Chapitre 14- [Lame cardiaque]

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EDEN

Je rentre chez moi. Personne. Je passe sous la douche. Quand je retire mon sweat devant le miroir je souris. J'ai un petit suçon, timide, mais visible sous mon tatouage. On a passé la nuit à se faire des câlins. J'aime l'habitude qu'elle a pris de jouer avec mes mains... Quand je passe sous l'eau chaude je me rappelle la tête qu'elle a faite quand sa marraine nous a réveillé. Elle était rouge de gène ! Moi aussi... Mais sa réaction m'a plutôt étonné... « Je n'ai rien vu ! », Axelle avait sursauté en même temps que moi. Quand elle s'est réveillé son petit sourire m'a illuminé. Si elle savait que ses cheveux étaient en bordel et qu'elle avait des marques d'oreiller sur la joue elle n'aurait pas autant souris.

Je sors de la douche et commence à me brosser les dents. Pas de message sur mon téléphone, elle doit être en train de parler à sa marraine, ou elle s'est rendormie... J'enfile un boxer et un t-shirt pour partir dans ma chambre. Je ferme la porte de la salle de bain et l'envie de vomir arrive sur moi. L'odeur-là n'était pas ici tout à l'heure... Je longe les murs du couloir dans un silence de mort. Peut-être que ça pourrait être mon père, ce serait encore pire qu'un inconnu... Je penche la tête pour observer la cuisine. Les volets sont fermés et l'interrupteur est de l'autre côté... Comme tout à l'heure. Je me repère avec mes mains en suivant les meubles, mais la flaque sur le sol ne fait pas partie de mes habitudes... Je fonce sur l'interrupteur. Quand j'allume, je perds pieds. Je tombe au sol, mes larmes débordent, et, même si j'en ai envie, aucun cri ne sort de ma bouche. Ma mère est allongée au sol dans une flaque de sang. J'essaie de bouger mais mon corps ne me répond plus. Je ne sais pas si elle respire encore, et si c'était lui... C'est forcément lui... Je ne suis pas rentré hier soir... Putain ! Je reprends le contrôle et surgit au-dessus de ma mère. Elle respire difficilement mais elle est encore là. Son corps est glacé et recouvert de bleus comme de coupures... Je dégage dans la salle de bain pour reprendre mon téléphone. Je le fais tomber la première fois et appelle les secours. Je retourne auprès d'elle quand je fini de donner les informations aux pompiers. Je me relève dès que j'entends du verre éclater dans le salon. Je me lève, sans émotions distinctives et avance dans le salon. Mon connard de père, ce monstre, est à moitié allongé sur le sol avec une bouteilles vide. Je tremble quand je le vois se relever. Il me regarde droit dans les yeux, je vais... Y passer ? Mourir ? Je m'avance vers lui à ma plus grande surprise, je lui donne, surement, le plus violent de mes coups de poing. J'entends son cou craqué et vois ses yeux s'injecter de sang. Il m'attrape sauvagement par le col du t-shirt et me soulève contre le mur. Il fait tomber un vieux cadre de la famille qui éclate au sol. Il n'a aucune émotion, aucun sourire, ses yeux sont normaux... Il charge son poing, déjà tâché de sang, et me le plaque dans le ventre. Je vomis sur son avant-bras, depuis le temps que je me retenais... Il me lâche au sol avec autant de violence que son pied dans mes côtes. J'ai tellement mal, mentalement, que je ne ressens rien. Juste parce que je ne suis pas rentré à la maison hier soir... J'attrape sa jambe et le fait tomber en arrière, cette fois c'est à lui. J'attrape la bouteille vide qu'il a laissé au sol et lui éclate sur le crâne dès qu'il se relève. Il retombe en arrière. Je fuis dans ma chambre rapidement, j'ai mon petit couteau... J'entre dans ma chambre, retire mon tiroir de mon bureau et le vide sur mon lit. Entre le tabac et mes anciennes photos j'attrape le petit couteau. Dès que je me retourne je suis déjà face à lui. Du sang coule au sol provenant de son cou. Je plante le couteau dans sa paume, il serre les dents et je vois sa pupille se resserrer. Il est de force égale à moi, pour le moment...

-La prochaine c'est ta salope qui te sert de copine !

Je ressors la lame de sa main pour la planter dans son ventre. Il tousse, dispersant une horrible odeur d'alcool sous mon nez. Il empoigne mon t-shirt et en déchire la moitié. Je me retrouve sur mon lit, entouré de mes anciennes cigarettes et des clichés de mes anciens amis. Mais l'homme qui essaye de m'étrangler juste au-dessus, lui, devrait comme eux, sortir de ma vie. Je le pousse quand je vois une femme armée entrer dans la chambre. Elle attrape mon père et le menotte avec l'aide d'un autre homme pour calmer le sang qui s'écoule le long de ses jambes. Je suis à bout de souffle, tenu à la vie, même pour le peu de raison que j'ai. J'aurais regretté toute ma vie s'il avait touché à un seul cheveu d'Axelle. Ma mère est transportée directement à l'hôpital. Je réponds aux questions de la police et on me donne divers numéros de psychologues. Ils ont vraiment cru qu'un psy allait soulager mon père et soigner ma mère ?! Quelles bandes de cons ! Je ferme la porte une fois que l'infirmière a fini ses soins et je prends mon téléphone. Je ne l'allume pas. Je pars dans la salle de bain et m'allonge dans la baignoire. Elle est froide et étroite mais c'est le seul endroit calme qui peut m'accueillir. Je pose mon téléphone sur mon ventre et pose mes bras sur les rebords. Je sens mon téléphone vibrer. Mais je m'en fou. Même si c'était Axelle je ne pourrais pas lui parler. Mais quand je pense à elle... J'allume mon téléphone et regarde les quelques messages de ma copine :

JE T'AIME

TFQ ?

TU VAS BIEN ?

J'AI VU PAS MAL DE BORDEL PRES DE CHEZ TOI...

EDEN...

OK.

Je souris. Elle est mimi... Je suis sûr qu'à l'heure qu'il est, elle se pose des milliers de questions sur nous. Alors que forcément, elle ne devrait pas.

HEY, JE DOIS ME REPOSER UN PEU, CA VA PAS TROP. JE TE DIRAIS DEMAIN, LA JE NE PEUX PAS PARLER. JE T'AIME AUSSI MON CŒUR.

J'éteins mon téléphone. Elle est vraiment la seule... Je souris après tout ce bordel... Je deviens fou. Depuis quand une fille pourrait me calmer...

Je donne un coup dans le robinet, qui se tord anormalement sur la gauche. Je pose mon téléphone en dehors de la baignoire. Comment un mec aussi... Con ! Peut sortir avec un ange comme elle... J'ai vraiment une chance de fou. Même si elle n'a plus ses parents, qu'elle n'a pas de famille plus proche que sa marraine, qu'elle est vécue un enfer durant sa jeunesse, elle garde toujours ce putain de sourire. Et ça, c'est une sacrée qualité chez elle, elle est incroyablement forte. Mais, heureusement, je peux voir ce que certain ne verrons jamais. Je peux entendre et combattre ses peurs, ses pleurs, ses colères...

Je soupire avant de m'endormir. Je sens une dernière larme couler le long de ma joue. Elle roule jusque dans mon cou et s'évapore dans les bouts de mon t-shirt.

Putain de soirée.

C r y  B a b yOù les histoires vivent. Découvrez maintenant