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Pour mon dernier jour de la semaine à Vichy, Lucyle a demandé à retourner là où nous avons passé la journée d'hier. Un parc naturel situé à une dizaine de kilomètres de la ville, plutôt sympa. Je me suis chargé de ramener des sandwichs triangles dégueulasses achetés à la supérette du coin et des boissons pour notre repas du midi. Comme la veille, j'attends Lucyle en bas de chez elle à 9 h 55, car attendre cinq minutes de plus semble hors de question. Je suis d'ailleurs étonné de ne pas déjà la retrouver en bas, impatiente qu'elle est.

Je laisse le moteur tourner et la radio en attendant, et sors mon portable pour mettre le GPS. À 10 h 10, toujours personne. Ce ne sont que dix minutes de retard, mais quand il s'agit de Caliméro, c'est bizarre. Je lui envoie un message pour savoir si elle est au moins réveillée, même si le contraire m'apparait impossible.

Je coupe finalement le moteur et patiente encore. Je tente par hasard un appel, sans succès.

Au bout de vingt minutes sans nouvelles, je comprends qu'il y a un problème et que Lucyle ne viendra pas. La connaissant, elle devrait être prête à partir depuis 8 h. Juste au cas où, je la rappelle, et pour la quatrième fois, je tombe directement sur sa messagerie.

Vraiment, je ne devrais peut-être pas me mettre dans un état pareil, mais je commence à avoir des bouffées de chaleur, les mains moites, et la poitrine compressée. Je sais qu'elle va bien et qu'elle est chez elle, car je l'ai moi-même raccompagnée hier et que je l'ai vu passer les portes de son immeuble. Ça devrait suffire à me rassurer, mais non.

Dans le doute, j'attends encore, plus parce que je ne sais pas trop quoi faire qu'autre chose. J'ai limite envie d'aller sonner à son interphone, mais réalise que je ne connais même pas son nom de famille.

Au bout d'une heure et demie d'attente, je me décide à démarrer la voiture et à rentrer.

Quand j'arrive à l'appart, Arthur végète dans le canapé devant l'ordi.

— Salut, fraté ! Ça va ? Je m'attendais pas à voir rentrer aussi tôt ! Pour ton information, j'ai invité une p'tite gonz' de la fac à la maison pour 15 h.

— Cool.

Sans m'arrêter, je trace dans ma chambre et ferme la porte derrière moi. Je sors les vêtements de mon sac à dos, les balance dans le panier à linge sale et m'affale dans mon lit. Par hasard, je jette un coup d'œil à mon téléphone, mais aucune notification n'est affichée à part un appel manqué de ma mère. Je me note dans un coin de la tête de la rappeler plus tard, attrape mon ordinateur et lance un film sur Netflix.

— Police, mains en l'air !

Dans un fracas épouvantable, la porte de ma chambre s'ouvre, cogne et rebondit contre le mur. Arthur déboule dans la pièce et se jette sur mon lit en mimant un flingue avec ses doigts pointés vers moi.

— Je vous arrête pour détournement de mineur !

— Putain, Arthur ! Casse-toi !

L'abruti reste mort de rire tandis que j'essaie de le dégager de mon lit à coups de pied dans les côtes.

— Oh, ça va, c'était marrant, non ?

Je grogne.

— C'était bien avec ma Lulu ? s'enquit-il en s'allongeant à côté de moi. T'as pas eu de souci avec les flics ?

— Ta gueule, putain.

— Déjà que t'as pas beaucoup d'humour, là, c'est encore pire que d'habitude.

Ce qu'ils méritentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant