Chapitre 13 : Univers Parallèle

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Rose Tyler se tenait bien là, ses cheveux blonds rattachés à l'arrière de sa tête, vêtue d'un jean et d'un pull en laine gris. Ses deux cœurs battant à toute vitesse, désaccordés, le Docteur s'avança lentement. Il tendit le tournevis sonique, vieux réflexe, pour scanner la personne en face de lui.

- C'est bien moi... Docteur.

Les signes ne mentaient pas. Le tournevis sonique, ce costume, ce nœud-papillon, malgré ce nouveau visage... C'était bien le Docteur, qui était là, après de nombreuses années. Rose attira le Docteur dans une étreinte désespérée. Le Docteur se laissa faire. Il plongea sa tête dans le creux de l'épaule de Rose, respirant son parfum, toujours le même, après tant de temps... Elle n'avait pas changé : toujours ce sourire, toujours ces cheveux blonds, toujours cette même expression... Toujours les mêmes yeux...

Aziraphale sourit quand Crowley se détacha de lui et commença à se triturer les mains d'un air embarrassé. L'ange prit doucement une des mains du démon dans la sienne, et Crowley court-circuita.

John et Sherlock s'étaient éloignés aussi, et tous les quatre regardaient le Docteur et Rose qui se séparèrent. Finalement, Crowley brisa la glace, d'une manière des plus élégantes :

- Putain, c'est quoi ce bordel ?

Aziraphale fit pression sur sa main et le reprit gentiment sur son vocabulaire, alors que Rose souriait :

- Entrez.

Ils entrèrent dans le petit cottage, et Rose les conduit jusqu'à une cuisine, où ils s'assirent autour d'une grande table. Rose prépara du thé sous le regard fixe du Docteur, alors que John et Aziraphale expliquaient que quand ils s'étaient fait aspirés par la lumière jaune, ils s'étaient retrouvés sur la plage, devant cette maison, et qu'ils s'y étaient rendus. Ils avaient attendus environ une nuit, accueillis par Rose, jusqu'à ce que Sherlock, le Docteur et Crowley arrivent.

Rose servit le thé en expliquant :

- Il y a quelques semaines, j'ai vu apparaître sur la plage une fissure. Je me suis dit que ce n'était rien, mais j'avais un pressentiment, alors j'ai décidé de la surveiller tous les jours. Quand les livres sont apparus, je me suis posé des questions, naturellement, puis John et Aziraphale m'ont expliqué.

Le Docteur garda le silence, et Aziraphale, ravi, montra à Crowley qu'il avait retrouvé ses livres. Crowley se contenta d'observer l'expression satisfaite de son ange. Puis le Docteur intervint :

- Comment est-ce possible ? La fissure ne menait normalement pas à cet autre... Cet autre univers.

- Je ne sais pas, répondit Rose. Mais j'ai contacté quelqu'un... Et il semblerait que la fissure soit sur le point de se refermer. Vous pouvez rester quelques jours si vous voulez, mais il va falloir bientôt retourner dans votre univers.

John se mit à bouger nerveusement la jambe, inquiet du fait qu'ils puissent rester coincés dans un autre univers. Sherlock s'en aperçut, et bien que pas rassuré non plus, il posa sa main sur le genou de John en espérant le calmer. John leva les yeux vers Sherlock, qui lui adressa un sourire confiant, et le médecin cacha ses joues rouges en buvant son thé. Le Docteur laissa échapper un murmure :

- Retourner...

Aziraphale, percevant par vagues l'amour que le Docteur et Rose ressentaient l'un pour l'autre, et Crowley, recevant la tristesse qui les saisissait tous les deux, se regardèrent et d'un commun accord, entrainèrent John et Sherlock à l'extérieur du cottage. Ils se trouvèrent tous les quatre sur la plage, attendant ils ne savaient quoi.

Ils sentaient que la fin arrivait, inexorablement, et que dans quelques heures, quelques instants, leurs vies reviendraient à ce qu'elles étaient avant, à ce qu'ils avaient toujours connu, et à cela serait ajoutée la certitude qu'ils n'étaient pas seuls dans l'univers, dans les univers.

Crowley s'assit sur le sable, face à la mer, et observa les vagues aller et venir en laissant derrière elles des traces sur le sable mouillé. Aziraphale ne tarda pas à l'imiter, et Crowley posa sa tête sur l'épaule de l'ange, sans qu'ils aient besoin de parler. Crowley devrait parler, bien sûr, mais il voulait profiter de ces derniers instants avec Aziraphale. Avec tout ce qui s'était passé, il avait presque oublié la mission que Lucifer lui avait donné, l'affligeant d'un poids qui l'écrasait. Faire Chuter Aziraphale, lui retirant ces sourires lumineux, cet amour dont il débordait, où le regarder se faire tuer...

Sherlock, lui, sentit bien que John voulait parler, et maintenant, mais qu'il ne savait pas par où commencer. Alors ils s'éloignèrent un petit peu des deux entités éthérées, et Sherlock commença :

- Tu sais, ce jour où j'ai dû partir, mais que Moriarty est revenu, et que je ne suis pas parti, au final, et que...

John le coupa :

- Je me souviens très bien, Sherlock. Tu avais dit que Sherlock était un bon prénom pour une fille...

Deux sourires fleurirent sur leurs lèvres, et Sherlock eut soudainement beaucoup plus confiance en lui, alors il se lança :

- Ce n'était pas ce que je voulais dire, à la base. Ce que je voulais te dire... C'est que je n'imagine pas ma vie sans toi. Mon Dieu – on entendit une protestation de Crowley, un peu plus loin – c'est terriblement cliché, mais merde, je t'aime. Depuis le moment où je t'ai vu, jusqu'à maintenant et pour longtemps encore. Je n'ai jamais cru que c'était pour moi, les sentiments, j'ai toujours pensé que j'arriverai à me tenir à ma promesse stupide faite à moi-même de ne jamais tomber amoureux, mais voilà, et je sais très bien que ce n'est pas réciproque, mais...

John l'interrompit une nouvelle fois, et ce n'était pas en parlant. Ils s'embrassèrent. Crowley et Aziraphale se levèrent et allèrent applaudir en riant, alors le détective consultant et le médecin s'éloignèrent, tous deux les joues rouges, des sourires figés sur leurs lèvres qui venaient de se quitter, mais qui allaient se retrouver, encore et encore, toute leur vie.

À la Croisée des CheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant