C'est le dernier chapitre ! Il y aura un épilogue, puis ce sera la fin.
Crowley se précipita hors de la librairie, sauta dans sa Bentley, et fonça à toute vitesse. La Bentley jouait Killer Queen, mais elle passa bien vite à Don't Stop Me Now. Finalement, Crowley freina rapidement dans un crissement de pneus désagréables devant une église. Il s'engouffra à travers les portes de bois, sans que cela ne le brûle : ce n'était pas la première fois, et il s'était arrangé pour que cette église en particulier ne soit pas agressive à son égard. En effet, Crowley s'entendait plutôt bien avec le prêtre.
Sans l'avoir jamais avoué à personne – et surtout pas à Aziraphale – Crowley était venu se confesser, plusieurs fois, et il en était toujours ressorti avec un poids en moins sur ses épaules.
- Mon père ?
Quelques instants passèrent, avant que la réponse ne vienne d'un homme vêtu d'un habit noir typique des hommes d'église :
- Oh, Crowley, mon enfant, que fais-tu ici ?
Etre appelé « mon enfant » par quelqu'un âgé de quelques millénaires de moins que lui avait son petit effet sur Crowley, mais il n'avait pas le temps de s'y attarder maintenant. Crowley s'avança vers le prêtre, et son air grave alerta aussitôt l'homme, qui se nommait John, et qui avait un âge avancé.
- Je vous ai déjà parlé de mon ami, Aziraphale ? Il est en danger. Des démons vont venir pour le tuer, et la seule solution pour empêcher leur venue est que je mène Aziraphale à la Chute.
John conduisit Crowley jusqu'à un banc, toujours dans l'église, afin qu'il s'assoie et se reprenne.
- Je ne peux t'aider. Je ne ferais pas le poids, seul contre ces entités démoniaques.
- Mon père, il y a bien quelque chose que vous pouvez faire... Baragouiner des trucs en latin et jeter de l'eau bénite, je ne sais pas moi...
Un sourire fugace traversa le visage du prêtre, puis il proposa :
- Tu devrais parler à Dieu.
Crowley secoua la tête :
- Je n'ai pas essayé depuis des années, et Elle ne répond jamais...
Le prêtre insista :
- Dieu ne répond pas toujours de la manière dont on le souhaite, Crowley.
Le démon eut un ricanement sarcastique, et il finit par avouer :
- Je ne crois plus en Elle. Elle m'a abandonné tant de fois, et Elle nous a laissé nous entretuer, ses propres enfants... Elle m'a laissé Chuter...
Emu par la détresse peu commune de ce démon pas comme les autres, le prêtre prit ses mains et les fit se joindre, comme pour une prière. Exactement comme pour une prière. Les yeux de Crowley, derrière ses lunettes noires, suivirent le geste et il resta dans cette position, même après que le prêtre éloigne ses mains.
- Prie. C'est la seule solution que je connais. Dieu m'a sauvé, tant d'années auparavant, et Elle m'a montré la voie. Elle te la montrera aussi.
Crowley, bien qu'il avait ses doutes, ferma les yeux et pensa aussi fort qu'il le put.
Salut, Dieu... Mère... Je sais que ça fait très longtemps que je n'ai pas essayé de Te parler, des millions d'années, mais j'ai besoin de Toi. J'ai vraiment, vraiment, besoin de Toi. Lucifer, Ton fils, m'a ordonné de faire Chuter Aziraphale. Je suis sûr que Tu Te souviens d'Aziraphale, Mère. C'est un ange si parfait... Comment aurais-Tu pu l'oublier ? Je sais, je sais qu'il a des tendances hédonistes, un penchant pour la gourmandise et qu'il est amoureux d'un démon, mais je T'en prie, il ne mérite pas de Chuter pour autant. Et il ne mérite pas de se faire tuer par ces démons qui arrivent. Il a tellement foi en Toi, Tu ne peux pas le laisser ainsi. Sauves-le. Consacres la librairie, fais-en sorte que ces démons ne viennent pas, dissuades Lucifer s'il le faut, mais je T'en prie, je T'en supplie, ne le laisses pas mourir. Tu Te demandes peut-être pourquoi je ne veux pas le laisser Chuter. C'est qu'il est le seul ange qui mérite d'être appelé Ange. Tous les autres ne sont que de pâles copies de ceux qu'ils étaient avant la Terre. Je crois que Tes humains les ont corrompus. Mais pas lui. Pas lui. Si aucune de ces raisons ne Te suffit, je ne sais pas ce qu'il Te faut. Mais prends-en compte qu'Aziraphale sera toujours là pour Toi, quoiqu'il arrive, et que s'il Chute, Te perdre le tuerai. Il T'aime encore plus qu'il ne m'aime, et ce devrait être suffisant pour que Tu le gardes à tes côtés. Tu peux le ramener aux cieux, loin de moi, je n'en souffrirai pas car il serait en sécurité. Je sais que je suis un démon, que je n'ai aucun droit de te prier ainsi pour la survie d'un ange parmi tant, mais je T'en prie... Si j'étais vraiment un démon, serais-je capable de l'aimer ainsi, de prier, pour lui ? Si j'étais un démon, ne serais-je pas déjà en train de le faire Chuter, puis de l'abandonner ?
