Chapitre 14

585 35 0
                                    

Matthew

Voilà quinze jours que Léana est rentrée de France et nous avons retrouvé notre quotidien à la colocation, presque comme si de rien était. Enfin presque. Je sens un petit quelque chose de sa part, un rapprochement qui réchauffe mon cœur d'homme malheureux. Léa se montre parfois plus tactile avec moi, plus joueuse. Je suis sorti la semaine dernière avec de vieux amis de l'époque de ma formation de Pompier, et j'ai bien vu à sa tête quand ils ont évoqué les filles qui traînaient dans le bar où nous allions, la jalousie dans son regard et la crainte qui en découlait. Je l'ai retrouvée endormie dans mon lit, ma guitare à ses côtés, et elle a prétexté avoir eu envie de s'entraîner et s'être assoupie lorsque je l'ai réveillée. Bon prince, j'ai fait mine de la croire, mais je suis persuadé que la raison première était autre. Pourtant, j'ai parfois l'impression de me faire des idées. Ma colocataire souffle le chaud et le froid car elle peut aussi se montrer assez distante. Je me souviens qu'elle faisait cela aussi avant que nous craquions tous les deux. Le rappel constant de notre travail et de la règle de « non fricotage entre collègues » me faisait tourner en bourrique et avait cet effet aussi, décuplé, sur Léa, qui faisait un pas en avant puis trois en arrière dans notre relation naissante. Nul doute que nous aimons tous les deux notre boulot et que l'idée d'être muté dans une autre caserne ne nous plaît pas. C'est pourquoi nous avions convenu de ne pas en parler autour de nous, de garder cela dans un cercle très restreint qui n'incluait à la base qu'elle et moi, puis Paul qui nous surprit en mauvaise posture.


****

6 mois avant l'accident

Léa sort de la salle de bain uniquement vêtue de mon tee-shirt des Red Hot Chili Peppers, sa brosse à dents à la bouche. Ses cheveux sont noués dans un chignon haut fait à la va-vite et des mèches tombent autour de son visage et sur sa nuque. Après avoir passé trois jours en tête-à-tête sans peur de se faire prendre, Paul étant en vacances chez sa sœur, le retour de notre coloc demain me ferait presque grimacer. Attention, j'adore Paul, vraiment. Cependant, pouvoir vivre notre histoire quasiment sans contraintes m'a donné envie de plus que d'une histoire cachée aux yeux de tous. Je suis sûr que le Chef Jones comprendrait ce qui se passe entre nous et, après une bonne remontrance histoire de, passerait sur le sujet. Cependant, Léa ne l'entend pas ainsi et panique à l'idée de devoir changer de caserne, alors pour le moment je laisse courir.

Léa allume la chaîne hi-fi de la salle et monte le volume alors que Bruno Mars résonne dans les enceintes. Puis elle s'en retourne dans la salle de bain, sa démarche chaloupée m'hypnotisant. Elle joue de ses hanches, ondule exagérément sur le trajet, au rythme de la musique et je ne peux la quitter des yeux. Je suis foutu avec cette nana, elle me rend totalement accro, un peu plus chaque jour. J'en suis là dans ma réflexion lorsqu'elle ressort, approche jusqu'à venir se lover contre moi, attrape ma tasse de café pour en boire une gorgée et grimace.

- Le café et le dentifrice ne font pas bon ménage.

Je ris et récupère ma tasse pour la poser sur la table avant de l'enlacer étroitement. Le rythme de la musique est cadencé, un peu rapide, mais nous le suivons collés-serrés. Une main au creux de ses reins, l'autre qui emprisonne la sienne contre mon cœur, nous nous frottons l'un contre l'autre en rythme. Je descends ma main sur sa cuisse et la remonte sous le tee-shirt jusqu'à sa taille. Léa frémit sous ma caresse. J'adore la réactivité de son corps quand je la touche tout comme j'aime la voir porter mes fringues. Ma main glisse dans son dos, à l'orée de ses fesses, et je la caresse doucement alors que je joue avec les mèches de cheveux sur sa nuque de mon autre main. Je peux déjà voir le désir dans son regard qui ne quitte pas le mien, alors même qu'il y a une heure à peine j'étais enfoui au plus profond d'elle après un réveil interdit aux moins de dix-huit ans. Mon boxer ne cache rien de l'excitation qui a pris naissance dans mon corps, et Léa me sourit et se mord la lèvre.

Reviens-nous [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant