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Lundi, de retour au lycée après deux jours passés à décuver, mes yeux sont témoins d'une scène qui me perturbe fortement de bon matin. Quand j'aperçois Arthur en train de rire avec d'autres gars devant la classe, je fonce vers lui, l'empoigne par le bras et l'entraine à l'écart.

— J'ai tous les nerfs, mec !

— Waouh, qu'est-ce qu'il se passe, bébé ?

— J'ai vu Kenza parler et rire avec l'autre connard de Timothée Angers !

Arthur explose de rire.

— LE Timothée ?

— C'est pas drôle, mec. Elle le sait en plus, que je le déteste, et que c'est un gros con !

— Et elle sait qu'il t'a cassé la gueule en Seconde ?

— Il m'a pas cassé la gueule, déjà... Il m'a juste amoché.

— Oui, il a pas eu le temps de faire plus, parce que je t'ai sauvé, fraté ! Parce que j'ai volé à ta rescousse !

— Peu importe...

— Même si Timothée aurait dû te mettre ce que tu méritais, bien comme il faut...

— Mais t'es sérieux, Arthur ?

— Ben ouais, fraté. Ça se fait pas d'insulter les gens de « gros porc prolétaire crasseux » juste parce qu'ils sont un peu en surpoids, qu'ils ont des boutons et qu'ils s'habillent chez Carrefour.

— Ça va... J'étais jeune et con, à l'époque.

— Tu l'es toujours, je te rassure.

— N'importe quoi...

— N'empêche que personne pouvait te blairer, et que c'est toujours le cas.

— Mais n'importe quoi !

— Bien sûr que si, Cléandre, personne t'apprécie plus que ça, dans la classe ! Et si t'avais été moche, les gens te regarderaient même pas. Même pas un « bonjour ».

— T'abuses.

— Pas du tout...

La prof d'économie-droit arrive et le troupeau se met en ligne pour rentrer dans la classe.

— Pourtant, on m'invite tout le temps aux soirées et ça me squatte toujours à la sortie du lycée, je poursuis une fois assis.

Arthur termine de fouiller son sac pour en sortir un stylo bleu et une feuille à carreaux toute froissée, avant de répondre :

— Les gens qui te parlent et t'invitent le font parce que t'es mon ami et parce que t'es le copain de Kenza... Enfin, étais. C'est tout.

— Bruno et Valentin sont mes potes...

— Ce sont plus des camarades de jeux mobiles qu'autre chose...

— Donc là, t'es juste en train de me dire que j'ai pas d'amis ?

— Ben, mec, faut pas s'étonner. Tu parles jamais à personne, t'es pas drôle, tu tires toujours la gueule, et tu pues l'arrogance.

— Je me suis calmé sur ça.

— C'est vrai que depuis que je suis entré dans ta vie, t'es devenu un peu plus aimable. Sauf que les gens se souviennent que du méchant merdeux que t'étais en Seconde. Même moi je te détestais... Je sais même pas pourquoi je t'ai défendu contre Angers... Surement que tu m'as fait pitié.

Ce qu'ils méritentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant