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Une semaine après ma première visite de Vichy, j'y retourne pour terminer mon tour guidé. À l'occasion de notre deuxième rencontre, Lucyle, qui parle encore plus qu'avant, exprime son excitation et surtout sa crainte quant à ses débuts au lycée. Elle a peur de ne pas s'intégrer, d'encore tomber sur des « mongolitos » qui l'embêteraient, que la Seconde soit dure, même si elle a un bon niveau... Mais elle est quand même contente, car cela représente une chance de recommencer à zéro, avec une nouvelle classe...

— J'ai déjà préparé ma tenue pour la rentrée et le jour d'après, glousse-t-elle.

— Si tu sors la même robe que l'autre fois, tu risques juste de passer pour un clown.

— C'est pas sympa, j'avais fait un effort ! De toute façon, ça sera pas ça, ça sera un ensemble plus classe.

— Genre ?

— Un pantalon noir, avec un pull noir sur chemise blanche.

— On doit pas avoir la même définition de « classe ».

— Ben tu peux parler, toi, hein !

— Je m'habille bien quand je veux.

— Ça doit pas arriver souvent, alors. Tu vas porter quoi, toi, pour ta rentrée ?

— Ça.

— C'est important de faire bonne impression le premier jour, tu sais.

— Justement, c'est avec ça que je fais bonne impression. Les gens savent que mon jogging coute plus cher que l'ensemble de leur garde-robe.

Lucyle s'indigne et dit que je suis « vraiment trop bête », mais ça ne l'empêche pas d'encore marcher trop près de moi. Si bien, que j'arrive même à sentir son parfum, à l'odeur florale ultra classique. Nos mains se frôlent toutes les cinq secondes, mais à force, je n'y fais même plus attention.

Après avoir enfin visité l'Église Saint-Blaise et le parc des sources avec lesquels Lucyle n'a pas arrêté de me bassiner, j'ai officiellement terminé mon tour guidé de Vichy, ville pas ouf, mais pas dégueulasse non plus. Comme la première fois, nous terminons par un goûter quelque part en ville, avant que je ne raccompagne Lucyle près chez elle.

— Il faut que tu reviennes le week-end prochain, pour que je te raconte ma rentrée.

— Je vais pas revenir, juste pour ça. Au pire, on s'appelle.

— Ben, il faudra bien que tu reviennes un jour, quand même !

— Pour quoi faire ?

— Je sais pas... Y'a d'autres trucs à voir, dans les alentours...

— Je plaisante, tire pas cette tête, je repasserai.

— Comme le week-end prochain, par exemple ?

Je soupire, toujours par principe, avant d'accepter. En retour, j'obtiens un joli sourire d'acier avant que Lucyle ne pince ses lèvres. On se salue d'un signe de main. Elle marche vers l'entrée de son immeuble et je retourne à ma voiture garée sur une place handicapée pas trop loin.

Quand j'arrive à l'appart, une odeur de brulé m'accueille. Comme d'habitude, Arthur a juste laissé cramer une casserole sur le feu pendant trente minutes. Il a quand même réussi à sauver assez de pâtes pour notre diner, qu'il assaisonne de beurre, de sel et de Knakis coupées en rondelles.

— Alors, c'était bien avec Lulu ? Vous avez fait quoi ?

— On a vagabondé dans son bled tout mort, parlé, bu, mangé un truc et voilà.

Ce qu'ils méritentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant