Chapitre 14 : Adieux

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« He needs you. That's very me. »

A l'intérieur du cottage, Rose et le Docteur venaient de se retrouver, véritablement. Serrés l'un contre l'autre, debout dans la cuisine, à côté du reste de thé qui refroidissait, ils écoutaient le silence qui les entourait. Les paroles de leurs amis dehors leur parvinrent, étouffées, alors que Rose avait l'oreille collée contre le torse du Docteur, et écoutait ses deux cœurs battre. Aucun des deux ne voulait parler en premier, mais il fallait bien qu'ils abordent le sujet.

Le Docteur devait partir. Mais avant, il avait juste une question :

- Où est l'autre moi ?

Rose se crispa. Et :

- Il est parti. Il n'était pas assez toi...

Le Docteur ne répondit pas. Il soupira, et finit par lâcher après quelques instants de silence :

- Ne pourrais-je pas rester ?

Un rire triste prit Rose, alors qu'elle s'écartait. Une de ses mains caressa lentement la joue du Docteur, qui ferma les yeux.

- Tu sais que tu ne peux pas rester.

Quand il rouvrit les yeux, ils étaient remplis de larmes, et Rose en essuya une qui s'échappait. Ils se regardèrent, et Rose se mit à pleurer aussi :

- Tu me manques. C'est injuste.

- Je sais...

Le Docteur soupira profondément. Et il insista :

- Je pourrais rester, tu sais, et vivre ici avec toi...

Un sourire désabusé naquit sur les lèvres de Rose, à travers ses larmes :

- Toi, rester ici ? Abandonner les étoiles, laisser les habitants de ton univers sans protection ? Ne plus sauver de gens, simplement rester ici ?

Alors même que les mots parvinrent à ses oreilles, le Docteur sut qu'il ne pourrait jamais. Peu importait combien il aimait Rose, peu importait la souffrance de la perdre encore une fois, il ne pourrait jamais laisser son univers seul. Il pouvait supporter la douleur de perdre Rose une dernière fois, il l'avait déjà fait. Mais il ne pourrait pas abandonner les étoiles ni son TARDIS. C'était impensable.

Rose regarda la réflexion se faire sur le visage du Docteur, et elle sut qu'il allait la quitter. Elle sut qu'il choisirait son univers plutôt qu'elle, et elle essuya les larmes de son visage. Elle sourit, forte, plus qu'elle ne l'avait jamais été, et prit la main du Docteur pour le conduire dehors.

Le Docteur eut un sourire en voyant que John et Sherlock se tenaient la main. Les deux compagnons eurent un sourire en voyant celle du Docteur dans celle de Rose. Ils marchèrent tous les six jusqu'à la fissure. Elle ne se réduisait qu'à une fine ligne sur le sol, à présent. La lumière jaune, toujours la même, était ténue et tremblante.

John et Aziraphale étreignirent Rose en la remerciant pour tout. Ensuite, Sherlock, John, Crowley et Aziraphale se prirent tous les quatre la main, et Sherlock posa la sienne sur la fissure. La lumière s'intensifia, et ils disparurent.

Le Docteur se tourna vers Rose. Ils se sourirent, et Rose murmura :

- Je t'aime.

Le Docteur passa outre les larmes qui lui brouillaient la vue, et il se pencha pour embrasser Rose sur les lèvres. Quand il s'écarta, il répondit :

- Je sais.

Puis il se détourna. Il allait poser la main sur la fissure, quand une pensée lui traversa la tête. Plus qu'une pensée, un souvenir, de quelque chose qu'il avait déjà dit, quelque chose qu'il sentait qu'il fallait qu'il dise. Alors il le fit :

- Tu sais, l'autre moi ? Il a toujours besoin de toi. C'est très moi. Retrouves-le.

Ses doigts effleurèrent la fissure, puis toute sa main, et il disparut dans la lumière jaune, abandonnant derrière lui une Rose souriante malgré ses larmes.

Il arriva dans la librairie, à l'étage, dans cette petite chambre. Quand il chercha la fissure, il ne la trouva pas : elle avait disparu. Comme Rose.

Le Docteur descendit les escaliers, pour trouver Aziraphale, Crowley, Sherlock et John, qui attrapaient leurs manteaux. Aziraphale l'invita à aller dîner avec eux. Le Docteur accepta de bon cœur, et tous quittèrent la librairie dans le soulagement que cette affaire soit terminée, et pour certains, le cœur plus léger, libéré du poids des non-dits. Mais pour d'autres, les secrets se faisaient de plus en plus pesants, écrasants. Enfin, pour certains, le cœur triste, mais le sourire aux lèvres et la nostalgie dans la tête.

À la Croisée des CheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant