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C'est très difficile de faire la gueule à quelqu'un sans éveiller de soupçons dans leur groupe. Celui-ci, en effet, est très sensible à toutes formes d'instabilité. Alice a remarqué tout de suite qu'entre les deux meilleurs amis, s'était glissé un silence inhabituel. Et c'est le cas de le dire: Léon a bien fermé sa gueule quand Louna est arrivée.

Elle ne le regarde même pas tant elle est déçue de son attitude. Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? Pourquoi est-ce qu'il est toujours obligé de jouer avec le feu ? Est-ce qu'il pense à elle et les conséquences que ça peut avoir sur leur confiance mutuelle ?

Lou sent qu'elle extrapole peut-être mais ça lui tape sur les nerfs que Léon ait joué à ce jeu.

— Vous faîtes quoi cette aprem ? demande Ilyes, encore et toujours sur sa planche.

— On peut aller au skatepark ? propose Ségolène.

— Chaud.

La bande semble unanime sur l'idée de Ségo. Ils font souvent ça quand ils n'ont pas envie de traîner au café : fumer et bouffer des chips en regardant Ilyes faire ses figures de dingue. Lou sent qu'elle va encore faire sa casanière si elle répond qu'elle a envie de rentrer dormir chez elle. C'est Léon qui veut fuir le premier.

— Je vois Julia dans une heure, lance-t-il en faisant la grimace.

— Moi je dois rentrer, y a une livraison de machine à laver, avoue Raph'.

Tout le monde rigole, sans savoir si c'est pour se moquer de l'attachement incompréhensible de Léon pour Julia ou, pour la livraison incongrue de leur autre ami.

— Louna, tu viens ? demande Alice en se roulant une clope.

La brune acquiesce. Elle a envie de chips de toute façon.

— Pour m'excuser, je vous paie vos chips et Ice Tea, tente Léon en lui lançant un regard suppliant.

Il la connaît bien. Tout ce qu'elle préfère au monde...

— Je veux cinq paquets, répond alors Lou.

— Goût paprika de préférence.

— Paysanne nature la base, meuf tu forces, réplique Rose.

— Un de chaque, affirme alors Ilyes.

Les gens se foutent de la gueule du brun quand il s'avoue défait.

— OK, deal.

La bande se met en route. Raphaël les laisse devant la station de bus. Léon se poste ensuite à côté de Lou à la caisse du supermarché du coin.

— On peut parler ? chuchote-t-il gentiment.

— Les chips d'abord. Et après, on verra.

Au fond, même avec l'Ice Tea et les chips, elle sent qu'elle n'a pas envie de lui parler du tout ; juste de lui foutre quatre baffes et le faire redescendre un peu sur Terre un bon coup.

L'agrafeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant