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Léon adore sa baraque en Normandie. Surtout quand ses parents sont absents. De l'extérieur, la maison paraît lambda. À l'intérieur, toute sa richesse saute aux yeux de ses amis. Tableaux, meubles de designer et grosses amplis. Rien de très dépaysant par rapport à l'appart' à Paris. La seule chose qui change : la vue sur la mer. Et ça, c'est sûrement l'unique raison pour laquelle Louna comprend l'affection de Léon pour sa résidence secondaire.

Mais la météo s'annonce mauvaise. Les cinq amis sont arrivés en k-way et bottes en caoutchouc iconiques ce matin. Ilyes a finalement pu venir, au grand bonheur des quatre autres.

— Meuf, téma.

Léon montre une vidéo drôle de chaton à Louna. Elle sourit, c'est trop con et chou à la fois.

Ilyes tape une sieste sur le canapé tandis qu'Alice et Raphaël parlent dans la cuisine. Léon et Louna profitent des rares rayons de soleil et pauses sans pluie pour sortir fumer des clopes. Elle respire un grand coup. Elle a bien fait de venir.

— T'as vu... Ségolène, elle est dans le mal en ce moment, lance soudainement Léon.

— Ouais, elle a des problèmes avec son mec.

— Elle t'en a parlé ?

— Bof. Pas trop. Je crois qu'elle veut rompre.

Comme d'habitude, les deux meilleurs amis font le tour des discussions sur la vie des autres membres de la bande. Puis vient le moment où faut parler de soi. Et là, la discussion monte d'un cran.

— Lou', je crois que Julia se fout de ma gueule, avoue Léon.

— Vous vous êtes vus récemment ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

Le brun grimace. C'est bien qu'il réalise qu'il s'attache à la mauvaise personne. Mais Louna et lui en avaient déjà discuté des tonnes et des tonnes de fois auparavant.

— Elle a genre honte de moi. Je suis passé la chercher devant sa fac pour lui faire une surprise et je te jure, quand elle m'a vue meuf, c'était grave. J'avais l'impression d'avoir commis un crime.

— Elle t'avait prévenu Léon. Pas d'attaches et pas d'intrusion dans la sphère privée.

— Ouais, mais je comprends toujours pas pourquoi je vaux pas le coup.

Elle cherche à le réconforter mais, le connaissant, Louna sait pertinemment qu'il n'en a pas trop besoin. Léon est du genre à préférer extérioriser ses pensées histoire de se mettre au point, et rebondir dessus juste après, seul, dans son coin.

— Genre, meuf, je suis beau gosse, je fais un max d'efforts, et vraiment... c'est chiant. On ferait un super beau couple. Mais bon, je vais passer à autre chose.

— Je me suis dit la même chose la semaine dernière, réplique Lou' en riant nerveusement.

— Ouais mais je vais vraiment le faire moi.

La brune lui donne un coup.

— Moi aussi j'ai essayé.

— Oui mais toi ton truc avec Noé c'est vachement plus compliqué.

Elle fronce les sourcils.

— C'est pas plutôt l'inverse ?

Léon n'a pas l'air d'accord.

— Bah, moi j'ai déjà testé pour de vrai avec Julia. Je sais ce que ça fait d'être avec elle genre, pour de vrai, romantiquement parlant. Et clairement, toi, t'es toujours à t'interroger sur les possibilités. C'est plus difficile de passer à autre chose quand t'as même pas essayé.

— Tu trouves ?

— Oui. T'es tout le temps en train de jouer avec des « Et si ? » permanents. Ça craint.

— Merci de compatir avec moi.

— Je sais.

— Mais je suis pas sûre que ce soit vrai. Tu vois, répond-t-elle en s'allumant une deuxième clope, toi t'as encore envie d'être avec elle alors que t'as fourni des bêtes d'efforts. C'est dur d'être déçu. Je crois que la déception, la frustration et tout ça... bah ça, mortifie. C'est plus une question de possibilités mais de volontés. Et c'est pas facile à encaisser.

Léon rit tristement et lui ébouriffe les cheveux.

— Bon, OK, t'as raison. Nos situations à la con sont à égalité... Même si vas-y elle craint notre compétition.

L'agrafeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant