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— Mec, elle me prend trop le chou, cette meuf. Jamais elle s'arrête !

— Je t'avais prévenu ou non ?

Arthur abandonne sa feuille de cours gribouillée de formes géométriques pour se pencher sur mon portable.

— Je pensais pas qu'elle casserait les couilles aussi vite, juste parce que je lui ai pas envoyé de messages depuis hier et que je peux pas la voir ce week-end !

Depuis nos sièges hauts perchés dans un coin de l'amphithéâtre, nous essayons de faire passer le temps depuis le début de l'heure. Tout est bon pour lutter contre l'endormissement provoqué par la voix monotone de notre prof, même une embrouille.

— Cléandre, depuis le temps, t'as toujours pas compris que Kenza n'est qu'une princesse ultra exigeante ? Là, elle est juste partie s'imaginer que vous êtes de nouveau en couple et que tu dois être 100 % dispo pour sa petite personne.

— Mais j'ai jamais signé pour ça, moi !

— Ça t'apprendra à retourner voir ton ex en courant quand elle te siffle au pied.

— Comment je fais, maintenant ?

— Tu lui dis juste que c'était la première et dernière fois que tu la niquais post-rupture, car visiblement, ça t'apporte plus de problèmes qu'autre chose.

Vraiment, j'étais content de reparler à Kenza après notre super week-end ensemble, mais là elle est juste en train de fusiller tous les papillons que j'avais dans le ventre. Pour une fois qu'Arthur a raison, j'écris mot pour mot le message qu'il me dicte d'envoyer.

Bien évidemment, Kenza accueille mal la nouvelle, mais à ma grande surprise, valide le fait que nous revoir n'était pas forcément une bonne idée. C'est donc de manière plus ou moins paisible que meurt notre relation, aussi vite qu'elle avait recommencé.

Après quoi, je range mon portable dans ma poche. Arthur retourne à ses gribouillages et je tente d'écouter un peu ce que raconte notre prof.

Étonnamment, l'amphi est rempli d'étudiants plus ou moins attentifs au cours de gestion, malgré l'ennui mortel du sujet et l'heure tardive. Sans doute, car nous sommes encore en septembre, et que les futurs démissionnaires cultivent encore l'espoir de réussir leur première année de fac.

La seule chose qui nous motive, Arthur et moi, c'est de vivre une vie étudiante libre et insouciante et de profiter de notre jeunesse, avant de nous retrouver enchainés dans le monde du travail et des responsabilités d'adultes.

J'arrive à rester concentré dix minutes avant d'abandonner l'idée de comprendre quelque chose au cours. Je ressors mon téléphone pour envoyer un message à Lucyle. Elle, au moins, elle me rend pas fou avec des disputes inutiles.

Comme à chaque fois, elle me dit que je la dérange, même si elle me répond en moins d'une minute. Elle est en train de chercher un film à voir pour notre rendez-vous de samedi. Il m'était presque sorti de la tête que j'avais à présent le devoir d'emmener Caliméro au cinéma, comme décidé et garanti par Arthur.

Lucyle : T'aimerais voir quoi toi ? :B

Cléandre : peu importe mais pas un truc trop chiant

Lucyle : Moi j'aime bien les films d'horreur mais c'est toujours interdit aux moins de 16 ans lol !

Cléandre : ouais dommage

Lucyle : T'aimes bien les comédies françaises ?

Cléandre : pas fan mais y'a pire

Ce qu'ils méritentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant