Chapitre 15 : Chuter ?

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Crowley regardait Aziraphale qui mangeait, et faisait des pauses à chaque bouchées, béat. Le Docteur mangeait de bon cœur, John aussi et Sherlock imitait Crowley, qui s'en tenait au vin. Ils discutaient tous joyeusement. Aziraphale avait raconté une anecdote du temps du Roi Arthur, et John avait tellement rit qu'il s'était étouffé avec son verre. Sherlock, affectueux, s'était légèrement moqué de lui avait après vérifié qu'il était sauf. Le Docteur souriait malgré la douleur d'avoir perdu Rose. Il n'aurait pas pu rester avec elle pour toujours...

Aziraphale, à un moment, leva des yeux brillants vers Crowley, qui lui sourit doucement, provoquant une légère rougeur sur les joues d'Aziraphale. John et Sherlock se tenaient la main sous la table. Le Docteur au milieu de tout ça, riait et racontait des histoires qui lui étaient arrivées :

- Et c'est là que nous avons découvert que nous avions malencontreusement sauvé Hitler !

Sherlock, qui écoutait attentivement l'histoire, écarquilla les yeux, alors que John riait de l'erreur du Docteur. Aziraphale, lui, rit aussi, sous le regard de Crowley.

Crowley ne pouvait rester dans le silence plus longtemps. Mais pourtant, il le fit, supportant comme il pouvait la bonne humeur débordante et les rires autour du repas, jusqu'à ce que celui-ci se termine. Le Docteur fit ses adieux aux autres, qui lui firent promettre de revenir. Puis il s'envola dans son TARDIS, à la recherche de nouvelles aventures, et d'une certaine Clara Oswald...

John salua chaleureusement Aziraphale et Crowley, alors que Sherlock se contenta de leur faire un signe de main. Ils rentrèrent chez eux, et Madame Hudson sourit de façon incontrôlable quand elle vit qu'ils se tenaient la main.

Aziraphale et Crowley prirent la Bentley pour rentrer, et sur le chemin, Aziraphale posa sa main sur la cuisse de Crowley, comme si de rien n'était, lui faisant faire une embardée qui aurait pu être dangereuse si la voiture n'était pas miraculée. La Bentley fit résonner les premières notes de Love of my Life, de Queen, et Crowley, malgré ses préoccupations, rougit fortement.

Quand ils arrivèrent, Aziraphale ferma soigneusement la porte derrière eux – un geste qui inquiéta Crowley, car il ne l'avait jamais vu faire auparavant. Puis il se tourna vers lui et au sourire qu'il arborait, Crowley sut qu'il était dans le pétrin.

Quand il se fit plaquer contre le mur et embrasser avec passion, Crowley eut du mal à penser correctement. Il finit par se dégager et glissa entre les bras d'Aziraphale, qui le questionna du regard.

- Je suis désolé... Je ne...

Il balbutia des excuses sans queue ni tête, jusqu'à ce qu'Aziraphale soupire :

- Qu'est-ce qui se passe, Crowley ? Je t'ai bien vu au repas, et sur la plage, tu n'étais pas normal.

Crowley se massa nerveusement ses cicatrices, qui ne lui causaient presque plus aucune douleur, étant donné de sa condition qui lui permettait de guérir plus vite que la normale. Il hésita à avouer la vérité à Aziraphale, quand soudainement, il fondit en larmes.

Aziraphale s'excusa immédiatement, alors qu'il n'avait rien fait du tout, et serra Crowley contre lui en caressant ses cheveux. Les lunettes noires du démon disparurent miraculeusement, alors que celui-ci essuyait ses yeux.

- Il... Il y a quelque chose que j'ai besoin de te dire...

Aziraphale sourit pour rassurer Crowley, bien qu'il n'ait aucune idée de qu'est-ce qui se passait, essuya les dernières traces de larmes du visage de son démon, et le conduit jusqu'au canapé le plus proche. Là, il le fit assoir, et miracula deux tasses sur la table basse devant eux :

- Je crois que du thé s'impose, non ?

Cela réussit à faire sourire tristement Crowley, qui but une gorgée brûlante. Aziraphale s'assit à côté de Crowley, et prit sa main entre les siennes, chaudes. Crowley baissa le regard sur leurs mains entremêlées, et cette vision lui donna juste assez de courage pour commencer :

- Je t'aime. Je t'aime depuis si longtemps, si tu savais. Depuis la Création, en fait. Quand j'étais un ange, quand j'étais encore Raphaël, je te connaissais.

- Tu étais Raphaël ? l'interrompit un Aziraphale stupéfait.

Il avait toujours admiré le protecteur des malades et le créateur d'étoiles.

- Oui. Mais, j'ai Chuté, et voilà, tu ne savais pas qui j'étais. J'aurais pu te le dire, mais à quoi cela aurait-il servi ? Alors, bref, la suite tu la connais. Et dernièrement... J'ai reçu une note des Enfers. Je devais me rendre au bureau de Lucifer, car il avait une mission pour moi. Même après ce qu'il s'était passé, je ne pouvais pas désobéir inutilement à Lucifer lui-même, tu sais. Alors j'y suis allé, et il m'a donné une mission...

- Il t'a torturé, oui ! s'exclama Aziraphale avec une fougue qui le surprit lui-même.

Crowley lui concéda ce point :

- Oui, mon ange, mais il y'a plus important... Je dois te conduire à la Chute, ou ils te tueront.

Un silence marqua sa déclaration. Aziraphale se contenta de dire :

- Je t'aime aussi, j'espère que tu le sais. Je m'en suis rendu compte quand tu as sauvé les livres de la bombe.

Crowley sourit, désabusé. Et Aziraphale demanda :

- Est-ce que la Chute fait mal ?

Crowley se raidit, et au long silence qui accueillit sa question, Aziraphale se dit qu'il n'aurait peut-être pas dû en parler. Mais Crowley lâcha :

- Oh, mon ange... tu ne veux pas le savoir.

- Tant que ça ?

- Et tellement plus, murmura Crowley.

Le cœur d'Aziraphale se serra en pensant à la douleur que Crowley avait dû endurer.

- Jamais je ne te laisserai Chuter.

- Il va bien falloir, car je n'ai pas l'intention de mourir, et je doute que tu en ais l'envie toi aussi, répondit Aziraphale.

Crowley ne se laissa pas démonter :

- Mais la Chute ne blesse pas seulement physiquement, tu sais. C'est aussi mental. Si tu Chutes, tu vas changer, irrémédiablement, et pas en bien.

Aziraphale répondit d'une voix ferme :

- Je suis prêt à prendre le risque.

- Non, certainement pas. Tu ne Chuteras pas, et quand l'Enfer enverra des démons pour te tuer, je les tuerai tous, jusqu'au dernier.

-  Non, tu ne le feras pas. Je préfère Chuter plutôt que de te voir tuer quelqu'un.

- Tu es désespérant, mon ange.

- C'est pour ça que tu m'aimes, sourit Aziraphale en déposant un baiser sur le nez du démon.

Crowley sourit, et il s'exclama en sautant sur ses pieds, ses lunettes noires de retour devant ses yeux :

- Je sais ! Je sais ! Attends-moi là, je reviens !

À la Croisée des CheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant