La première fois où Lucyle a manqué de m'appeler, j'avoue avoir été contrarié. J'ai d'abord pensé au pire, puis lorsqu'elle m'a avoué qu'elle avait simplement oublié, j'ai compris que c'était juste le début de la deuxième phase de notre relation longue distance.
Inévitablement, notre quotidien, les rencontres, les nouveaux amis et toutes les contraintes limitant nos communications prennent le dessus. Après plus de trois mois passés à s'appeler sans se voir, nous voyons bien que la situation s'enlise, et cela devient aussi lassant que frustrant.
Lorsque les appels de Lucyle commencent à s'espacer, je commence à faire beaucoup moins attention à mon téléphone, quitte à en manquer quelque uns, puis quasiment tous. Alors, nous décidons de passer aux mails, bien plus pratiques.
Chaque lundi et jeudi, Lucyle se connecte donc sur les ordinateurs disponibles au CDI de son lycée pour accéder à sa messagerie.
On s'envoie en général de gros pavés où on se raconte nos journées et tout ce qui nous passe par la tête. Lucyle se réjouit de l'aspect « vieux jeu » de nos échanges et s'amuse à faire de grandes phrases qui ne veulent rien dire, en plus d'être bourrées de fautes de conjugaison. Au final, ça nous fait une sorte de rituel plutôt sympa, et j'attends toujours ses messages avec impatience. Même si elle me manque toujours autant, la vie a repris son cours, ce qui a au moins le mérite de rendre la séparation plus supportable...
Du moins, pour elle, sans doute.
Pour ma part, je n'ai pas pu résister à l'envie d'envoyer un message à Kenza, un soir où je m'ennuyais. Vraiment, je ne m'attendais ni à ce qu'elle réponde ni à ce qu'elle se montre aussi agréable avec moi, surtout après notre dernière « rupture » en date.
Une fois le contact bien repris, je lui rends visite un week-end sur Paris, puis tous ceux qui suivent. Malgré les mises en garde de ce rageux d'Arthur, on passe à chaque fois deux super jours ensemble.
Bien sûr, je ne mentionne rien de tout ça à Lucyle. Ça lui ferait trop de peine pour rien, car c'est juste temporaire... Rien de bien sérieux. Mais voir Kenza m'occupe l'esprit, et ça me fait quand même plaisir de lui reparler. Surtout que fréquenter des gens que je n'apprécie pas spécialement au quotidien, en dehors d'Arthur, me fatigue. Au moins, Kenza me comprend et je sais que je peux lui parler librement, de ce que je veux — à part Lucyle.
Et puis c'est jamais désagréable d'avoir l'affection d'une fille. D'autant plus que l'on connait bien le corps de l'autre, donc le sexe est toujours parfait avec elle.
Pas comme avec cette meuf inconnue chopée à une soirée, sur les conseils d'Arthur. Ce dernier m'a assuré que j'avais simplement pas eu de chance d'être tombée sur une cinglée... Mais à mon avis, cette folle était juste beaucoup trop chaude pour moi, car j'étais déjà trop mal à l'aise pendant les préliminaires. Avant même qu'elle ne commence à me mordre et à me lacérer le dos avec ses ongles. Et quand elle m'a retourné pour me chevaucher et m'étrangler, tout en m'insultant de « vilain chien » et autre, j'avais juste envie de pleurer.
Après cette expérience traumatisante, j'en ai conclu que les coups d'un soir n'étaient pas faits pour moi. Au moins Kenza, elle, sait se montrer raisonnable dans ses délires. Elle sait aussi l'effet de son pyjama Winnie l'Ourson sur ma libido, bien que je ne lui ai jamais avoué.
Mais comme toute bonne chose à une fin, nous arrêtons de nous fréquenter au bout de deux mois. Sans surprise, notre relation se transformait en prises de tête interminables, dues à des excès de jalousie injustifiés et du manque de confiance. Faut croire qu'on est juste incapables d'être amis, encore moins avec des bénéfices.
VOUS LISEZ
Ce qu'ils méritent
Teen FictionEntre les cours, ses heures de colle, un meilleur ami envahissant, une copine parfaite et des sorties illimitées, Cléandre est un lycéen à la vie bien remplie. Ça ne l'empêche pas de parfois s'ennuyer et de traîner sur Internet, et des forums, où il...