Plongé dans le noir de ma chambre avec pour seul éclairage la luminosité de ma tablette et de la télé en fond, je glousse comme un connard.
L'heure tourne. Je dois encore me doucher, m'habiller, me coiffer puis aller récupérer Arthur.
Pour la première fois depuis longtemps, j'ai n'ai aucune envie de quitter mon lit pour sortir. Il pleut, il vente, il fait 9° d'après mon portable, et rien ne me décourage plus qu'un temps pourri et froid.
D'autant plus que la soirée prévue s'annonce chiante à mourir. D'abord, diner dans un restaurant qui se veut excellent, mais qui n'a d'extraordinaire que les prix, puis grosse fiesta dans la maison d'une cruche de la classe à Kenza, avec encore plus de cruches et de crétins.
J'ai toujours eu du mal à supporter les amis de Kenza et je ne comprends pas pourquoi elle s'entoure de connasses complètement débiles et fades.
À l'écran de la tablette s'affiche un nouveau message de LuLuCat100 : un lien YouTube accompagné d'un « LOOOOL ». Ça fait bien trente minutes qu'on s'échange des vidéos nulles à chier de chèvres trisomiques qui crachent et font des bruits bizarres.
LuLuCat100 : Tu sors après, pour le Nouvel An ?
Start-upNation : normalement oui
LuLuCat100 : C'est nul... Tu devrais plutôt rester avec moi :B
Start-upNation : pourquoi pas mdr...
LuLuCat100 : Vrai ???
Start-upNation : ouais je vais voir
Sans plus réfléchir, je prends mon portable et envoie un message à Kenza pour lui dire que je ne viendrai pas. À défaut de trouver une bonne excuse, je joue la carte classique du mal de ventre. Ce qui n'est pas si mensonger. Avec les canettes et les paquets de chips que je me suis descendus tout l'aprèm, je commence à me sentir un peu patraque.
La réponse de Kenza est instantanée : « Sérieux ?". Au même moment, LuLuCat100 m'envoie un autre message. J'ignore le message de Kenza et clique sur le lien. J'ai à peine le temps de regarder les trente premières secondes de la vidéo que mon portable commence à sonner. Je l'ignore les deux premières fois, puis me résigne à décrocher, sachant que personne ne me laissera faire le mort et qu'on viendra toquer à ma porte, si besoin.
— Mec, Kenza vient de me dire que t'allais pas venir à la soirée, t'es sérieux ?
— Oui, je suis pas bien.
— Arrête ton cinéma, Cléandre, t'es jamais malade !
— Aujourd'hui, si.
— Fraté, tu peux pas me lâcher comme ça ! Pas le soir du Nouvel An, t'es ouf !
— Ouais, ben j'ai pas envie de sortir, voilà.
— Tu sais que si t'y vas pas, j'y vais pas non plus. Et si j'y vais pas, je vais devoir venir squatter avec toi.
— Putain, Arthur, t'es pas obligé de me coller tout le temps ! Va à la fête, y'aura plein de gens et ta meuf pour te divertir.
— C'est mort, si t'es pas là, j'y vais pas.
— Pourquoi tu t'empêches de vivre, comme ça ?
— Parce que je tourne en rond, sans toi ! J'ai tant besoin de toi ! Et j'ai tant besoin de ta voix ! Je veux tomber dans tes bras ! Je pourrais marcher dans tes pas ! chante Arthur.
— Tais-toi...
— Ensemble, nous irons jusqu'au bout du chemin, je tiendrai dans ton ombre si tu me prends la main !

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Ce qu'ils méritent
TeenfikceEntre les cours, ses heures de colle, un meilleur ami envahissant, une copine parfaite et des sorties illimitées, Cléandre est un lycéen à la vie bien remplie. Ça ne l'empêche pas de parfois s'ennuyer et de traîner sur Internet, et des forums, où il...