Je l'aime. Je ne peux le voir souffrir de la Chute, de ta perte, de ces tortures que les démons vont lui infliger. Il mérite que Tu le sauves. Il est le seul qui en a le mérite. Je T'en supplie, si Tu ne Te souviens ne serait-ce que de moi, ou encore mieux, de lui, sauves-le. Sauves-le.
- Sauves-le...
Quand Crowley rouvrit les yeux, il était seul. Et déjà, pris d'une sensation d'euphorie, il courrait hors de l'église en hurlant un dernier remerciement :
- Merci beaucoup, mon père !
Il monta dans sa Bentley, lança à fond The Show Must Go On de Queen, et il roula à 190 kilomètres/heure dans le centre de Londres, direction la libraire, comme toujours. Il se gara devant la petite librairie de Soho, entra, et chercha Aziraphale des yeux.
- Aziraphale ? Mon ange ?
Mais il n'était pas là. Il n'était pas là... Crowley se concentra en essayant d'oublier que la dernière fois qu'Aziraphale n'était pas dans la librairie, c'était qu'il était mort, et tenta de trouver l'aura d'Aziraphale. Il n'avait pas pu aller bien loin... Et en effet, il n'était pas loin. Crowley se concentra encore un peu, et il réalisa qu'Aziraphale était dans son appartement.
Crowley attrapa son téléphone, appela le numéro du téléphone fixe de son appartement, et utilisa la ligne téléphonique pour se transporter là-bas. Il grimaça à la vue de l'ambiance moderne et sombre, sans aucun livre à l'horizon, avant de trouver Aziraphale, planté devant la statue grise de l'aigle qui déployait ses ailes. Il s'avança derrière lui, et avant même qu'il n'ait pu signaler sa présence d'un raclement de gorge, Aziraphale l'interrompit :
- C'est celle qui était à l'église, ce jour-là...
Gêné, Crowley se posta à côté d'Aziraphale et acquiesça. L'ange continua :
- C'est ce jour-là que j'ai réalisé que j'étais amoureux de toi, tu sais.
- Oh, mon ange...
Crowley voulut trouver le regard d'Aziraphale, mais il restait désespérément fixé sur la statue. L'ange prit une profonde inspiration, et dit :
- Je ne sais pas ce que tu es allé faire, mais depuis quelques minutes, je sens que quelque chose a changé en moi. J'ai l'impression d'être plus puissant, plus lumineux, plus... Ange. Merci.
Enfin, ses yeux bleus se tournèrent vers Crowley. Le démon enleva ses lunettes, et il allait s'expliquer quand Aziraphale posa son index sur ses lèvres :
- Je ne veux pas savoir. Rentrons. Je suis en sécurité, à présent. Nous déménagerons tes affaires à la librairie demain, j'ai bien peur qu'il se fasse tard.
Ils pouvaient voir le jour commencer à percer timidement la nuit, mais il leur restait quelques heures, et Crowley comptait bien les mettre à profit en rentrant à la librairie...
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À la Croisée des Chemins
FanfictionQuand Aziraphale, ange, Gardien du Jardin d'Eden, dit M. Fell, demande de l'aide à Sherlock Holmes, détective consultant de son état, sauveur de Scotland Yard et meilleur ami de John Watson, médecin vétéran. Quand (Anthony. J. ) Crowley, ancienneme...