, ses lèvres rehaussées d'un doux rouge et elle avait troqué une tenue d'ordinaire simple, pour une robe bleue. La révélation qu'elle avait eu lui permettait enfin de trouver sa place. 

La jeune femme entendit alors un bruit dans la neige, comme si un animal approchait. En effet, un cheval s'approchait d'elle. Sur son dos, le prince semblait surpris mais heureux de la trouver ici. 

Elle releva la tête, des larmes plein les yeux, mais un sourire aux lèvres.

- Edmund... qu'est-ce que tu fais ici ?

Il descendit alors de son cheval sans rien dire. Ses pieds s'enfoncèrent avec un crissement dans la neige.

- Je suis venu te rendre ce qui t'appartient, prononça-t-il doucement en s'approchant d'Elsa.

Elle le regarda sans comprendre avant qu'il sorte un ruban rouge de la poche de son manteau. Elle fit quelques pas vers lui. Une fois en face d'elle, il finit par enlever ses gants et lui caressa la joue pour essuyer ses larmes.

- Je peux ? Demanda-t-il en passant sa main dans ses cheveux plein de neige, il leur manque quelque chose d'essentiel.

Elsa hocha la tête. Elle savait ce qu'il voulait faire. Il accrocha alors le ruban rouge avec soin entre les mèches de la jeune fille. Une boucle, puis deux, il le ferma dans un joli nœud.

Edmund attrapa alors le visage d'Elsa dans ses mains, comme s'il risquait de le briser. Il déposa ensuite ses lèvres sur son front, pour y laisser un doux baiser.

- Je t'aime Elsa. Ne laisse personne te convaincre du contraire. Peu importe qui tu es. J'aime autant l'infirmière que la duchesse. Je t'aime toi, toi toute entière.

Elle ne pu répondre autre chose qu'hocher la tête. Elle était à deux doigts d'éclater en sanglots. Larmes de tristesse, ou de joie d'avoir retrouvé son prince, elle ne savait plus vraiment.

Edmund la serra tendrement dans ses bras alors que la neige continuait de tomber. Il aimait aussi ses yeux, ses mains dans ses cheveux, son rire et le moindre de ses soupirs.

Elsa s'accrocha à ses bras et finit par se blottir contre lui. Son manteau était doux. Il faisait plus chaud dans ses bras.

Elle sentit alors les mains du jeune homme se glisser dans ses cheveux. Il les caressa tendrement en la gardant contre lui.

- Moi aussi je t'aime Edmund, je suis désolée pour la dernière fois, finit-elle par murmurer.

Ils restèrent ainsi longtemps. Edmund finit par faire monter Elsa avec lui pour rentrer, quand il se mit à neiger. Il faisait trop froid pour rester dehors comme cela. 

Une fois au chaud, ils se retrouvèrent dans la chambre d'Edmund. Un mot était posé sur la table de nuit. 

''Edmund je veux que ton vaccin soit fait avant ce soir. Finis de négocier. On a une bonne infirmière tu devrais en profiter.'' 

La signature de la reine ornait le bas de la feuille. 

C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent sur le lit du prince. Elsa essayait de convaincre Edmund que non ce n'était pas quelque chose d'insurmontable. 

- Calme-toi d'accord ? Je ne vais pas te faire de mal. Si tu es tendu comme ça je ne vais jamais y arriver.

Edmund lui lança un regard noir avant de souffler comme elle lui avait dit quelques minutes avant. Cela faisait déjà un bon quart d'heure qu'elle était avec lui sur son lit.

Une seringue était posée sur la table de nuit. Elsa regardait le prince avec un sourire rassurant. Il était calé contre les oreillers et elle s'était installée en tailleurs juste à côté de lui.

- Je te promets que ça ne fait pas beaucoup mal. Je ne dis pas que tu ne vas rien sentir, mais c'est dix fois moins pire que de se cogner l'orteil contre un pied de table.

Edmund lâcha un rire nerveux.

- Cela sent le vécu mademoiselle l'infirmière.

- Allez moques-toi de moi si cela te fait plaisir, dit-elle plutôt amusée. Maintenant ça te dérangerait d'enlever ta chemise ? Ça va être compliqué de faire une piqûre par-dessus ta manche.

- Tout ça juste pour profiter de la vue torse nu ? Sérieusement ? Lui répondit-il en enlevant les boutons de sa chemise.

Elsa ne put cacher un sourire amusé. Il faisait le malin, mais ses mains tremblaient. Elle finit par l'aider pour les derniers boutons. Ces gestes étaient doux et adroits.

- Maintenant arrête de me regarder, fais-moi confiance, prononça-t-elle doucement en attrapant la seringue sur la table de nuit.

Elle lui prit tendrement le bras et se rapprocha de lui.

- Je ne le sens pas, je ne sais pas pourquoi mais je ne le sens pas, marmonna-t-il.

- Mais si, je te promets que tout va bien se passer. Compte jusqu'à cinq. À cinq tout sera terminé.

Il hocha simplement la tête en tournant son regard vers la fenêtre. Il était incapable de prononcer un mot.

Elsa passa tendrement sa main sur son bras. Il lui serrait la main de toutes ses forces.

- Essaye de te détendre. Un...

À deux, elle posa la pointe de l'aiguille contre sa peau, avant de l'enfoncer légèrement et d'appuyer sur les pistons de la seringue.

Le prince râla légèrement et étouffa un sanglot pas réellement assumé.

- Trois... rajouta Elsa en posant la seringue sur la table de nuit. Quatre...

Elle murmura "cinq" en posant un baiser sur la joue d'Edmund.

- Bravo champion.

- Mmm... ne te fiches pas de moi, répondit-il en la gardant contre lui.

Il passa ses bras autour d'elle et la fit passer sur ses genoux.

- Je ne me fiches pas de vous. Le courage ce n'est pas avoir peur de rien. C'est affronter ses peurs.

Elle lui sourit tendrement en restant dans ses bras. Elle avait été un peu surprise par son geste au début, mais finalement elle était contente d'être là.

- Edmund... tu as conscience que tu n'as toujours pas remis ta chemise et que je suis sur tes genoux ? Ça pourrait prêter à confusion.

- Quand ton meilleur ami embrasse ma fiancée officielle, cela me donne le droit de lui faire des infidélités les yeux fermés, lui répondit-il en rigolant face à son air surpris. 

- Et oui, j'ai pas mal discuté avec ton cher Larry. 

Elsa soupira avant de poser sa tête contre lui.

- Vous êtes insupportables. Tous les deux. 

Flocons RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant